samedi 14 mai 2011

Mexafrica 4e partie : Mexica mfecane chapitre 30 partie 1.

Chapitre 30

De retour en 2148, le Commandeur Suprême décida d’avantager définitivement son poulain Fouchine. Pour cela, il l’investit d’une partie de sa force et de sa fluidité, mais il créa également un leurre destiné à retarder Daniel Wu et son équipe. Ceux-ci devaient croire être parvenus au sommet de la pyramide alors qu’en réalité, il leur resterait plusieurs niveaux à gravir! Ainsi, au lieu de s’introduire dans le dôme du pyramidion - dôme qui devait s’ouvrir au zénith du soleil - ce qui facilitait la tâche des paras de Amsq, zénith qui correspondait au summum de la cérémonie funèbre en honneur de Koulibalyatlotl, à l’entrée de son Bâ dans les champs d’Ialou,

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le commandant Wu et ses amis traverseraient la muraille elle-même et se retrouveraient prisonniers au cœur du labyrinthe de la nécropole aux momies royales, celle des grands prêtres reposant dans les étages inférieurs, moins proches donc du dieu suprême que les souverains. Il fallait aussi, qu’une fois à l’intérieur, ils perdissent du temps afin de laisser leurs nombreux adversaires les précéder dans la chambre au Trésor et ainsi, les Nazis, les ultralibéraux et autres s’entretueraient! Une bonne petite distorsion temporelle, voilà ce qui réjouissait le Commandeur Suprême! Connaissant les schémas mentaux des tempsnautes, il lui fut facile d’adapter les leurres aux paramètres de chacun d’entre eux.

Tatiana dormant paisiblement à bord de l’Einstein sous la garde vigilante de l’IA et celle moins attentive de Ufo gavé de poisson frais, Violetta ayant refusé de jouer une fois encore la nounou, l’équipe du commandant Wu, au grand complet, était parée pour l’ascension intrusive du lieu sacré. La lune, en son dernier quartier et non gibbeuse, n’éclairait guère la pyramide d’Ogo, ce qui, à priori, devait aider nos amis alpinistes. Tous étaient vêtus de combinaisons confortables, et ils avaient pris soin de passer des cagoules qui, outre le fait qu’elles dissimulaient les traits, fabriquaient de l’oxygène en suffisance; ils n’avaient pas non plus oublié de se munir de chaussures spéciales à semelles souples et adhérentes à la fois, un peu comme des ventouses, mais sur commande, de piolets en graphène et titane, et de cordes holographiques capables de treuiller vingt tonnes au minimum!

Comme escompté, les gardes du tombeau sacré dormaient, cuvaient leur vin de palme, ou jouaient à l’awalé, n’effectuant que des rondes sporadiques et sommaires tout en rêvassant au grandiose cérémonial qui ne devait débuter qu’à l’aube.

Protégés par leurs ceintures anti G, légèrement déphasés par rapport au spectre lumineux et ce grâce à leur combinaison peau intelligente, tous les membres de l’équipe gravissaient sans difficulté le flanc ouest de la pyramide d’Ogo. Sun Wu lui-même n’en revenait pas, s’émerveillant de son agilité soudaine!

Toutefois, le psychisme des alpinistes s’altérait insidieusement, influencé par des psycho images indétectables mises en place par le Commandeur Suprême. Cependant, inexplicablement, Tony Hillerman éprouvait un léger malaise qui allait en s’accentuant au fil des secondes. Il s’étonnait car, habituellement, il était plutôt un bon grimpeur, nullement affecté par une malformation de l’oreille interne.

Stankin, quant à lui, fut surpris de voir sur le flanc des niches creusées contenant des sphères parfaites, totalement occultées, sphères qui, au fur et à mesure que l’on approchait du sommet, se grillageaient en un réticulé de plus en plus lâche, révélant ainsi leur structure interne renfermant une statue du dieu Renard, mais un dieu Renard plus bouddhique qu’africain, assis, polychrome, revêtu d’une robe monastique rouge, la main de paix levée en signe d’accueil, ayant conservé sa tête de goupil, chef présentant toutefois un troisième œil.

Le piège du Commandeur Suprême fonctionnait avec une pointe de subtilité car chacune de ses victimes était influencée imperceptiblement par le psychisme de son voisin immédiat. L’Entité appliquait Jung et profitait du fait que Daniel Wu n’avait pas encore basculé en mode ordinateur, chose surprenante de sa part vu qu’il avait la propension à le faire régulièrement, voire trop souvent au goût d’Irina.

Quelque peu troublé par ce qu’il voyait, l’Hellados prit la parole.

- Ami Daniel, un doute envahit mon esprit. J’ai l’impression de me mouvoir présentement au sein d’un univers alternatif qui vient juste de chavirer, non plus soumis à l’influence de l’Afrique, mais bien par l’Asie et le bouddhisme!

- Rassurez-vous, lui répondit Daniel Lin. Je vois la même chose que vous. Mais qu’en est-il de nos compagnons?

Hillerman s’empressa de renseigner le commandant, coupant l’élan de l’ambassadeur Fermat.

- Les plans de la pyramide temple ne révélaient rien sur ce parcours initiatique ascensionnel! Cependant, je vous avoue que moi aussi je perçois des éléments d’un tantrisme abouti à l’intérieur des sphères. Le tout forme un syncrétisme intéressant, ma foi! Je suis fasciné! La divinité ainsi dévoilée affiche un visage composite où s’associent les Veda, l’Avesta de Zarathoustra, le Livre tibétain des Morts, la cosmogonie des Dogons ainsi que les codex mayas traditionnels!

- Pas du tout! Lança Irina fermement. Moi, je vois les sphères contenir les icônes de saint Basile, saint Vladimir, Marie et Joseph, sans parler de la Sainte Face!

Au fond de son hôte actuel, caché dans les profondeurs des replis de sa conscience, Michaël bouillait d’une colère contenue et légitime.

« Ah! Touts sont tombés dans le piège imparable du Commandeur Suprême! Il me suffirait d’un souffle pour abattre ce leurre! Mais je donnerais alors l’éveil! Je ne puis venir à bout de la sphère noire qu’en usant de ruse comme elle! ».

À son tour, Antor expliquait ce qu’il percevait.

- Je vois le démon Haän, Syclaar, éventrant ceux qui ont failli, les mauvais guerriers, les lâches sans honneur!

De son côté, Sun Wu marmottait.

- Zoël Amsq semble posséder un tracé de nos psychismes! Moi, j’aperçois dans les sphères la révélation du tout premier empereur mythique. Mais en lui, se mélangent les traits de Chin Wuang Di, le despote sanguinaire, l’Unificateur de l’Empire du Milieu qui ordonna la destruction des livres. Outrage au savoir qui aurait dû être puni aussitôt par les dieux courroucés!

- Là, maintenant, reprit Daniel Lin, le Bouddha se métamorphose en Lang Darma! Qui œuvra à la destruction du Grand Véhicule et perdit l’Empire tibétain.

Uruhu grogna dans sa langue presque oubliée:

- Minga! Broorh! Bakou Gaar! Le dieu mi mammouth mi ours est présentement avalé par le tigre à dents de sabre et… oui! Nous sommes arrivés! Je distingue le dôme! Enfin! Sa transparence nous dévoile la salle du trésor. En son centre, il y a l’autoportrait de Pi’Ou, la face sacrée qui m’appelle!

Totalement subjugué, le K’Tou tendit alors le bras. Il passa ainsi sans coup férir à travers la matière au grand dam de Daniel qui lui criait, trop tard, un ordre de repli. La situation s’aggrava. Ignorant l’avertissement de son oncle, croyant voir des flammes, les sentant même tout autour d’elle, Violetta respira un grand coup et traversa les langues de feu qui la léchaient déjà! Une fois de l’autre côté, l’adolescente soupira de soulagement en constatant qu’elle ne souffrait d’aucune brûlure.

Mais comme télécommandés, à leur tour, Ivan et Geoffroy s’empressèrent d’imiter la métamorphe. Le jeune comte eut le sentiment de se fondre à l’intérieur d’une imposante statue de Charlemagne à l’estoc vaillamment brandie. Ivan, lui, fut persuadé pénétrer dans la pyramide par un vitrail animé qui l’absorbait!

Daniel comprit enfin de qui émanait toute cette fantasmagorie. Mais il ne pouvait y remédier car il était passé en mode ordinateur au grand soulagement de l’Agent Terminal. Mais, déjà, André avait franchi la muraille tandis qu’Antor s’apprêtait à faire de même.

- Ami Antor, souffla doucement Stankin, je vous en prie, n’entrez pas! Mon esprit résiste aux sirènes insidieuses. Vous le pouvez vous aussi… ce que vous voyez, ce que je crois exister, tout cela est faux… Nous n’avons pas encore atteint le sommet, loin de là. Le démon Kerruyn nous influence.

- Le Commandeur Suprême, jeta le commandant Wu d’une voix sans timbre.

- Et Stadull lui-même ne parvint pas à le vaincre, poursuivit l’Hellados.

Malgré le cri mental de détresse de son ami, Antor s’obstina.

- Je dois y aller! Tel est mon karma!

Le vampire entra, entraînant ainsi le reste de l’équipe de Daniel Lin. Une fois à l’intérieur cependant, il dut se rendre à l’évidence. Ce n’était pas le sommet du pyramidion. Il avait été trompé.

- J’aurais dû t’écouter, mon frère! Et vous aussi, Stankin! Je fais une sacrée tête de linotte…

- Mmm… Tout n’est pas perdu, dit le daryl androïde. Nous pouvons encore parvenir jusqu’au sommet en usant de la logique…

À noter que Tony Hillerman avait été le dernier à franchir, comme à contrecœur, la muraille.

***************

Nos héros se retrouvaient à l’intérieur d’un réduit enténébré. Immédiatement, ils eurent le réflexe d’activer leurs minis torches incorporées à leur combinaison même. Un décor plus que sinistre se dévoila à leurs yeux intrigués et curieux à la fois.

À la suite d’un étroit boyau, une salle longue de cinquante-deux mètres s’étendait, avec, sur ses murs, des fresques sanglantes peintes dans un style qui évoquait tout à la fois les Mayas et les peintures rupestres du Tassili!

Elles contaient sous forme imagée non édulcorée la conquête du Mexique par Ogo et Abou Bakari sous son nom pharaonique dans cette chrono ligne déviée. La réduction en esclavage des Mexica et des Toltèques, les nombreux sacrifices humains, ici, tout était évoqué sans pudeur, mélangeant le réalisme le plus cru et la stylisation symbolique propre aux arts africains.

La salle se prolongeait en un fouillis de dédales, de bifurcations, de couloirs et d’escaliers enchevêtrés, escaliers dont la plupart ne débouchaient que sur la pierre dure ou encore sur des fosses apparemment sans fond.

Hillerman, avec un sang-froid digne du grand professionnel qu’il était, prit la parole pour fournir les explications nécessaires.

- Nous ne sommes pas au sommet du bâtiment, ce que vous savez déjà, mais à trente mètres en-dessous, dans le labyrinthe initiatique du neuvième niveau, celui réservé aux prêtres possédant dix ans d’ancienneté mais n’ayant pas encore accès au Saint des Saints. À l’issue de ce labyrinthe, s’étendent les salles funéraires des Grands Prêtres et de la famille du Moro Naba, puis il y a encore trois autres labyrinthes avant notre destination finale.

- Euh… cela va faire long, non? S’inquiéta Irina, soucieuse.

Toujours aussi détaché et serein, l’historien répondit:

- Peut-être pas si nous ne sommes pas distraits et si nous restons unis. Cela aurait pu être pire! Nous aurions pu nous retrouver à la base de la pyramide, voire au dernier sous-sol de celle-ci! Le bâtiment, je vous le rappelle, en compte cinq! Dans ce cas, nous aurions dû parcourir la totalité des douze niveaux initiatiques des labyrinthes. Naturellement, tous sont truffés de pièges divers.

- Je vois, fit Daniel Wu. Comme chez Mithra avec, par exemple, le grade du corbeau.

- Tout à fait. Chaque degré d’initiation est symbolisé par un animal. Ici, nous avons, du plus vil au plus noble: au premier niveau, le moustique. Au deuxième, le scorpion; au troisième, le rat. Viennent ensuite le corbeau, le singe à queue, l’ara, le Kikomba Kakundakari, l’aigle, le caïman,…

- Le nôtre, si je ne me trompe pas, l’interrompit Violetta.

- … le jaguar, le serpent à plumes, et, enfin, évidemment, le renard blanc!

- Ah! Lança Fermat. Voilà pourquoi ici, au niveau neuf, le labyrinthe présente tant de peintures du dieu crocodile!

- Donc, toutes ces dépouilles plus ou moins momifiées sont des caïmans ou des alligators, murmura Geoffroy tout en avançant, la mine légèrement dégoûtée à causes des remugles de chairs pas si bien conservées.

- Oui, et là, ce sont des gavials originaires de l’Inde! Compléta Ivan.

Après cinq minutes de progression parmi les effluves malodorants, Violetta s’écria:

- J’en ai assez! C’est intolérable! Ça pue comme pas possible!

- Tu as raison, ma grande! Approuva le blond adolescent. Ça schlingue! Mais tu devrais y être habituée après toutes tes mésaventures!

- Mettez vos masques si vous êtes gênés, commanda Daniel.

Le groupe traversait maintenant une galerie étroite, voussée, où étaient suspendues des momies de crocodiles plus ou moins bien bandelettées. Ainsi, de la voûte, se détachaient à la fois des particules décomposées des bêtes sacrées et des écaillures de peintures de la fresque représentant le sacrifice du dieu caïman mais aussi ceux d’adolescents jetés vivants dans la gueule du saurien géant, fresque comportant de nombreux détails hyperréalistes!

Heureusement que les combinaisons peau étaient légèrement répulsives. Stankin, tout en suivant la petite troupe, ne pouvait parfois s’empêcher d’étudier de près quelques représentations, sa curiosité éveillée.

- Fascinant! Cette peinture semble évoquer le Sarcosuchus de votre préhistoire!

- Hâtons-nous plutôt! Conseilla Daniel froidement. L’air devient méphitique et les écaillures sont empoisonnées. Nos masques nous protègent, certes, mais pas suffisamment à mon goût.

Même si le daryl androïde pouvait lutter avec succès contre n’importe quel poison et son organisme l’assimiler, confère sa mésaventure avec Sun Wu dans une précédente chrono ligne, ses amis étaient dépourvus du même talent!

Or, comme pour confirmer les craintes du commandant Wu, la troupe vit sur le sol des dépouilles desséchées, des squelettes de prêtres ou de pillards qui avaient échoué en ce lieu, des religieux dont le courage et la détermination avaient flanché.

Tous se mirent à courir, évitant d’extrême justesse de s’égarer dans les nouveaux corridors.

Soudain, sans explication, Daniel Lin stoppa net! Devant lui se dressait un portail gardé par ce qu’on pouvait prendre au premier abord pour des nains encéphalocèles ou des chevaliers jaguars. Aucun doute! Le daryl androïde était parvenu devant l’entrée des tombes des princes et des hauts dignitaires de l’Empire. En fait, les gardes si effrayants n’étaient que des morts empaillés et il y avait parmi eux des dépouilles humaines pas toujours atteintes de nanisme congénital.

Irina, le cœur au bord des lèvres, tout en se rapprochant de son mari, articula lentement:

- Horreur! Ces corps humains ont été réduits selon la technique employée par les Achuars après le sacrifice! Je ne me trompe pas!

Cependant, Daniel, Antor et Stankin percevaient un bruit infime provoqué par l’écoulement régulier et insidieux du sable le long de la paroi gauche du corridor. Le frottement imperceptible fut suivi d’un léger craquement, annonciateur d’un danger imminent.

- Courez le plus vite possible droit devant vous! Ordonna le daryl androïde.

L’équipe lui obéit aussitôt il était plus que temps! Deux blocs latéraux et une énorme dalle du plafond étaient en train de basculer, bloquant ainsi le passage aussi bien à l’avant du groupe que derrière lui, le menaçant d’écrasement! Ce phénomène s’accompagnait de la descente d’une herse particulièrement dangereuse, aux pointes métalliques acérées et enduites d’un poison parmi les plus imparables. Des sucs étranges et odoriférants gouttaient des multiples piquants constituant le haut des barreaux. Tandis que les tempsnautes passaient d’un cheveu dans les caveaux, ils reconnurent les restes d’atroces bouillies de momies de caïmans et d’initiés qui, visiblement, avaient raté l’insurmontable épreuve. Ces corps décomposés et déchiquetés maculaient les gravats des blocs qui, désormais, bouchaient les issues. Toute retraite coupée, il n’y avait d’autre choix que d’aller de l’avant!

Sur le portail du nouveau niveau, avant même les sarcophages parfaitement alignés du dédale, là où débutait théoriquement l’ère du jaguar, s’il fallait en croire la tenue des gardes empaillés qui finissaient en un broiement sinistre, répandant leur morbide contenu, Violetta s’étonna de voir qu’il restait un glyphe à l’effigie du dieu crocodile.

- Ah! Ça! Fit-elle, jouant le sarcasme et l’autodérision. J’aurais dû comprendre depuis belle lurette que le passage était farci de passages secrets! Peut-être que cette moulure commande l’accès d’un raccourci!

Impulsivement, l’adolescente risque-tout enfonça le glyphe! Ni Daniel ni Antor n’eurent le temps d’empêcher son geste inconsidéré. Incorrigible métamorphe!

Il y eut un bruit distinct et caractéristique de poulies, de crécelles, bref celui d’une lourde et puissante mécanique se mettant en route après un temps de non activation indéterminé mais certainement séculaire!

- Il serait judicieux de poursuivre, non? Hasarda Geoffroy quelque peu pâle.

- Tout cela me rappelle les pièges inquisitoriaux de la série Pardaillan! Jeta Ivan avec un humour forcé.

- Bref, cela n’augure rien de bon! Reprit le jeune comte qui n’avouerait jamais sa peur.

Tandis que le groupe s’avançait avec suspicion, de plusieurs niches émergèrent des automates de guerriers à tête de caïman, évoquant ainsi le dieu crocodile égyptien. Mais beaucoup de ces chefs rapportés ressemblaient vaguement au valeureux et fier Kiku U Tu!

Décidément insouciante, l’adolescente lança avec un enjouement naturel:

- Super! Des émules ou des épigones du chef de la sécurité! Il commençait à me manquer! Pas à vous? Une holosimulation grandeur nature! Un jeu de rôles pour de vrai! C’est le pied!

- Ne vous souciez pas d’eux et courez! Cria Antor. Ils sont armés! Nous allons vous protéger, Daniel Fermat, Stankin et moi!

- Monsieur, commença Hillerman.

- Obéissez, lieutenant! Ordonna le daryl androïde. Si nous échouons, vous seul connaissez le chemin pour parvenir au pyramidion!

Maintenant, chaque automate brandissait une lance laser. Les descendants de Sobek fonctionnaient parfaitement même s’ils paraissaient un peu lents aux yeux de Daniel Lin.

Avec un bel ensemble, les automates projetèrent leurs armes qui avaient la particularité de tout découper sur leur passage! Pour échapper à cette pluie tranchante, se saisissant d’une corde, Daniel et ses compagnons, ultrarapides, agirent tel Zorro avec son fouet. Ils stoppèrent la plupart des projectiles mais certains parvinrent toutefois à sectionner le lasso constitué de nanites! Mais les lames laser, déviées, heurtèrent alors les murs en pierre de taille qu’elles entamèrent.

Cependant, la corde spéciale se reconstitua presque instantanément et vint sagement s’enrouler dans sa besace! Les automates, peu capables de conduire plusieurs actions, ayant effectué leur tâche, rejoignirent leurs niches.

L’équipe des tempsnautes, Sun Wu compris qui ne montrait aucun signe de fatigue, emprunta ensuite un escalier durant une dizaine de minutes environ. Ce ne fut pas une escalade facile car, aux instants les plus inadéquats, les marches se dérobaient et, il fallait éviter la chute au tréfonds de fosses peuplées de prédateurs affamés!

Les murs qui encadraient l’escalier ô combien dangereux, étaient entourés de sarcophages de prêtres, lovés à même des niches en forme de mandorle ou encore encastrés au plafond. Parfois, l’escalier se transformait en toboggan et là personne ne regrettait d’avoir emporté sa ceinture anti G! Il suffisait juste, pour s’en sortir de posséder de sacrés bons réflexes!

Le vieux Sun Wu suivait sans peur, manifestant son émerveillement devant ses talents subits et sa souplesse. Mais les secondes s’ajoutaient aux secondes et paraissaient interminables à Michaël, toujours dissimulé à l’intérieur de son hôte involontaire. Seul l’Agent Terminal percevait les modifications subies par le temps ambiant de ce niveau de la pyramide.

- Ah! Par tous les S! Le Commandeur Suprême a ralenti le Temps! Il n’y a que moi qui en ai conscience! Il me faut le contrer sans être détecté… tâche quasi impossible…

Cependant, par touches infimes, Michaël tenta d’annuler l’emprisonnement du tissu temporel distendu. Ses contre mesures s’avérèrent partiellement efficaces à cause des multiples précautions prises.

Mais reprenons la description de l’escalier. Des sarcophages encastrés dans le plafond, des bras bandelettés de prêtres portant un masque d’or figurant le renard blanc, sortaient inopinément, jaillissaient incongrûment au-dessus de nos amis, leurs doigts ornés de dés en or, jade et orichalque. Ainsi, les membres décharnés et hideux, mus par une sorte d’instinct maléfique, paraissaient vouloir s’agripper à nos héros et remuaient par à-coup poussés par une haine irraisonnée.

Certaines momies à la mode du Fayoum présentaient des cartonnages réticulés, tissés en diagonales croisées et portaient sur leurs faces des portraits peints aux traits des défunts.

Ces observations fort intéressantes pour des archéologues avertis disposant de tout leur temps, n’empêchèrent pas l’équipe de Daniel Lin de déboucher enfin dans les tombeaux princiers, lesquels formaient une sorte d’entresol, un niveau intermédiaire en quelque sorte précédant le dixième labyrinthe, celui où le jaguar régnait en maître.

Dans ce lieu, tous les Moro Naba successifs, leurs fils et leurs filles morts avant d’accéder au trône, mais aussi les épouses et les concubines de haut rang, les cousins, les neveux, les nièces, les oncles et les tantes y étaient embaumés avec un soin tout particulier. Des myriades de dalmatiques et de chlamydes de plumes d’aras, mais aussi des peaux de mues de Sucuriju,

une vieille connaissance pour la plupart des tempsnautes, s’entassaient, encombrant la nécropole. Sur les tissus précieux, étaient artistiquement collées, pièce après pièce, des plumes afin de figurer le serpent mythique Quetzalcóatl! Ces dépouilles de serpents à plumes multicolores présentaient un chef recouvert d’un masque montrant le dieu, ses crochets dehors, menaçants, attaquant.

Certains Moro Naba arboraient la couronne d’Égypte. Il y avait, bien sûr, le lot de malheureux esclaves sacrifiés, grimaçants, plus ou moins bien conservés.

Certains avaient été exécutés par extraction du cœur, d’autres, les plus chanceux?, par strangulation, d’autres encore par immersion prolongée dans la tourbe, bref par étouffement! Il s’agissait là des corps les mieux conservés, aux tissus à peu près intacts, comme ceux des Barbares dans les tourbières danoises.

Quelques sarcophages, d’une taille inhabituelle, fort réduite, intriguèrent Stankin. Avec mille précautions, se sentant quelque peu coupable, il s’approcha. Ces cercueils étaient hermétiquement clos et comportaient des éléments saugrenus, des lentilles ou des microscopes, alignés au-dessus de minuscules boîtes en cristal de roche, ouvrages d’une délicatesse et d’un raffinement dignes de tout éloge.

Sa curiosité l’emportant, se morigénant mentalement, l’Hellados prit néanmoins un senseur, le brancha sur la fonction « vision rayons REM 3D » et balaya les petits sarcophages avec son appareil high tech! Son écran afficha l’intérieur des cercueils tandis que des images holographiques se formaient sous ses yeux intrigués, flottantes, fantomatiques mais cependant parfaitement identifiables.

Malgré le contrôle de ses émotions, le chercheur s’exclama:

- Ils ont été jusqu’à momifier les bébés, les morts nés et les fœtus!

Les pus jeunes de ces dépouilles semblent n’être âgées que de huit semaines! Prodigieux!

Ivan, à son tour, se pencha sur les microscopes et bredouilla:

- Oh! Venez tous observer à travers les lentilles grossissantes! Le spectacle est encore plus fantastique!

Tandis que Fermat, Daniel et Tony commençaient à juste titre à s’impatienter, le reste de l’équipe s’empressa d’admirer les fabuleuses dépouilles macabres contenues dans les micros boîtes de cristal de roche. Stankin conclut:

- Les Afro-Mexica pratiquent donc la micro et la nano momification. Le moindre produit d’une fausse couche royale est divin et a, ainsi, droit aux honneurs funéraires! J’aperçois là un embryon de vingt-cinq jours. Quel exploit technique!

Irina, oubliant l’atrocité de ce qu’elle voyait, lança:

- Incroyable! Ils ont été jusqu’à momifier une neurula!

- Moi, j’ai plus fort encore! S’exclama Antor à son tour. Un disque embryonnaire de quinze jours à peine!

Daniel, toujours en mode ordinateur, rappela à l’ordre son équipe. Lui ne perdait pas de vue le but de cette entreprise.

- Dépêchons! Il nous reste encore deux niveaux avant de parvenir au sommet!

Hillerman approuva, particulièrement nerveux, ce qui étonna Fermat.

Sun Wu se moquait bien de l’exploit technologique représenté par la nano momification! Sa propension à ruser, à vaincre des rivaux potentiels l’avaient rendu particulièrement méfiant et toujours sur ses gardes. Ses sens encore davantage aiguisés par le marquage de Michaël, il perçut avant ses compagnons des murmures ainsi que des bruits de pas distants. Il allait alerter le daryl androïde lorsque celui-ci entendit des inconnus se rapprocher.

Brièvement, Daniel ordonna le silence. Immédiatement, les combinaisons peau s’assombrirent tandis que les torches capsules s’éteignaient.

L’équipe se dissimula derrière les objets hétéroclites le plus furtivement possible alors que, déjà, une lueur blafarde provenant d’une antique lampe de poche millésimée 1961 dansait dans la nécropole. Trois silhouettes se devinaient maintenant derrière la lueur. Elles étaient chargées de trésors funéraires et de pièces sans prix. Il s’agissait de Cornelis van Vollenhoven, d’Anta son valet et du redoutable Achuar Varami. Mais il y avait également un quatrième homme qui suivait à distance le trio, assurant les arrières des pillards, mitraillette au poing prêt à tirer, un para de Serrucci.

Au signal muet de Daniel, les hommes de son groupe bondirent sur les trois voleurs, trop encombrés pour riposter efficacement! Cependant, le mercenaire eut le temps de réagir. Il fit feu un peu au hasard et sa rafale blessa légèrement Stankin. Une éraflure qui fit saigner son bras, un liquide jaune suintant de sa combinaison. Sous la douleur soudaine, l’Hellados, peu habitué aux blessures par balle, s’affaissa. Mais, entraîné à maîtriser son corps, il se redressa presque aussitôt, fit fonctionner en mode optimal sa combinaison peau qui diffusa alors sur son entaille un gel cicatrisant constitué de nanites implants programmées pour refermer les blessures et fabriquer de nouvelles cellules. Heureusement pour notre extraterrestre, aucune balle n’avait pénétré la chair!

Alors que le parachutiste, soldat perdu, s’apprêtait à faire feu une nouvelle fois, Antor désarma le mercenaire français d’une prise helladienne parfaite, prenant garde à ne pas le tuer. Le danger écarté, les capsules torches furent rallumées.

Cornelis, pourtant solidement maîtrisé, ricanait sa satisfaction.

- Ah! Messieurs du futur! Vous pensiez nous prendre de vitesse, n’est-ce pas? Mais il est trop tard! Vous avez mal calculé! Les attaques convergentes de la Pyramide ont déjà débuté! Tendez donc l’oreille! Bientôt, Sir Charles et nos troupes entraînées sauteront sur le dôme et s’empareront du disque mémoire!

- Qui croyez-vous donc tromper? Jeta André avec colère. Il n’est qu’une heure du matin!

- Ah! Ah! Voyez les têtes de Daniel Wu et de votre extraterrestre! Eux, savent! Il est cinq heures et trois minutes plus précisément et les cérémonies funéraires du Grand Prêtre viennent juste de débuter. Nos troupes volent vers la victoire alors que vous avez musardé en route! Risible!

- Comment cela se peut-il? S’étonna Irina inquiète.

- Le Hollandais dit vrai, fit Daniel d’une voix spectrale. Il est exactement cinq heures, trois minutes et vingt-neuf secondes! Le Commandeur Suprême a ralenti le temps qui nous entourait, nous enfermait dans une bulle…

- Ouille! Pouvons-nous limiter la casse? S’enquit Ivan.

- J’étudie déjà toutes les options, murmura le daryl androïde d’un ton morne.

À l’intérieur de son hôte, Michaël n’était pas non plus satisfait.

- Je dois m’impliquer plus encore… la situation dégénère… tant pis! Je tente le coup! De toute manière, l’Entropie est occupée ailleurs!

***************

Il est plus que temps de voir comment les choses se déroulaient pour les représentants du IIIe Reich. Lady Pirrott Neville, les deux Hinckel et les SS sans oublier le « Japonais » à la solde de Sun Wu, s’introduisaient à l’intérieur de la pyramide sanctuaire via le collecteur principal de la « cloaca » de Texcoco, collecteur qui communiquait avec les réseaux d’aération. Ensuite, il suffisait aux Nazis et consorts de grimper jusqu’à la bouche principale qui aboutissait juste sous la coupole renfermant le trésor!

Pendant ce temps, les Soviétiques, commandés par Fouchine, accompagnés de Von Hauerstadt, toujours prisonnier, s’étaient dissimulés dans les cinquante-trois catafalques de la cérémonie mortuaire en l’honneur de Koulibalyatlotl, non sans avoir viré les dépouilles auparavant!

Pratiques, les SS utilisaient des couloirs d’aération ascensionnels laissant habituellement l’air chaud se diffuser et se refroidir une fois arrivé en hauteur. Naturellement, tout ce beau monde était suréquipé, surarmé même, avec des piolets, des cordes, des torches et bien d’autres objets utiles à tout alpiniste qui se respecte. Bref, chacun se comportait comme s’il avait été le héros d’un film de montagne blubo de la grande période!

Heinrich Hinckel, toujours coiffé de son invraisemblable chapeau tyrolien porte-bonheur, suivait religieusement son grand-père. Au fait, vous a-t-on signalé qu’il était plus âgé que son aïeul? Minuscule paradoxe courant lorsqu’on s’aventurait dans le temps! Nonobstant le lieu, Heinrich avait l’impression de vivre dans « La Montagne sacrée »!

Mais la grimpette qui paraissait n’être qu’une promenade de santé au tout début, se compliqua alors que les Nazis parvenaient maintenant devant un croisement comportant plusieurs couloirs d’aération. Lady Alexandra étudia le plan en sa possession deux bonnes minutes puis dit sèchement:

- Par là! À gauche!

Dieter Karl répéta l’ordre en allemand pour ses hommes.

- Links! Aboya-t-il.

Docilement, les SS et Heinrich suivirent; cependant, un soldat en queue traînaillait légèrement. La veille, il avait eu le tort d’abuser d’un mélange indigeste de pulque et de schnaps! Bref, il souffrait d’un mal au crâne carabiné qui ne faisait qu’empirer! En plein brouillard, sa cuite était terrible, il voulut se soulager en vidant sa vessie! Alors que l’imprudent et impudent s’apprêtait à défaire sa braguette, il entendit le premier un inquiétant chuintement. Ce bruit incongru se rapprochait dangereusement.

- Kameraden! Alarm!

Quelque chose grimpait vers les intrus.

Or, notre homme se trouvait dans une position délicate. Il lui était difficile de se retourner, mitraillette au poing, dans ce boyau étroit, et de faire face à ce qui arrivait. Le temps de hurler « Achtung! Feuer! », il dévissa tandis que son arme partait toute seule!

La jambe de l’Unterscharfürher fut agrippée par une sorte de membre annelé pourvu de crochets! On aurait dit la pince préhensible du seigneur des mers cambriennes, le célèbre Anomalocaris! En réalité, le SS avait été pris par un ver géant serpentiforme, qui avait élu domicile en ce lieu. L’hôte, hérissé de piquants, était une créature issue des recherches génétiques Afro-Mexica.

Cette bête s’était échappée des laboratoires secrets du Moro Naba après avoir commis moult dégâts pour trouver refuge, à la suite de maintes pérégrinations, dans ces conduits bien alimentés en air chaud. Pour les lecteurs intéressés, le monstre se reproduisait par parthénogenèse!

De sa bouche ventouse à l’haleine immonde, le ver hérissé goba l’essence charnelle du sous-officier avant de rejeter tout ce qui n’était pas comestible. Ainsi, les lambeaux sanglants d’un uniforme noir odieux, un casque cabossé, les restes broyés d’une mitraillette indigeste assurément, et un équipement d’alpiniste amoché furent recrachés promptement. Or, les fils de la créature, attirés par l’odeur si caractéristique du sang, et qui avaient creusé des galeries latérales depuis de nombreuses semaines déjà, s’amenaient à une vitesse faramineuse. Inopinément, ils surgirent de tous les côtés, invasion redoutable, emportant dans leur corps ou leur bouche d’autres traînards. Les soldats eurent le malheur de ne pas être dévorés sur place mais furent conduits dans les nids des vers. Ils étaient destinés à servir de réserve de nourriture aux milliers d’œufs fraîchement pondus, une fois, bien évidemment, l’éclosion survenue!

En tête de la procession macabre et maudite, Lady Alexandra laissait échapper son angoisse et sa terreur. Elle hurla lorsqu’elle se retrouva face à la tête séchée et difforme d’un pillard pris dans un nouveau piège, une glue recouvrant cette section d’aération, glue destinée à emprisonner les éventuels et audacieux voleurs du trésor sacré. Naturellement, les plans en possession de la noble comtesse étaient restés muets sur ces obstacles, ces inconvénients… un tour des p? Sans doute! Ils étaient si primesautiers!

L’horrible et effrayante momie tenait encore, serré convulsivement contre son torse décharné, un pectoral dérobé à la dépouille d’un prêtre. Il fallait impérativement changer de couloir.

Une plate-forme permit au groupe décimé de faire une pause bienvenue. Dieter Karl fit son rapport de sa voix habituelle.

- Milady, il y a trois disparus!

Lady Alexandra qui avait recouvré son sang-froid, haussa les épaules et répondit glaciale:

- Tant pis pour eux! Ils se sont montrés trop maladroits! Notre cause ne peut montrer aucune pitié pour les faibles!

- Nous avons entendu une rafale de mitraillette, reprit l’officier. Ainsi que des cris mêlés à des chuintements ou des crissements.

- Effectivement, renchérit un sous-officier. Nos Kameraden ont dû dévisser après avoir rencontré quelque chose!

- Ils ont eu peur! Crime rédhibitoire! Conclut Dieter Karl.

- Assez perdu de temps! Poursuivons! Cette fois-ci, à droite! Commanda Lady Pirrott Neville.

- Recht! Cria le capitaine SS.

Le nouveau corridor emprunté n’était guère rectiligne. Il multipliait les coudes, les sections ascensionnelles puis descendantes sans aucune logique apparente. Cette partie était encore piégée. Dans un segment de couloir, des trous étranges se formèrent au plafond. Des cavités ainsi apparues, un gaz nocif fut craché, composé de natron dissous, de fiente de chauve-souris concentrée et d’acide. Mais il y avait pis!

Un gros Feldwebel, bien obèse, se retrouva coincé entre deux parois tandis que deux cloisons s’abaissaient parallèlement, l’emprisonnant. Or, le plus terrible était encore à venir. Bombardé par le gaz mortel, le soldat sembla se ratatiner à vue d’œil, rongé par les méphitiques effluves!

Cette mort donna le signal du déclenchement d’autres attaques, pas toutes mécaniques ou chimiques. Toiles d’araignées retardant la reptation, lames rétractiles surgies aussi bien du sol, des murs que du plafond - les SS se retrouvaient confrontés à une version Afro-Mexica de la boulie - découpant en rondelles sanglantes les malchanceux qui avaient croisé leur chemin.

Cependant, chaque piège actionné malencontreusement par les intrus n’était prévu faucher qu’une ou deux personnes à la fois. Ce fut pourquoi Lady Alexandra ne fut pas seule à être acculée devant le grillage représentant le salut enfin atteint!

La première, elle put contempler à loisir la salle du Trésor.

Mais le soleil entrait déjà par la coupole transparente, inondant de ses rayons enflammés les fabuleux objets entassés dans le lieu sacré. Statues recouvertes d’or, de platine, d’argent, de jade, de lapis lazuli, amoncellement de gemmes, de fétiches, de statuettes reliquaires en bois précieux ou en orichalque, de shaouabti de faïence bleue ou verte,

de coffrets chryséléphantins d’où émergeaient, à profusion, des masques d’applique,

des bracelets, des pectoraux, des amulettes et des bagues toujours en orichalque. Certaines pièces étaient visiblement importées, rappelant les trésors Tainos des Caraïbes,

ou encore les statues poignards chimus ou mochicas.

Il y avait bien sûr des masques scarifiés, digne d’Ife, mais chryséléphantins.

Il fallait y rajouter des défenses d’éléphants, de la poudre d’or et d’argent, le tout déposé en offrandes devant un autel central en haut duquel était suspendue une châsse ouverte d’okoumé sertie d’émeraudes et de diamants Nguni et Basuto.

Bref, tant de merveilles, tant de richesses accumulées, largement de quoi faire vaciller la raison de l’homme le plus sage!