samedi 23 septembre 2017

Un goût d'éternité 2e partie : Cécile : 1917 (3).



Nuit du 9 au 10 octobre 1917.

L’état de santé de Rodolphe von Möll avait encore empiré. Son esprit était victime d’hallucinations de plus en plus intenses tandis que tout son corps était secoué de spasmes d’une violence inouïe. L’infirmière de garde à son chevet ne parvenait pas à le soulager.
Retirée dans un coin de la chambre qui sentait la maladie et les médicaments, elle ne savait plus que faire.
Le vieillard croyait voir s’avancer vers lui le fantôme de son fils Waldemar alors que celui-ci était bien vivant. Mais il s’agissait d’un Waldemar nettement plus âgé, les cheveux grisonnants et les traits fatigués. Le fils cadet marchait d’un pas saccadé, mécanique alors que sa poitrine était transpercée par un poignard damasquiné. Du sang coulait avec abondance de son torse et jamais Waldemar n’avait été aussi pâle.
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Mais voilà qu’au visage du fils succédait celui du petit-fils. Maintenant, c’était Otto qui était devant les yeux exorbités de Rodolphe. Un Otto vieillissant, tel qu’il serait au mitan des années 1960, portant lunettes, des lunettes rondes, arborant une calvitie prononcée, bedonnant, vêtu d’un triste complet gris à coupe ajustée.
Dans le cauchemar du baron, le vieil Otto criait son désarroi et sa peur.
- L’automate ! C’est l’automate de della Chiesa l’assassin… 
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Puis, sans fondu-enchaîné succéda une autre scène tout aussi violente. Une église sombre, l’autel ensanglanté et profané par le meurtre. Un gentilhomme de nationalité napolitaine, au costume chamarré tel que l’on pouvait en porter au XVIIIe siècle, coiffé d’une perruque blanche avec des boucles, les faux cheveux 
noués en catogan, était en train d’agoniser sur l’autel de marbre désormais souillé. 

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Cependant, le mourant eut la force de tourner sa face livide en direction de Rodolphe et murmura dans un souffle :
- Le véritable coupable de cet acte, tu le connais… à la source de ce meurtre, il y a Johanna… instrument du temps, instrument de la vengeance de Johann, marionnette, une de plus du Commandeur Suprême…
Les hallucinations de Rodolphe ne connaissaient nulle frontière, elles franchissaient l’espace et le temps, elles transgressaient la logique, le cartésianisme et devenaient le seul aboutissement possible du cours de l’histoire.
Puis, ce fut le corps étique de Johanna reposant sur son catafalque. Derrière le cercueil, un moine pleurait. Bien étrange moine en vérité… un instant, sa capuche glissa et Johann van der Zelden se révéla dans toute sa beauté néfaste, ses yeux bleus enténébrés de nuit. 
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Rodolphe n’en pouvait mais. Devant cette vision d’outre-tombe, d’outre-mondes, il marmonna :
- La mort. C’est la mort même que je contemple…
Derrière l’image flottante de l’Ennemi, des cercles s’effaçaient, se réduisaient, revenaient, des hurlements retentissaient dans le néant, des cubes rouges de sang explosaient.
- Des sphères noires en suspension dans le vide, poursuivait le baron, qui engloutissent, qui dévorent la souffrance humaine. Et par-dessus cela, cette vision cauchemardesque, rien, des écharpes de néant… qui avalent tout… tout ce qui peut exister, qui doit exister… qui se goinfrent des réalités potentielles… Anti mondes, ante-mondes… anti vie, ante vies… mais où est-il ce dieu du Néant, de la Mort ? comment puis-je le voir, le conceptualiser, le penser ?
Le temps recommence sa ronde folle dans laquelle Johann et Michaël n’ont de cesse que de s’unir et de se désunir… ils se haïssent, forces contraires, opposées, ennemies, antagonistes, mais elles sont pourtant obligées de se fondre encore et encore… de revenir dans ce maelström alors qu’elles ne souhaitent qu’être séparées à jamais. Lorsque l’union survient, une fleur sanglante témoigne de leurs souffrances partagées et pourtant autre. Le phénomène en train de s’accomplir sème les cadavres dans l’Univers, sur la Terre tandis qu’un drapeau maudit claque sans qu’il n’y ait pourtant de vent. Une bannière rouge, blanche et noire… de funeste mémoire… la guerre, la guerre indéfiniment… elle est le fruit de leur union contre nature…
Bourrasques, tempêtes, cieux en furie, orages grondants, tourbillons en folie qui grondent et sifflent aux oreilles de cette humanité prise en otage. Au milieu, tel un symbole, se tient un homme, en équilibre sur le fil des deux contraires… Franz, à la fois enfant de la vie et de la mort, fils de la raison et de la démence, rejeton de l’amour et de la haine, de ce qui est et n’est pas, tout à la fois, concomitant… en toi, tu portes et exprimes toute la malédiction de tes frères humains, mais jamais tu ne te soumets… tu résumes et incarnes Johann et Michaël, Stephen et Giacomo, Otto et Johanna, Waldemar et Wilhelm, Archibald et Dietrich, Antonio et Antoine, Vincenzo et Antonimus, mais aussi, moi, Rodolphe et S1 ou S3… ou les deux, Gregory et la sphère noire, tandis que reviennent toujours Johann et Michaël…
Dans cette danse de mort, tout chavire et bascule en une fin jamais survenue… ciel de feu, de pourpre sanglante. La Terre, sous les doigts d’une divinité fantasque, n’est qu’une glaise informe en train d’être modelée et remodelée… afin que surgisse enfin l’homme de demain, ou d’après-demain… de la boue est né Michaël… Dieu prit un peu de boue et façonna l’homme à son image… mais Michaël n’est pas Adam…
Voilà que surgit un autre cube aux couleurs de ténèbres, d’un noir éteint, d’un noir mat, d’un anthracite absolu… mais aussitôt, à peine là, une sphère se substitue à lui, un globe qui contient tout le Multivers… or, la boue immonde fond, devient flaque, bouillon de culture, se transcende en lumière, et de ce rien, dégoûtant, jaillit l’énergie du cosmos. Dans cette gangue, l’Homo Spiritus, plein de promesses, début et aboutissement, commencement et fin…
Tout se renverse… encore… un miroir qui déforme, qui transforme, qui ment… 
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tromperie… désespérance… mais peut Lui importe… noir est blanc, blanc est noir… vie et mort, mort et vie, confondues, alternant, à la fois, ensemble, liées…
En équilibre sur le fil de la raison, sur ce qui sera, sur ce qui doit être, sur ce qui fut, l’enfant joue, danse, saute, s’amuse, rit, ricane, Arlequin, Pierrot qui égrène la semence de la vie, qui expulse la graine de la mort, qui compose avec elle parce qu’il le faut, qui génère l’atome, une fois, une nouvelle fois, qui recommence, qui efface, qui bâtit le monde, tous les mondes, qui effeuille le néant, l’amadoue et le plie à sa volonté…
Johann, fus-tu le premier domino mais aussi l’ultime ? l’éclair d’ébène qui déchire le ciel tout en voulant forger d’autres Univers ? Sur la corde de ton orgueil, tu esquisses un menuet exquis annonciateur de malheur pour les marionnettes humaines… inévitable sera la chute… T’y es-tu préparé ? De ta fin naît Michaël, le gardien de la vie, son protecteur, et de Michaël naît Stephen. La ronde reprend… de Stephen naît une fois encore Michaël… un Petrouchka, mais vêtu de blanc,
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 un Pinocchio qui ment, se ment, mais qui désire tant être sincère… un poète défiguré et aveugle, un albatros enivré par les senteurs iodées du vaste océan des possibilités, de la tapisserie prête à être tissée… ses ailes de géant l’empêchent de marcher… est-ce bien le cas ? me le diras-tu, toi qui te dissimules derrière des faux-semblants ?
Il est temps, plus que temps pour toi, pour moi, de se noyer dans une onde couleur de feu, dans un incendie qui ravage et rase tout. Afin de rejoindre l’infini, la trame des potentiels, du réel et de l’imaginé, le rien, le tout, la Création et l’A-création…
Avalé par ces spires, je m’enfonce dans le puits noir, dans le vide absolu où, pourtant, subsiste quelque chose d’effrayant, de terrible… ai-je jamais eu le choix ? m’as-tu laissé le choix, démon et Dieu à la fois ?
Epuisé, Rodolphe se tut. Son front blême suait de gouttes malsaines.
Une silhouette furtive s’introduisit dans la chambre du malade. Elle s’aperçut que l’infirmière somnolait sur une chaise. L’inconnu tenait à la main une minuscule fiole ainsi qu’un verre d’eau. S’approchant du lit du moribond, l’homme versa quelques gouttes du mystérieux liquide dans le verre et en humecta ensuite les lèvres du baron.
Mais tandis que l’inconnu accomplissait cette tâche, une forme féminine et juvénile pénétra elle aussi dans la pièce. Identifiant le médecin, elle s’exclama :
- Monsieur Bauer, que faites-vous ? Pourquoi tant de secret ? 
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- Mademoiselle Johanna, vous n’avez rien à faire ici. Je sais ce qu’il faut au baron von Möll pour le soulager. Si je n’interviens pas, votre grand-père mettra de longs jours à succomber. Sa maladie est irréversible. Je n’accomplis là qu’un acte de charité. Tout espoir est vain, vous savez…
- Mais…
- Il n’y a pas de mais… vous n’avez rien vu, rien entendu… compris ? Repartez donc vous coucher…
- Oui, docteur…
En tremblant, Johanna obéit à l’étrange médecin et se retira. Deux heures du matin sonnaient à la pendulette posée sur la cheminée.
Son méfait accompli, Johann disparut dans la nuit alors que la garde-malade poussait un soupir et sortait de sa somnolence.
Vers neuf heures, Rodolphe von Möll semblait aller mieux. Il avait recouvré un peu de lucidité.
Une fois encore au chevet de son grand-père, Johanna se rassura en constatant cette amélioration passagère. Un sourire timide aux lèvres, elle souhaita le bonjour à son aïeul.
- Comment allez-vous ce matin ? Questionna-t-elle.
- Je ne sais pas… je crois avoir beaucoup parlé la nuit dernière, Johanna…
- Nous n’avons rien entendu, grand-père…
- Tant mieux… j’ai dû dire des sottises. Comme c’est gentil de ta part de me rendre ainsi visite. Mais je ne suis pas beau à voir, non ?
- Oh ! Grand-père, moi, je vous aime encore, malgré tout… vous avez toujours été si bon pour moi… je ne suis pas comme père. Je ne lui ressemble pas. Il refuse de venir à votre chevet vous apporter vos médicaments… Il n’attend que…
- Chut… Johanna… ne sois pas méchante…
Mais le vieux Rodolphe retomba bientôt dans l’inconscience… le coma succéda à ce sommeil. Le poison, administré par l’Ennemi, agissait, lentement mais sûrement, tout à fait indétectable pour la science de l’époque.
A deux heures de l’après-midi, le coma était devenu irréversible et un prêtre fut mandé en catastrophe par Gerta et Waldemar. L’extrême-onction fut administrée à Rodolphe alors qu’il était plus proche du cadavre que du vif.
Johanna, cédant au chagrin, ne cessait pas de sangloter. Alors que Wilhelm tentait de la renvoyer dans sa chambre, l’adolescente refusa.
- C’est pour ton bien, ma fille.
- Non ! Je veux rester ici, près de grand-père…
- J’ignorais que tu éprouvais autant d’affection pour ce vieux fou, Johanna…
- Ne soyez pas si cruel…
Dans la nuit du 10 au 11 octobre 1917, Rodolphe von Möll fut officiellement déclaré mort par le médecin devant Gerta accablée et Wilhelm dissimulant son soulagement. Quant à Waldemar, le visage entre ses mains, il poussait des soupirs, ne parvenant pas à faire taire sa peine.
Le 13 octobre, Rodolphe von Möll fut enterré avec toute la pompe exigée en ce temps-là. Les femmes ne suivirent pas le cortège car, à l’époque, c’était fort mal vu. 
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Grâce à sa tromperie, Wilhelm von Möll se retrouva à la tête de la fortune de son père alors que Gerta ne pouvait rien objecter. Dégoûté, Waldemar choisit de partir du château avec son fils Otto.
Tous deux, malgré le conflit qui ne cessait pas, allaient réussir à passer en Angleterre après une longue odyssée. Tout d’abord, ils atterrirent dans un port hollandais. Ensuite, ils durent attendre des semaines avant de pouvoir monter à bord d’un cargo qui transportait du coke en direction de l’Irlande. Enfin, par un matin glacial de janvier, ils finirent par toucher le sol britannique, en Ecosse.
 Pendant ce temps, la grande Histoire poursuivait son cours.
La Révolution d’Octobre avait lieu en Russie et Lénine se retrouvait au pouvoir en tant que Commissaire du Peuple tandis qu’en France, Clemenceau devenait Président du Conseil des ministres. Une seule mission l’attendait, gagner la guerre…
Après l’arrivée des Bolcheviks en Russie, une suspension d’armes était signée entre les Allemands et les Russes à Brest-Litovsk, le 15 décembre 1917. 
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13 Mai 1981, quelque part dans la banlieue romaine.
Logeant dans une villa richement meublée, un cardinal appartenant à la Curie entrait en communication avec un individu répondant à l’appellation de maître du temps. 
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- Maître, disait le prélat avec le plus grand respect, les Bulgares ont échoué. Le pape est en vie. Or, nous ne pouvons renouveler notre coup car, à l’hôpital, il est trop bien gardé. Il nous sera donc fort difficile d’achever ce que nous venons de faire.
- Je sais déjà tout cela, vos problèmes, vos craintes, cardinal Piggi, ironisa le maître du temps. Pour l’instant, ne tentez rien de plus. Rassurez-vous. Les services secrets et la police ne pourront pas remonter jusqu’à vous. Au mieux, durant les prochaines années, le procureur chargé de l’enquête croira à la culpabilité des Bulgares et donc des Soviétiques. 
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- Oui, je vois ça. Mais le terroriste est d’origine turque…
- Manipulé habilement, je vous le rappelle. Dois-je vous rappeler que le danger ne vient pas de vos contemporains mais des agents temporels à même de vous démasquer ? Ils sont pires que les dix plaies d’Egypte. Le Commandeur Suprême m’a chargé d’éliminer quelques exemplaires officiant dans ce segment du temps… des Michaël qui prennent un peu trop de liberté et qui outrepassent les ordres des Douze S. or, depuis que je me suis attelé à cette tâche, mon tableau de chasse est assez bien fourni. Grâce à nos alliés occultes, les initiés de Worms, des centaines d’agents temporels se retrouvent traqués désormais.
- Je vois le tableau.
- Au fait, cardinal… il se peut fort bien que vous ayez vous aussi à détruire l’un de ces MX…
- Ce serait gratifiant…
- Oui, tout à fait. Mais je suis obligé d’interrompre là ma communication, S5 venant me contrôler…
Désormais seul dans le salon, le cardinal Piggi éprouvait plus que jamais une sorte de pincement au cœur. La mission que lui avait annoncée le troisième maître du temps n’était qu’un leurre, il en était quasi certain. N’avait-il pas lamentablement échoué dans sa précédente tâche ? Sa disparition n’était plus qu’une question de jours, d’heures même.
Qui était donc ce troisième maître du temps ? Pourquoi trahissait-il les Douze Sages au profit du Commandeur Suprême ? Quels bénéfices pouvait-il donc en tirer ? Quant aux initiés de Worms, cette secte secrète, leur existence remontait aux Carolingiens. Ils avaient un pendant, les initiés de Lhassa. 
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9 Juillet 1993.

La situation internationale était plus que jamais explosive. Gregory Williamson venait de prendre la grave décision de mettre en alerte maximale les forces de l’OTAN. Cela puait la guerre nucléaire toute proche. Il suffisait d’un rien, d’une petite allumette craquée inopportunément pour que la Terre tout entière s’embrasât.
Or notre général en chef des forces occidentales, véritable boutefeu, dans un message radiotélévisé, menaçait de représailles les groupes terroristes palestiniens. Il poursuivait son discours sur le mode martial en disant que les Etats-Unis étaient prêts à nettoyer tout le Moyen-Orient de la racaille.
Au Kremlin, Diubinov en avalait sa cigarette. Il lui fallait répliquer sinon il n’allait pas tarder à être désavoué par son clan. 
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samedi 9 septembre 2017

Un goût d'éternité 2e partie : Cécile : 1917 (2).



Mais qu’advenait-il de Michaël ? Pour le savoir, revenons au matin du 3 mars 1917…
L’envoyé temporel resta endormi durant douze heures. Cela ne lui était jamais arrivé à la connaissance de Stephen. Insensible à la transformation de la nuit en jour ensoleillé, ce qui changeait, il poursuivait son somme dans cette ravissante matinée de printemps pleine de promesses. 
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Chaque fois que le professeur Möll ressentait le besoin d’abandonner Michaël à son inconscience, une puissance inconnue l’en empêchait. Pourtant, le chercheur était poussé par la force irrépressible de retrouver Cécile par n’importe quel moyen.
Ainsi donc, sa volonté lui échappait… malgré lui, il restait auprès de son descendant endormi.
Stephen n’avait pas sommeil. Il était parfaitement éveillé, comme rajeuni. Son estomac le tiraillait mais il ignorait ses appels pressants. En son for intérieur, il ruminait ses velléités de haine envers Michaël mais n’avait pas le courage de le laisser seul ici, sur ce champ.
De plus en plus, une idée le turlupinait, un sentiment de malaise l’envahissait.
Michaël était capable de rester des jours entiers sans prendre le moindre repos. Alors, que se passait-il donc ? Ce sommeil n’était pas normal, pas du tout…
Baissant la tête, il examina de plus près la vague silhouette lumineuse inerte et bien pâle.
- Il a dit : « mourir peut-être… ». Cela lui serait-il possible ? A cause de ce translateur saboté ? A cause de moi ? Son corps ou ce qui en tient lieu est si… translucide… l’aura de lumière qu’il émet si… ténue… Jamais je ne l’ai vu si faible, si fragile… il a réellement l’air d’être en train de mourir… de passer l’arme à gauche… comme une lumière vacillante… qui ne va pas tarder à s’éteindre. Comment renverser le processus ? quel effet cela fait-il de toucher la lumière ? Vais-je être brûlé ? Non… l’énergie qui émane de Michaël est trop faible… quelle impression étrange ! Ma main s’enfonce dans la sienne, la traverse mais… je ne ressens aucune douleur… Il est là, oui, bien là, vivant mais froid… si froid…
Alors, Stephen se saisit de la main droite de l’agent temporel, la tint serrée fermement dans la sienne, s’obstinant à garder le contact durant des heures et des heures. Ainsi, il lui communiqua sa chaleur, sa vie, son énergie… sans en être tout à fait conscient cependant.
La matinée s’écoula lentement, paisible, les oisillons pépiant gaiment dans la ramée. Le soleil éclairait cette scène, là-haut, tout là-haut dans le ciel. Au loin, les cloches des églises appelaient les fidèles à se rendre à l’office.
Les heures, toujours, passaient. Midi puis une heure s’en vinrent.
Stephen, obstinément figé, tenait toujours la main de Michaël entre les siennes. Plus que jamais, il avait faim et soif, une envie pressante le taraudait mais il voulait ignorer les réclamations prosaïques de son corps d’Homo Sapiens ordinaire. Il y mettait une fierté discrète et assumée tout à la fois. Ses reins lui faisaient mal, la fatigue l’accablait, ses muscles raidis semblaient aussi durs que du bois, son cou paraissait peser une tonne. Mais il était là, toujours là, accomplissant son devoir…
Il y avait longtemps qu’il avait refusé de lutter contre cette force qui lui disait confusément qu’il avait raison de porter ainsi secours à Michaël.
Tenir, oui, encore tenir… mais jusqu’à quand ? Jusqu’au bout de quoi ? Jusqu’à ce que le ciel se renverse, que sa raison bascule ? Que le chaudron maléfique de la guerre se confonde avec l’Univers en son entier ?
Malgré lui, ses yeux se fermèrent et il sombra dans une sorte de somnolence entrecoupée de réveils brutaux, de sursauts angoissés, rattrapé par la réalité.
Vêpres sonnaient dans le lointain.
L’agent temporel sortait enfin de son coma. A ses côtés, Stephen Möll, endormi, le corps ankylosé.
Michaël avait recouvré toutes ses facultés, y compris celle contrôlant son apparence, son avatar. Désormais, pour un instant, une minute ou davantage, il possédait tous les attributs d’un être fait de chair et de sang. Ouvrant ses yeux gris, il vit le ciel d’un azur délicat, le soleil déjà bas à l’horizon, l’herbe timide et humide. Il frissonna sous le vent frais. Dans le lointain, un coq chantait, des canards cancanaient, et un bouvier appelait ses bœufs à regagner l’étable.
Surtout, Michaël avait la conscience aiguë des mains de Stephen entre la sienne. Alors, soudain, il comprit pourquoi, lui, l’agent temporel 132 543 était là, bien vivant, en pleine forme, comme régénéré. 
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Inconsciemment, malgré lui, il sourit.
Ensuite, sans mouvement brusque, il se sépara de Stephen, de son ange gardien. Il ne voulait surtout pas le réveiller. Le professeur avait amplement mérité son repos… bien, qu’évidemment, il ignorât quelle avait pu être la valeur de son sacrifice…
Or, ce geste, si doux, si imperceptible, parvint néanmoins à tirer Stephen de son endormissement. Il tressaillit lorsque la main de Michaël se détacha des siennes.
Ses yeux brusquement ouverts, le professeur se redressa et dévisagea l’agent temporel avec un regard d’une hostilité qui en disait long sur ses états d’âme.
Pour dissimuler ses émotions, Stephen jeta tout un flot d’injures et d’insanités à la figure de l’Homo Spiritus.
- Rascal ! Salaud ! Fumier ! Quel temps vous m’avez fait perdre avec votre évanouissement ! Monsieur a eu des vapeurs comme une midinette ! Risible ! Espèce de bâtard ! Maintenant, il est bien trop tard pour espérer rejoindre Cécile. A cause de vous, je ne peux pas rattraper le coup. Elle est perdue pour moi à jamais. Vous mériteriez que je vous casse la gueule…
- Pourquoi donc ? Fit Michaël d’un ton impossible à rendre.  
- Vous savez pertinemment pourquoi, fils de pute ! Vous m’avez obligé à rester à vos côtés, à vous tenir la main… chaque fois que j’ai voulu partir, je n’ai pas réussi à vous laisser… vous avez été le plus fort.
- Stephen, votre colère ne doit pas vous faire sombrer dans la grossièreté.
- Monsieur minaude, monsieur se moque de moi…
- Vous vous entêtez dans votre rage. Vous refusez de voir que vous possédez un cœur noble et généreux… c’est vous-même, votre volonté propre qui vous a poussé à accomplir ce geste sublime…
- Je ne vous crois pas. Vous mentez… encore une fois…
- Vous avez saisi que j’avais besoin de vous… de votre force vitale… j’étais mourant et vous êtes parvenu à inverser le processus. Vous m’avez sauvé la vie… que vous le vouliez ou non. Je ne pouvais pas vous influencer, j’en étais tout à fait incapable, car, déjà, mon esprit était de l’autre côté, non du miroir, mais dans les brumes de l’infra-mondes… en moi, le vide, le néant, l’absence de tout sensation, de toute conscience… bien étrange expérience… et puis… soudain… j’ai senti de l’énergie passer à travers tout mon être… une énergie qui me remplissait… j’ai eu envie d’ouvrir les yeux… et vous étiez là, à mes côtés, me tenant la main, mais endormi…  Je ne sais pas dire merci…
- Pff ! Rien à foutre ! Allez glander ailleurs, putain de merde…
- Je ne sais pas dire merci mais je vous le dis quand même…
- Hypocrite ! Je vais vous casser votre joli visage d’ange, démolir votre portrait…
- Vous n’en ferez rien, Stephen… je vous connais si bien… votre cœur est si généreux…
En disant cela, Michaël se relevait lentement, posément, calculant tous ses gestes. Sous lui, le sol chavirait un tantinet.
Or, à peine était-il debout, qu’un uppercut le renversa illico et qu’il chuta brutalement sur l’herbe humide. Cependant, conservant son sang-froid, il sourit avec affabilité, se frotta la joue et murmura :
- Stephen, faites preuve de sérénité. Vous agissez comme un enfant gâté à qui un adulte vient de casser son jouet…
- Je ne suis pas un enfant, salopard de mes deux ! Je ne suis pas une marionnette, ta marionnette ! Espèce de dégueulasse ! Je brûle de me venger… Toutes les avanies que j’ai subies à cause de toi… Tu vas les payer… J’aurai ta peau…
N’écoutant plus que sa colère et sa haine, le professeur se lança une nouvelle fois sur Michaël et les deux hommes roulèrent sur l’herbe. Un corps à corps acharné s’engagea. Le chercheur ressemblait davantage à une sombre brute mal rasée et débraillée qu’à un être civilisé. Il tentait d’envoyer des coups de poings sauvages et rageurs à son adversaire mais celui-ci avait connu d’autres combats bien plus difficiles.
L’agent temporel parvenait donc à éviter la plupart des uppercuts tout en conservant une stricte défensive. Toutefois, Stephen se trouvait en meilleure forme que lui et le jeune homme finit par encaisser quelques coups à l’estomac qui le laissèrent sans souffle.
C’en était trop pour Michaël. Il n’avait guère l’habitude de se laisser faire ainsi.
Alors, s’enflammant sous la colère, cédant à un réflexe, d’un seul regard, il expédia à l’Américain une foudroyante décharge, ce qui eut pour résultat de l’assommer proprement.
Mais, aussitôt, l’agent temporel eut honte de lui et se morigéna. Il se précipita vers son ascendant et lui porta secours. Tout en respirant par saccades, il ranima l’humain si soupe au lait par le seul contact de son pouce sur le front.
Stephen ouvrit des yeux qui vacillaient et dont le regard ne parvenait pas à se stabiliser.
- Pardon, dit doucement Michaël. Vous et moi, nous nous sommes conduits comme deux gosses turbulents, deux garnements. Je reconnais que vous m’avez poussé à bout. Je brûlais de vous administrer une correction. Je n’ai pas réfléchi. Je suis plus fautif que vous, Stephen… il nous faut maintenant cesser ce petit jeu et essayer de grandir.
- Je me sens mal… la tête me lance…
- Vous allez vous en remettre. C’est bien la première fois que j’éprouve ainsi de la colère et que je désire me venger. Vous m’avez fait sortir de mes gonds… mais c’est passé. J’ai recouvré assez de raison. Vous savez ce que cela prouve ?
- Non… et je m’en fiche et contrefiche…
- C’est la parfaite démonstration que j’éprouve tout comme vous des émotions et des sentiments. Allons, debout ! Un effort…
- Tout tourne… j’ai envie de vomir…
- Pourtant, nous devons rejoindre les Etats-Unis en 1993…
- Bah… ça peut attendre… je suis malade…
- Non… ce voyage va se faire sans translateur… il est tout à fait out. Un tas de ferrailles et ce, grâce à Johann…
- Une épave ? Je ne le crois pas… bégaya le professeur. Vous pouvez le réparer…
- Inutile… cela me prendrait trop de temps et trop d’énergie…
- Abandonner le module ici ? Vous n’y pensez pas !
- Pourtant, il le faut. Mais je vais le faire disparaître, désintégrer ses atomes. Personne n’en profitera. Voyez… un seul trait de feu… 
 data:image/jpeg;base64,/9j/4AAQSkZJRgABAQAAAQABAAD/2wCEAAkGBxISEhUPEhAWFRUVFRUPFRUVFRUVFRUVFRUWFxUVFRUYHSggGBolHRUWITEhJSkrLi4vFx8zODMtNygtLisBCgoKDg0OFxAQGi0lHR0tLS0tLy0tLS0tLS0tLS0tKy0tLS0tLS0tLS0tLS0tLS0tLS0tLS0tLS0tLS0tLS0tLf/AABEIAMIBAwMBIgACEQEDEQH/xAAcAAACAwEBAQEAAAAAAAAAAAABAgADBAUGBwj/xAA7EAACAQIEAwQJAgQGAwAAAAAAAQIDEQQSITEFQVEGYXGRExQiMkJSgaGxB9EVYsHwI1NykqLhM4Ky/8QAGgEBAQEBAQEBAAAAAAAAAAAAAAECAwQGBf/EADMRAAICAQEGAwUHBQAAAAAAAAABAhEDEgQTITFBUQUycRRhgZHwFSIzQrHB4QZSodHx/9oADAMBAAIRAxEAPwD5kojxQYlsUcLOzgCMR0h4oZQJqJoYqiNlGyDZSMyCMR1AiQ8WQhFEEoj3FkUFU4lU0XPYobLQEsS1hmVtmiEk7lbiOwApXlBlLAAFWUDiW2A0ClTiSxZYlikEsNYNgpFAFEbKMkNYAVIZIKQyRQCMQ2GSGsAIkSw9gWKQFiBsQAVYWXQaFCV7W1LqONXPQ0+txfPU8Wua5o+iWybLNXGZicbDo3KpB66BjCD6Gd4R+GX5ZIyRGUTWsNGxPVb2sy7xHGfhmXorMqgFoveFl4iSoS6GlNHlnsOWPOLKiNDOLXISUjalZ5ZYpR5lUitotZVM6wpnPSyuTFaHsSwlwKoldgWLHEVolhxEsQYDKShQNDWJYChQMawCglgpECikIh0gJBQINYNiIYooiIRBAIBhYGUgLkAQAqSHcVyKFMsjM87TPcpRZYo94yuuYkZIZSRk2q6Fsa8lzLoYyW1+plzkujOldjrHPkjykb4cQfNFy4iuaOXdBJoR6I+IZ49bOvHiEBlXpy3a+pxbgaJuzt9qzfmimdqWGpy2S+gj4ZHqzlRb6lkcRNbSfmaSa5Me2bNLz4V8DbPhb5Sv4lM+GTXR/UEMbU63L48Umt0hcrLXh0+alH6+Jjng6i3g/wA/gpnTa3TXijtU+JLnH7lnr0OYUzf2bsk1cMteq/4eeaEZ36teg/lu+qMeI4bRlzs+6TX2OiZl+BSkrx5Iv6+Jn4TwypiasaFJXlLW792MVvKXcv6o9Nxr9NqlKi6tOu6k4rNKDjlzJavJq9e57nrP0d4BCCnW1lmaV5O/sw1su68vsfReO0U6ea2qa+56opV6n42bDuMrxT5o/P8AS7L56cZwn70VVi7PWEls11T5mKt2arra0vB/ufQOzmJpxw6Ts1CpVw/WynWkqa/5RN88NHojhZ5ZxcZNdj5L/CK6vek9NfHw6mVU5Xtld27JWd79LH154ON14r8lWO4JSnKUXFSVnJc9Ur/uWzNnydprdW5aq2xD6ZPs/CUV7CfvQ5X2uu93tb6GCv2Xpy+Fq/c17yutbPo0WxZ4NDpnqa3ZRbxn3/bN+LnKx3AK1N+7mXWP9S2gcxBHeGqLenLpsCpRlHeLRQJchCFALECQAwKQ8ZGSMy2MjnR11GjMHMUpjyqNpLpovO5KLrLcwVMozBzDSTeF2cjmU5iXFDWXZyZilDpkoa2WKXeMpFaY6ZKKpFiqDqqUXHTJpR1jlkupojUQ90ZLgc+RhwPXHaqXFG/h1KM60U9ijtRFJReaLcouTUVbK7tZWutkn9TDPEShJTXIw8Tx0qmrer0OsI8KPZPxDF7JLHX3mfXP0P47BUXQb9uEpSy83CVtV4P8o9x237RwpUHk9qT9inHnOrLSEYrnq7s/MVDFzw1W9Oo7xek4NrXm4tcuXedeh2yxEZ+ndRyq5XThUn7cqSkrSlST0jO2mbkei+B+JHJG9T5o9rwxyo04UpcqrqVHunOC0jfqnkf0O2uMdFc+T8S7T1asadNNQpUY+jp048ru85yk9ZTk9W2ZYcbqx2qPzOLg2cZSbds+t4zjTUJNR1s8uu8npFfVtC4DiEqcKVJ6tJRlK/RPM/q/yfM6HautFPNlk3azlrls73Vnu+8vj2srVHGLcYRT1cUru/N3evQmhmT6pUx6e17q8k07Wb0jz6/kMMY1tKWjX83/AI1e3mzwMe1ybv6OPWKvX01tSi7Ra01bfxbaM2U+01D5ZW2XtpXSfs3zr4pXfdFfExTB7ZY1reUXa3vRtdRjJv8A+rAdROycY+K7oxT08beR5rD9ocLLT0zXi4O/tLfLLTNJt90YX1bSMVbtbRzuMZSlFeypuOXN1la90nvrrsOJD18aUHJXSabSa6p7ooqYam4u8U2mldrxX9EYeB4+NZ5oVY3WqUnb/wBn0ivNuySbFxuIdKTpSlFSi/aV1dO17Ss9HrquT05FTYOP2j4bCEVVgsuuWSW2uzPPnZ49xJTSpRd9c0mu7ZHDubRoIQXIUh56FQ0U6hhUiyMxRo6MZjKRihVLVVM0DUmG5m9KNGqSgaAlaYUwCxDJiJjJkKWIKAgsgDcIiCKLYXIVyIAtByYWZ54eD+EuFZUTUZngodBXgIGsqlXgt5LzLbMlK4fDoCXD4d5f6xD515oKrR+ZeaLxIZXw2PVi/wALj1ZuUk9mMhYMC4XHqyPhvSTOgglsHNfDpPRzuu+5bR4avilfuNoSWBaWHjF3jdPfRtfXctjTS5fkCYbiyhYLkuC5QG5AEAPNXCmIFMpCxSGUipMKkCl2YtpvvMyY8ZEFm6NSwjrGe76MPo5fLLyZngLRrp1SyNZGKEJcoy8mOqU/kl5MnDuTUu50oSLCvB055fcfTVctNrmuGEqPVQ025fuYc4rqTeR7ooRLGmOCqP4fvH9xlw+p8v3X7k3kF+ZfMjywXVfMyWAbVwyo+S80RcNn1j/uJvod0Tf4/wC5HIxlZxVluzl1qs1rmZ6R8K/xFnqU8v8Aq8+RTxrg1NNZMTStKOZ5pWyu70Ktox6lHucXtmJTUL5+4u7Cdmp8QnNTqShSppZ2tW3K9oq+l9Ger7U/ptSp0JVsI55qac5U5yzqpFaytpdStr0ex1/0kwsKODqy9JCf+NKUnB3Xs046fnzPc4amnh6c5TzzlmzXtzs0rLZWa8z2xlD7sa8ysj2hbxQXVWfAaXCIyipJXTiprwZP4NH5Tdg8QoxlBbQqyoR/0eksvszU5I8rbTPScmHAo3+lxKvAekpW8WdbEYtQi5720t4uwa2MUbJfE8v0s3f7E1MHNocIltdyej3d9OW6HXCpd+19318ToU8Uk7+P4ZQ6yt7nJ/E9m9t+o1Ao/hcu/n+QT4XPlpve6v8Ag1Osvl+b4n8tmH03c+fxy+VJ/wBC2DA+F1f8xeFi2hgJSvd2a3Vr9/kavWRqNd51bor/AO7T7Zi6gYMRgpRV913GU6tWvozkNmk7KEgLkKDgquvlX2/Ynp/5UVWIhpRNKL/Wf5UO8Y9NFp46+JmITSiaEaPWntp9/wBw+uS113KF4ESGiPYuhdjSsbPa/XkuZHjZ2tm+y/YzWI0NEexNEexo9cn832j+wFjJ/OzOyJjRHsNEexrjjJ/PLruzqYXGya1nL/czgpl1Ko0HBdi6V2PQuq/mfmwZ31MeFrXNKM6aLQQEaAUpjx0WvaX1ObXnfQ7rRRLCQfwmk6JR3v0t7VQwk54evLLSqtSU3tColb2ukWrK/KyPofFu0tCEFRwk6dXEVfYoUqLjL25fHLJpGK95t8kfHPVIfKizDJ07+jk4Zk4yyuzcXvFvez6XOsctKjLjxs1VsN6CmpZk4eklThL/ADZU9Kk49Yp2WbqzK+J94MWnVadSTlliqcVe0YwjtCMVZRiuiKfVIfL+TjSKaamJjKnndSOk1FQv7Uud7fL3lWK4jC0Gp5pNSbik/Y1sk3zbWum1xY0YraK8hkhSBbhMfFxbk7N6RVpPxk7Lbu3fmXLG0+j5aZeXRv8A5N/RamQhOAo6FPG0uab2v7C11156X37krattpMVjlltTgrveUklbV7JN6vRvpZJX3eIlwKHoYqaazQuu5o6uJ4jTyKNKm1J+9KTW3RJdfJJWV9ZPkIYhaL3Xl17tOj3RVcUhpFCQBCkPPhQQlKBBIQAJCEuAQDYbgYBJvp0X/YCAuXmQZDKQlw3LRTbhKh1acji4fdHYpbEcRZawBJY1HG2SxQMlV2Vzm1sbJcrGngkuaJqR0GxGzlSxsuorrzfNmdAs6zYrkcjPLqLK75k0CzrOquojxMV8SOXGk3ok2yyWDmvehL8f0GhjUjd63DqJPGxW2otPhrfLTwb5a7tGilwpvl06dPA0sLZl5EZP4h3BjxDrE6tLgzfJvz5+Lt/2Xrgcd2reX4XgzXs7M76Jy4YqL2v5M0Qu/hZ1afD6cfhL4RSvG+q59Vyfl+AtnI8xxZRaAjpY1JxfdqjmHCcdLo6xlaDcIAmbNHBsTKWWGUTtRCrKFItUBlTFApyhy9xojSH9CXSDG0K49xqnTK8pVAFCQC5xB6Jl3bJZWhkOqbLYUerNRwyfQWiYfc61JmKjSS5nRpWOm5fVoljJDpEzIZPuPbs+LHfF36GJNldaFzNjcMnG9jbUi+gK1GUlt/fU+phs+OeBx0/4NQhcXw4mTsjwD1zEqhmyxs5yktWoxtt33aX1Pecf/S1QpZ8POpnSzZKmVqp3JpLK/wC+8p/SnA+jxU8zV5U9PpODf9D7bxSmpwmvlUXHuWt2vOJ8zmh7LOOOUefMzJNPifl/DcJUle3XxTW8X3minwuK+C53uPw9Djq1OOimliEujmlm83mf1MdOunFS6pP7GsuKMXwR5JSkm0Z44daeza3RbGh0Y5tdV1FlXRiw1Z3mt7y08keZ0icWbZRildRi3dNN7f27lbrvZNL3lorvR3X1KsPCUllSvlUY/Xl+G/BM2w4TUs5S9iNpO8rR6P4v5fa+sVvJGb4GvUzSqt31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Effectivement, de l’index de l’Homo Spiritus sortait un rayon qui déstabilisa les atomes du fabuleux engin. Sa structure oscilla et l’appareil finit par se désintégrer. Il n’en resta bientôt qu’un petit tas de poussière qui fut emporté par la brise. Le sol sous le translateur ne conservait aucune trace de sa présence et du sinistre qui avait suivi.
- Bien… une épine en moins, articula Michaël d’une voix sourde. Une fois à Caltech, nous construirons un nouveau module.
- Euh… avec quels matériaux ? questionna Stephen d’un ton morne.
- Comme d’habitude… je les emprunterai… mais je ne me mettrai pas à la tâche avant au moins trois jours. J’ai besoin de prendre du repos.
- Comme moi…
- Pas tout à fait, Stephen. Regagner 1993 va me coûter mes dernières réserves d’énergie ou presque… j’ai urgemment besoin de me ravitailler…
- Vous pouvez le tenter ici.
- Vous vous moquez, là, non ? 1917 est à mes yeux l’âge des cavernes…
 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/44/Caveman_1.jpg/250px-Caveman_1.jpg
 il n’y a pas assez d’électricité produite dans l’Europe tout entière… alors, attendez-vous à une méga panne à LA et sur toute la côte océanique des States… au minimum… et ce, durant trois jours…
- Mais… ce sera la panique…
- Je n’ai guère le choix, vous savez… vos ingénieurs, vos militaires n’y pourront rien… d’abord, faudrait-il qu’ils me missent la main dessus…
- Vous sous-estimez Drangston et ses sbires…
- Oh que non ! Je me placerai dans une bulle… mais je ne vous en dis pas plus.
- Drôle de sommeil réparateur !
- Lorsque le deuxième translateur sera achevé, je le munirai d’un supplément de sécurités. Cela m’étonnerait que l’Ennemi parvînt à le saboter… la technologie appartenant à ma civilisation…
- J’ai un gros doute…
- Pour une fois, soyez optimiste…
Stephen et Michaël rejoignirent donc l’an 1993 et atterrirent à LA le 7 juillet alors qu’un fait divers sans précédent secouait le pays tout entier. Le général Gregory Williamson venait de réchapper de justesse à un nouvel attentat perpétré à Bruxelles. Tout le bâtiment dans lequel opéraient les administratifs américains affiliés à l’OTAN avait explosé. Le bilan, très lourd, s’élevait à trente-quatre morts et à soixante-quinze blessés dans un état désespéré. On ne comptabilisait plus les autres victimes moins gravement touchées. Si, inexplicablement, la voiture de service du général n’avait pas connu une panne subite, Williamson aurait été à l’heure à son bureau et aurait fait partie des morts. On pouvait dire que Gregory était un sacré veinard…

*****

1917. France.

L’offensive pour la reconquête du Chemin des Dames avait échoué.
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 Des mutineries éclataient parmi les troupes françaises. Afin qu’elles ne se propageassent pas à tous les Poilus du front ouest, le général Pétain, nouveau chef d’état-major général de l’Armée française, donna des instructions pour ménager le soldat. 
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Ailleurs, en Russie, les troupes se ralliaient aux Bolcheviks et refusaient de se battre.

*****

31 Août 1917.

Johanna von Möll avait regagné le château familial à Ravensburg.
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 Son oncle Waldemar était venu la chercher à la gare. La jeune fille avait été rappelée car l’état de santé de son grand-père s’aggravait d’une façon alarmante. Sa présence était donc désormais nécessaire et tous étaient persuadés que le décès de Rodolphe von Möll n’était plus qu’une question de semaines voire de jours. En effet, le baron en titre, cloué sur son lit de souffrance, était de plus en plus soumis à des accès de délire.
Ce fut dans cette atmosphère morbide que Johanna fêta son dix-septième anniversaire le 17 septembre. Wilhelm, qui bénéficiait d’une permission, y assista, au soulagement de sa fille si aimée.
Le colonel von Möll attendait avec une impatience non celée le décès de son père. Il rêvait de la fortune dont il devait hériter. Or, pour mémoire, celui-ci était en faveur du fils cadet, Waldemar. Wilhelm n’aurait dû recevoir que des miettes.
Toutefois, le fils aîné n’était pas dépourvu de ruse. Il savait user d’un moyen détourné, si nécessaire, pour parvenir à ses fins.
Ainsi, mettant à profit une crise de Rodolphe, il lui fit signer un autre acte testamentaire en présence de deux témoins, deux serviteurs, circonvenus et tout tremblants.
Mais qu’éprouvait le baron ? Que ressentait-il ? Que vivait-il dans ses accès de fièvre ?
Dans les brumes de son esprit, il croyait être cerné par tous les morts de tous les champs de batailles de l’histoire humaine.
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 Il les voyait sans cesse se relever, l’accuser de négligence, le désignant du doigt à la vindicte vengeresse de la divinité régnant sur les enfers, sur les ténèbres. 
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Des corps abominablement décharnés se dressaient devant les yeux du vieillard délirant. Les cadavres ambulants arboraient tous des visages terriblement défigurés par d’atroces blessures et leurs plaies dénonçaient la lâcheté de Rodolphe von Möll qui avait failli à sa mission de paix.
Les orbites vides des dépouilles formulaient des reproches muets qui venaient résonner aux oreilles ultrasensibles du baron en proie à la fièvre.
Le silence bruyant devenait intolérable et Rodolphe se mettait alors à pousser des cris.
- Non… Vous vous trompez. Je ne suis pas coupable, bégayait le vieillard aux yeux exorbités et larmoyants, aux lèvres bleuies et desséchées.
Rien ni personne ne parvenait à calmer cette souffrance, ces accès de folie.
Gerta n’en pouvait plus. Bien qu’aidée par Magda et deux infirmières qui veillaient au chevet du baron, l’épouse de Rodolphe était elle aussi au bord du burn out.
Le 29 septembre, surprise au château. David van der Zelden débarquait à Ravensburg avec armes et bagages sans prévenir. Il avait eu l’outrecuidance de s’inviter. Johanna, au lieu de marquer sa réprobation, accueillit le jeune homme avec aménité, un grand sourire aux lèvres. Rose de plaisir, elle présenta David à son père en terme exagérément flatteurs.
Quels étaient les buts du sieur van der Zelden ? Etait-il donc en train d’envisager une possible hyménée avec mademoiselle von Möll ? Wilhelm von Möll, l’héritier putatif de Rodolphe intéressait fichtrement le financier sans scrupules. A ses yeux, le colonel était la parfaite incarnation du Junker Prussien, qui pouvait promouvoir ses canons et ses armes nouvelles auprès de l’état-major.
Déjà, le si intéressé et mercantile jeune homme imaginait Wilhelm en mission chez les alliés autrichiens et turcs en train de signer de mirifiques contrats.
Fascinée, déjà éprise de David, Johanna buvait les moindres paroles du Hollandais. Au fond de son cœur, elle le parait de toutes les qualités. Séduite, elle le trouvait beau au-delà de l’imaginable, intelligent, instruit, raffiné. Encore quelques mois et elle tannerait son père afin qu’il lui accordât le droit d’épouser cette perle rare.
Faisant flèche de tout bois, David van der Zelden obtint un rendez-vous avec le banquier Rosenberg. Joseph n’allait pas tarder à investir des sommes importantes dans les industries d’armement dont le Néerlandais était le représentant.
Le banquier qui n’avait pas d’héritier mâle de son sang, venait tout juste de désigner Georgios comme son successeur. Joseph avait une excuse. Il voyait mal sa fille, qui relevait d’une poliomyélite, prendre la tête de son empire à sa mort.
L’automne parait d’ors, de rouille et de pourpre les arbres du parc de la propriété des von Möll. Insouciante de la longue agonie de son grand-père, Johanna prenait le soleil dans le jardin faisant face à sa chambre. A ses côtés, David faisait office de chevalier-servant. Volontiers, il poussait l’escarpolette sur laquelle mademoiselle von Möll se balançait. 
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Jouant les coquettes, Johanna se moquait à haute voix de son cousin Otto qu’elle trouvait gauche, timide, mal fagoté dans ses vêtements. Durant ces instants délicieux, elle osait aborder certains sujets et dévoilait ses espoirs à David.
- Vous savez, mon ami… Vous êtes bien mon ami, n’est-ce pas ?
- Bien sûr, mademoiselle Johanna…
- Ah ! Laissez tomber ce « mademoiselle », ce formalisme… je disais donc que l’an prochain j’aurai dix-huit ans. Mon père a promis de m’émanciper. Alors… 
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- Alors quoi ? S’enquit David avec impatience.
- Alors, je lui dirai que je vous ai choisi comme époux.
- Vous me faîtes un grand honneur… Johanna…
- Dites-moi, David, vous n’êtes pas venu jusqu’ici pour vos sordides affaires ?
- Vous êtes bien dur avec moi…
- Mais enfin, David… quand m’avouerez-vous votre amour ? Si vous m’aimez, c’est tout simple. Vous devez m’épouser, voilà tout.
- Euh… oui… j’éprouve pour vous quelque chose…
- C’est tout ?
- Je ne sais pas encore…
- Comment ? Vous ne savez pas ?
- Je ne suis jamais tombé amoureux, Johanna. J’ignore ce que cela fait…
- Moi, je vous aime. Je ne veux que vous comme mari. Ici, tout le monde m’obéit. Il en sera de même pour vous.
- Mademoiselle Johanna ! S’offusqua David.
- Quoi ? Les choses sont claires comme cela. Réfléchissez.
- Euh… je ne comprends pas très bien.
- En m’épousant, vous faites une bonne affaire. Je vous anoblis
- Quelques miens ancêtres l’étaient.
- Hem… Cela doit remonter à longtemps, lança Johanna avec cruauté.
- Pas tant que cela… au XVIIe siècle.
- C’est ce que je disais. A des lustres. Mon nom vous introduira dans tous les milieux huppés de Ravensburg mais aussi de Berlin… cela facilitera votre commerce…

Drôle façon de flirter, de courtiser… mais Johanna voulait David à tout prix. Alors… elle usait non de son charme mais de son rang et de son statut.

*****