samedi 23 septembre 2017

Un goût d'éternité 2e partie : Cécile : 1917 (3).



Nuit du 9 au 10 octobre 1917.

L’état de santé de Rodolphe von Möll avait encore empiré. Son esprit était victime d’hallucinations de plus en plus intenses tandis que tout son corps était secoué de spasmes d’une violence inouïe. L’infirmière de garde à son chevet ne parvenait pas à le soulager.
Retirée dans un coin de la chambre qui sentait la maladie et les médicaments, elle ne savait plus que faire.
Le vieillard croyait voir s’avancer vers lui le fantôme de son fils Waldemar alors que celui-ci était bien vivant. Mais il s’agissait d’un Waldemar nettement plus âgé, les cheveux grisonnants et les traits fatigués. Le fils cadet marchait d’un pas saccadé, mécanique alors que sa poitrine était transpercée par un poignard damasquiné. Du sang coulait avec abondance de son torse et jamais Waldemar n’avait été aussi pâle.
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Mais voilà qu’au visage du fils succédait celui du petit-fils. Maintenant, c’était Otto qui était devant les yeux exorbités de Rodolphe. Un Otto vieillissant, tel qu’il serait au mitan des années 1960, portant lunettes, des lunettes rondes, arborant une calvitie prononcée, bedonnant, vêtu d’un triste complet gris à coupe ajustée.
Dans le cauchemar du baron, le vieil Otto criait son désarroi et sa peur.
- L’automate ! C’est l’automate de della Chiesa l’assassin… 
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Puis, sans fondu-enchaîné succéda une autre scène tout aussi violente. Une église sombre, l’autel ensanglanté et profané par le meurtre. Un gentilhomme de nationalité napolitaine, au costume chamarré tel que l’on pouvait en porter au XVIIIe siècle, coiffé d’une perruque blanche avec des boucles, les faux cheveux 
noués en catogan, était en train d’agoniser sur l’autel de marbre désormais souillé. 

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Cependant, le mourant eut la force de tourner sa face livide en direction de Rodolphe et murmura dans un souffle :
- Le véritable coupable de cet acte, tu le connais… à la source de ce meurtre, il y a Johanna… instrument du temps, instrument de la vengeance de Johann, marionnette, une de plus du Commandeur Suprême…
Les hallucinations de Rodolphe ne connaissaient nulle frontière, elles franchissaient l’espace et le temps, elles transgressaient la logique, le cartésianisme et devenaient le seul aboutissement possible du cours de l’histoire.
Puis, ce fut le corps étique de Johanna reposant sur son catafalque. Derrière le cercueil, un moine pleurait. Bien étrange moine en vérité… un instant, sa capuche glissa et Johann van der Zelden se révéla dans toute sa beauté néfaste, ses yeux bleus enténébrés de nuit. 
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Rodolphe n’en pouvait mais. Devant cette vision d’outre-tombe, d’outre-mondes, il marmonna :
- La mort. C’est la mort même que je contemple…
Derrière l’image flottante de l’Ennemi, des cercles s’effaçaient, se réduisaient, revenaient, des hurlements retentissaient dans le néant, des cubes rouges de sang explosaient.
- Des sphères noires en suspension dans le vide, poursuivait le baron, qui engloutissent, qui dévorent la souffrance humaine. Et par-dessus cela, cette vision cauchemardesque, rien, des écharpes de néant… qui avalent tout… tout ce qui peut exister, qui doit exister… qui se goinfrent des réalités potentielles… Anti mondes, ante-mondes… anti vie, ante vies… mais où est-il ce dieu du Néant, de la Mort ? comment puis-je le voir, le conceptualiser, le penser ?
Le temps recommence sa ronde folle dans laquelle Johann et Michaël n’ont de cesse que de s’unir et de se désunir… ils se haïssent, forces contraires, opposées, ennemies, antagonistes, mais elles sont pourtant obligées de se fondre encore et encore… de revenir dans ce maelström alors qu’elles ne souhaitent qu’être séparées à jamais. Lorsque l’union survient, une fleur sanglante témoigne de leurs souffrances partagées et pourtant autre. Le phénomène en train de s’accomplir sème les cadavres dans l’Univers, sur la Terre tandis qu’un drapeau maudit claque sans qu’il n’y ait pourtant de vent. Une bannière rouge, blanche et noire… de funeste mémoire… la guerre, la guerre indéfiniment… elle est le fruit de leur union contre nature…
Bourrasques, tempêtes, cieux en furie, orages grondants, tourbillons en folie qui grondent et sifflent aux oreilles de cette humanité prise en otage. Au milieu, tel un symbole, se tient un homme, en équilibre sur le fil des deux contraires… Franz, à la fois enfant de la vie et de la mort, fils de la raison et de la démence, rejeton de l’amour et de la haine, de ce qui est et n’est pas, tout à la fois, concomitant… en toi, tu portes et exprimes toute la malédiction de tes frères humains, mais jamais tu ne te soumets… tu résumes et incarnes Johann et Michaël, Stephen et Giacomo, Otto et Johanna, Waldemar et Wilhelm, Archibald et Dietrich, Antonio et Antoine, Vincenzo et Antonimus, mais aussi, moi, Rodolphe et S1 ou S3… ou les deux, Gregory et la sphère noire, tandis que reviennent toujours Johann et Michaël…
Dans cette danse de mort, tout chavire et bascule en une fin jamais survenue… ciel de feu, de pourpre sanglante. La Terre, sous les doigts d’une divinité fantasque, n’est qu’une glaise informe en train d’être modelée et remodelée… afin que surgisse enfin l’homme de demain, ou d’après-demain… de la boue est né Michaël… Dieu prit un peu de boue et façonna l’homme à son image… mais Michaël n’est pas Adam…
Voilà que surgit un autre cube aux couleurs de ténèbres, d’un noir éteint, d’un noir mat, d’un anthracite absolu… mais aussitôt, à peine là, une sphère se substitue à lui, un globe qui contient tout le Multivers… or, la boue immonde fond, devient flaque, bouillon de culture, se transcende en lumière, et de ce rien, dégoûtant, jaillit l’énergie du cosmos. Dans cette gangue, l’Homo Spiritus, plein de promesses, début et aboutissement, commencement et fin…
Tout se renverse… encore… un miroir qui déforme, qui transforme, qui ment… 
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tromperie… désespérance… mais peut Lui importe… noir est blanc, blanc est noir… vie et mort, mort et vie, confondues, alternant, à la fois, ensemble, liées…
En équilibre sur le fil de la raison, sur ce qui sera, sur ce qui doit être, sur ce qui fut, l’enfant joue, danse, saute, s’amuse, rit, ricane, Arlequin, Pierrot qui égrène la semence de la vie, qui expulse la graine de la mort, qui compose avec elle parce qu’il le faut, qui génère l’atome, une fois, une nouvelle fois, qui recommence, qui efface, qui bâtit le monde, tous les mondes, qui effeuille le néant, l’amadoue et le plie à sa volonté…
Johann, fus-tu le premier domino mais aussi l’ultime ? l’éclair d’ébène qui déchire le ciel tout en voulant forger d’autres Univers ? Sur la corde de ton orgueil, tu esquisses un menuet exquis annonciateur de malheur pour les marionnettes humaines… inévitable sera la chute… T’y es-tu préparé ? De ta fin naît Michaël, le gardien de la vie, son protecteur, et de Michaël naît Stephen. La ronde reprend… de Stephen naît une fois encore Michaël… un Petrouchka, mais vêtu de blanc,
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 un Pinocchio qui ment, se ment, mais qui désire tant être sincère… un poète défiguré et aveugle, un albatros enivré par les senteurs iodées du vaste océan des possibilités, de la tapisserie prête à être tissée… ses ailes de géant l’empêchent de marcher… est-ce bien le cas ? me le diras-tu, toi qui te dissimules derrière des faux-semblants ?
Il est temps, plus que temps pour toi, pour moi, de se noyer dans une onde couleur de feu, dans un incendie qui ravage et rase tout. Afin de rejoindre l’infini, la trame des potentiels, du réel et de l’imaginé, le rien, le tout, la Création et l’A-création…
Avalé par ces spires, je m’enfonce dans le puits noir, dans le vide absolu où, pourtant, subsiste quelque chose d’effrayant, de terrible… ai-je jamais eu le choix ? m’as-tu laissé le choix, démon et Dieu à la fois ?
Epuisé, Rodolphe se tut. Son front blême suait de gouttes malsaines.
Une silhouette furtive s’introduisit dans la chambre du malade. Elle s’aperçut que l’infirmière somnolait sur une chaise. L’inconnu tenait à la main une minuscule fiole ainsi qu’un verre d’eau. S’approchant du lit du moribond, l’homme versa quelques gouttes du mystérieux liquide dans le verre et en humecta ensuite les lèvres du baron.
Mais tandis que l’inconnu accomplissait cette tâche, une forme féminine et juvénile pénétra elle aussi dans la pièce. Identifiant le médecin, elle s’exclama :
- Monsieur Bauer, que faites-vous ? Pourquoi tant de secret ? 
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- Mademoiselle Johanna, vous n’avez rien à faire ici. Je sais ce qu’il faut au baron von Möll pour le soulager. Si je n’interviens pas, votre grand-père mettra de longs jours à succomber. Sa maladie est irréversible. Je n’accomplis là qu’un acte de charité. Tout espoir est vain, vous savez…
- Mais…
- Il n’y a pas de mais… vous n’avez rien vu, rien entendu… compris ? Repartez donc vous coucher…
- Oui, docteur…
En tremblant, Johanna obéit à l’étrange médecin et se retira. Deux heures du matin sonnaient à la pendulette posée sur la cheminée.
Son méfait accompli, Johann disparut dans la nuit alors que la garde-malade poussait un soupir et sortait de sa somnolence.
Vers neuf heures, Rodolphe von Möll semblait aller mieux. Il avait recouvré un peu de lucidité.
Une fois encore au chevet de son grand-père, Johanna se rassura en constatant cette amélioration passagère. Un sourire timide aux lèvres, elle souhaita le bonjour à son aïeul.
- Comment allez-vous ce matin ? Questionna-t-elle.
- Je ne sais pas… je crois avoir beaucoup parlé la nuit dernière, Johanna…
- Nous n’avons rien entendu, grand-père…
- Tant mieux… j’ai dû dire des sottises. Comme c’est gentil de ta part de me rendre ainsi visite. Mais je ne suis pas beau à voir, non ?
- Oh ! Grand-père, moi, je vous aime encore, malgré tout… vous avez toujours été si bon pour moi… je ne suis pas comme père. Je ne lui ressemble pas. Il refuse de venir à votre chevet vous apporter vos médicaments… Il n’attend que…
- Chut… Johanna… ne sois pas méchante…
Mais le vieux Rodolphe retomba bientôt dans l’inconscience… le coma succéda à ce sommeil. Le poison, administré par l’Ennemi, agissait, lentement mais sûrement, tout à fait indétectable pour la science de l’époque.
A deux heures de l’après-midi, le coma était devenu irréversible et un prêtre fut mandé en catastrophe par Gerta et Waldemar. L’extrême-onction fut administrée à Rodolphe alors qu’il était plus proche du cadavre que du vif.
Johanna, cédant au chagrin, ne cessait pas de sangloter. Alors que Wilhelm tentait de la renvoyer dans sa chambre, l’adolescente refusa.
- C’est pour ton bien, ma fille.
- Non ! Je veux rester ici, près de grand-père…
- J’ignorais que tu éprouvais autant d’affection pour ce vieux fou, Johanna…
- Ne soyez pas si cruel…
Dans la nuit du 10 au 11 octobre 1917, Rodolphe von Möll fut officiellement déclaré mort par le médecin devant Gerta accablée et Wilhelm dissimulant son soulagement. Quant à Waldemar, le visage entre ses mains, il poussait des soupirs, ne parvenant pas à faire taire sa peine.
Le 13 octobre, Rodolphe von Möll fut enterré avec toute la pompe exigée en ce temps-là. Les femmes ne suivirent pas le cortège car, à l’époque, c’était fort mal vu. 
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Grâce à sa tromperie, Wilhelm von Möll se retrouva à la tête de la fortune de son père alors que Gerta ne pouvait rien objecter. Dégoûté, Waldemar choisit de partir du château avec son fils Otto.
Tous deux, malgré le conflit qui ne cessait pas, allaient réussir à passer en Angleterre après une longue odyssée. Tout d’abord, ils atterrirent dans un port hollandais. Ensuite, ils durent attendre des semaines avant de pouvoir monter à bord d’un cargo qui transportait du coke en direction de l’Irlande. Enfin, par un matin glacial de janvier, ils finirent par toucher le sol britannique, en Ecosse.
 Pendant ce temps, la grande Histoire poursuivait son cours.
La Révolution d’Octobre avait lieu en Russie et Lénine se retrouvait au pouvoir en tant que Commissaire du Peuple tandis qu’en France, Clemenceau devenait Président du Conseil des ministres. Une seule mission l’attendait, gagner la guerre…
Après l’arrivée des Bolcheviks en Russie, une suspension d’armes était signée entre les Allemands et les Russes à Brest-Litovsk, le 15 décembre 1917. 
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13 Mai 1981, quelque part dans la banlieue romaine.
Logeant dans une villa richement meublée, un cardinal appartenant à la Curie entrait en communication avec un individu répondant à l’appellation de maître du temps. 
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- Maître, disait le prélat avec le plus grand respect, les Bulgares ont échoué. Le pape est en vie. Or, nous ne pouvons renouveler notre coup car, à l’hôpital, il est trop bien gardé. Il nous sera donc fort difficile d’achever ce que nous venons de faire.
- Je sais déjà tout cela, vos problèmes, vos craintes, cardinal Piggi, ironisa le maître du temps. Pour l’instant, ne tentez rien de plus. Rassurez-vous. Les services secrets et la police ne pourront pas remonter jusqu’à vous. Au mieux, durant les prochaines années, le procureur chargé de l’enquête croira à la culpabilité des Bulgares et donc des Soviétiques. 
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- Oui, je vois ça. Mais le terroriste est d’origine turque…
- Manipulé habilement, je vous le rappelle. Dois-je vous rappeler que le danger ne vient pas de vos contemporains mais des agents temporels à même de vous démasquer ? Ils sont pires que les dix plaies d’Egypte. Le Commandeur Suprême m’a chargé d’éliminer quelques exemplaires officiant dans ce segment du temps… des Michaël qui prennent un peu trop de liberté et qui outrepassent les ordres des Douze S. or, depuis que je me suis attelé à cette tâche, mon tableau de chasse est assez bien fourni. Grâce à nos alliés occultes, les initiés de Worms, des centaines d’agents temporels se retrouvent traqués désormais.
- Je vois le tableau.
- Au fait, cardinal… il se peut fort bien que vous ayez vous aussi à détruire l’un de ces MX…
- Ce serait gratifiant…
- Oui, tout à fait. Mais je suis obligé d’interrompre là ma communication, S5 venant me contrôler…
Désormais seul dans le salon, le cardinal Piggi éprouvait plus que jamais une sorte de pincement au cœur. La mission que lui avait annoncée le troisième maître du temps n’était qu’un leurre, il en était quasi certain. N’avait-il pas lamentablement échoué dans sa précédente tâche ? Sa disparition n’était plus qu’une question de jours, d’heures même.
Qui était donc ce troisième maître du temps ? Pourquoi trahissait-il les Douze Sages au profit du Commandeur Suprême ? Quels bénéfices pouvait-il donc en tirer ? Quant aux initiés de Worms, cette secte secrète, leur existence remontait aux Carolingiens. Ils avaient un pendant, les initiés de Lhassa. 
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9 Juillet 1993.

La situation internationale était plus que jamais explosive. Gregory Williamson venait de prendre la grave décision de mettre en alerte maximale les forces de l’OTAN. Cela puait la guerre nucléaire toute proche. Il suffisait d’un rien, d’une petite allumette craquée inopportunément pour que la Terre tout entière s’embrasât.
Or notre général en chef des forces occidentales, véritable boutefeu, dans un message radiotélévisé, menaçait de représailles les groupes terroristes palestiniens. Il poursuivait son discours sur le mode martial en disant que les Etats-Unis étaient prêts à nettoyer tout le Moyen-Orient de la racaille.
Au Kremlin, Diubinov en avalait sa cigarette. Il lui fallait répliquer sinon il n’allait pas tarder à être désavoué par son clan. 
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