samedi 23 octobre 2010

Mexafrica 2e partie : Chercheurs d'or 1936 chapitre 14.

Chapitre 14

Studios Warner, tournage de Chercheuses d’or 1937, avec pour vedette masculine Dick Powell.

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A cette époque, le crooner portait une fine moustache noire. C’était un habitué des comédies musicales de la compagnie et celle-ci avait déjà engrangé pas mal de dollars avec la série Chercheuses d’or, films chorégraphiés par Busby Berkeley.
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Joan Blondell tenait le haut du pavé dans ces délicieuses histoires au minuscule scénario. Mais la performance était ailleurs! Non pas dans les talents de chanteur de Dick Powell qui poussait la chansonnette dans le goût sirupeux de l’époque, mais bel et bien dans les ballets mis en scène au millimètre près. Notre beau brun pommadé de service prouverait, quelques années plus tard, qu’il valait plus que cela et qu’il était doué pour les rôles de composition. Encore une décennie et il réaliserait quelque chose de notable avec John Wayne…
En attendant, comme pour les œuvres rivales de la RKO où l’on pouvait admirer le couple vedette Fred Astaire et Ginger Rogers, l’histoire n’était en fait qu’un prétexte pour présenter des numéros chantés et dansés ultrasophistiqués dans des décors de rêve! Il fallait faire oublier aux spectateurs un quotidien bien gris.
Et, pour Busby Berkeley, par ailleurs réalisateur, cela signifiait des suites de « girls » dans des ballets kaléidoscopiques géniaux filmés en plongée ou encore dans une pénombre étudiée, fonds noirs dans lesquels se révélaient, presque à l’infini, des centaines de violons ou de pianos fantômes.
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Lesdites girls, plus ou moins déshabillées, surtout en 1932-1933 avant l’entrée en vigueur du code Hays, devaient se contenter de sourire et de parader ou de plonger et nager! Foin de véritable talent! La beauté seule suffisait! Des décennies plus tard, les réalisateurs devraient se faire seconder par l’ordinateur pour obtenir une précision aussi aboutie dans les figures des ballets!
Pour l’instant, en cette année 1936, qu’importe qu’elle fût déviée, dans le film en tournage, une fois de plus, la loi du genre s’appliquait! Toute comédie de ce type devait, bien sûr, s’achever par un final éblouissant qui effacerait les tours de force de ses prédécesseurs. Lors de Chercheuses d’or 1935, Busby avait produit son chef-d’œuvre, La Berceuse de Broadway. Aujourd’hui, son goût pour les parades et les défilés militaires, déjà sensible dans Prologue, dans lequel avait tourné James Cagney - à l’époque un acteur accompli savait tout faire - l’avait conduit à imaginer un défilé de girls en uniformes et minijupes, (avant l’heure), toutes portant des shakos, avec un ballet de bannières!
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Exigeant, Busby ne tolérait aucune faille chez ses «danseuses »!
Toutefois, le goût prononcé et connu pour la boisson du chorégraphe le conduisait, un peu trop souvent, au cabaret où l’on retrouvait et croisait les stars du temps et autres saltimbanques de la Mecque du cinéma. Depuis longtemps, les ligues de vertu s’escrimaient à demander la fermeture de ces lieux de perdition tandis que Louella Parsons ou Hedda Hopper
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défaisaient les réputations des vedettes! Ces dernières devaient dissimuler leurs faiblesses et leurs vices, sans parler de leurs préférences sexuelles. Dès lors, on ne comptait plus ni les scandales ni les mariages arrangés ni les divorces! Qui savait que George Cukor ou encore Cary Grant, qui n’allait pas tarder à percer, étaient homosexuels? Peu de têtes d’affiche osaient braver les foudres de la morale.
Ce soir-là, Dick Powell avait accepté d’accompagner Busby Berkeley au Blue Lagoon. A cette heure, le chorégraphe était encore relativement lucide. Dans la salle, un orchestre de jazz jouait Sophisticated Lady du Duke.
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Dans cette chrono ligne légèrement parallèle, le night club était fort réputé. De nombreux artistes noirs venus de tout le pays s’y produisaient car la vogue du célébrissime Cotton Club avait cessé depuis quelques années déjà! Tous ceux qui désiraient être vus et pousser leur carrière s’y montraient donc. Bien qu’il fût relativement tôt encore, toutes les tables étaient occupées, le bar bien garni, l’atmosphère passablement enfumée. Les cocktails de toutes sortes disparaissaient à vitesse grand V dans les gosiers desséchés.
Dans cette foule, Dick y aperçut un couple qu’il identifia instantanément: une petite femme brune pimpante et quelque peu rondouillarde et son mari, plus grand et plus âgé, le cheveu châtain grisonnant.
- Ah! Martin et Osa sont là! Je vais leur souhaiter le bonjour. Je te laisse.
- Fais comme tu l’entends; je ne suis pas pressé, répondit Busby en s’asseyant sur un haut tabouret devant le bar.
Osa racontait avec volubilité les dernières péripéties. Sa villa de Malibu avait été cambriolée! Aucun objet de valeur n’avait été dérobé sauf une espèce de cube, dont Martin et Osa avaient dissimulé les circonstances mystérieuses de la découverte, lors du tournage de Congorilla en 1932, cube dont on ignorait la fonction. L’objet avait été vainement expertisé et analysé par le scientifique et explorateur français Tournefort, justement assis là, vers le fond, en compagnie de son secrétaire et disciple, le Chinois Sun Wu!
Adelphe Fiacre noyait la triste nouvelle en buvant Martini sur Martini!
Osa affirmait que, mis à part la composition étrange du matériau et les caractères indéchiffrables qui recouvraient toutes les parois de l’objet, l’artefact n’avait rien d’extraordinaire!
- Peut-être, suggéra le crooner, s’agit-il d’un timbré de collectionneur prêt à tout pour enrichir sa précieuse collection? Ce cube était-il… assuré?
- Non! Nous n’avions pas jugé utile de le faire vu que nous ignorions s’il avait une véritable valeur!
- Alors, oubliez cet incident!
- Il n’empêche! Cela reste bien mystérieux comme fric-frac! Pauvre monsieur de Tournefort! Lui est plus bouleversé que nous!
A cet instant, une superbe Duisenberg crème s’arrêtait sur le parking du night club. Une grande femme blonde, sculpturale, descendit avec grâce de l’automobile. Lady Pirrott Neville, la mécène britannique arborait son chevalier servant, son fiancé officiel, Dieter Karl Von Maier, autrement dit le capitaine Hinckel! Un secrétaire, particulièrement stylé, répondant au prénom d’Hugues et sentant le gentleman d’une lieue, suivait ce couple à la mode. Pi Sigma se dissimulait sous les traits du factotum.
Lady Pirrott, devenue une familière des Johnson, se montra particulièrement attristée par la nouvelle de l’audacieux cambriolage. En réalité, Alexandra fulminait de rage et peinait à cacher sa colère. Elle ne comprenait pas comment son allié déca dimensionnel avait pu se faire distancer!
- M’auriez-vous dissimulé un fait important? Lança-t-elle en allemand dans l’oreille d’Hugues.
- Milady, conservez tout votre calme! Je sais qui a fait le coup!
- Ah! Parfait! Au moins comptez-vous récupérer l’objet au plus vite?
- La chose est envisageable…
Lady Pirrott dut se contenter de cette réponse formulée avec une douce ironie.
Nous, nous le savons, comme d’ailleurs Pi Sigma qui s’amusait de cette complication, les cambrioleurs se nommaient Zoël Amsq et Charles Merritt. Plus exactement, ils avaient chargé Varami du larcin. L’Achuar, nullement déstabilisé et troublé par ses nombreux voyages temporels, possédait la souplesse et l’habileté nécessaires pour se faufiler partout et accomplir les basses besognes.
Or, tandis que les noctambules s’enivraient ou abordaient les derniers potins, le bruit courait qu’un indépendant envisageait de se porter acquéreur des droits du roman Autant en emporte le vent, ils furent pris d’un léger vertige qui ne devait rien à l’alcool! En fait, le continuum espace-temps venait de subir un léger accroc, ce que comprit immédiatement  Sigma!
Osa qui discutait avec Dick Powell et Lady Alexandra fut victime d’un infime trou de mémoire aussitôt suivi d’un sentiment de déjà vu. Désorientée, elle tint fermement le dossier de sa chaise et fit avec un détachement feint:
- Aurais-je trop bu? Ce n’est pas dans ma nature! Il me semble que nous parlions d’un cambriolage… me trompé-je?
- Je crois, répondit son mari. Heureusement que notre demeure n’a pas été récemment « visitée »!
- Pourquoi cette inquiétude? Demanda le crooner. Possédez-vous donc une collection digne de susciter les convoitises?
- Pas du tout! Nous n’avons rien de spécial. Même cet artefact africain dont je vous parlais tantôt ne vaut pas le coup. Nul ne sait à quoi il sert!
Intérieurement, l’entité déca dimensionnelle bouillait.
- Une autre bande vient d’intervenir pour empêcher ce vol. L’histoire de cette harmonique a basculé et nous sommes maintenant connectés à une nouvelle fractale d’un 1936 à peine différent pour la plupart des gens! Cette action porte indubitablement la signature du daryl androïde. Il ne reste plus à mes frères qu’à prendre les mesures adéquates pour contrer Daniel Wu. Mais cet empêcheur de comploter à loisirs a obtenu un renfort de taille! Franz Von Hauerstadt a choisi de se commettre avec ce donneur de leçon! Décidément, la partie s’annonce encore plus délicate. Génial!
Tandis que Pi Sigma pensait cela, un couple accompagné d’un adolescent faisait son entrée dans le night club. L’homme, la quarantaine, d’une distinction rare, même les plus élégants crooners comme Fred Astaire ou le débutant Bing Crosby faisaient peuple à ses côtés, vêtu d’un smoking blanc immaculé, à la coupe du dernier chic, tenait délicatement le bras de son épouse, une splendide créature rousse, dans une robe noire à fourreau, le dos nu, la naissance des seins ornée d’une magnifique broche carrée en platine comportant en son centre un diamant de trois cents carats pour le moins, excusez du peu, les cheveux longs retombant sur ses épaules de déesse, coiffés avec recherche mais avec aussi un rien de familier, je songe à Veronica Lake
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dans Ma femme est une sorcière, tandis que le fils derrière, n’était pas moins remarquable, moulé dans un frac noir, les cheveux bruns et la moustache naissante du même ton. Le jeune homme admirait sans retenue les stars perdues dans la foule dont jusqu’à maintenant il n’avait vu que des photos: Marlene Dietrich, Greta Garbo, Jean Harlow, Claudette Colbert, Ginger Rogers, Louise Rainer, Mirna Loy et j’en oublie…
Faut-il vous nommer ce couple fabuleux? Franz et Elisabeth avaient emprunté l’identité de riches industriels spécialisés dans l’acier et la chimie : les Aarhenberg, d’origine germano-américaine. Raoul d’Arminville jouait le rôle du fils aîné à la perfection. Pourquoi pas?
A l’instant où la réalité avait basculé au Blue Lagoon, mais aussi dans l’espace, Zoël Amsq, Sir Charles et les séides de ce couple improbable, à bord du Raptor Haän équipé d’un translateur classique, s’apprêtaient à effectuer le saut quantique destiné à les amener en Auvergne vers 1249-1250, dans le but de récupérer la mandorle de gloire irradiante, plus exactement le multiplicateur d’énergie.
Or, le vaisseau qui n’avait pas encore atteint le luminique, fut lui aussi pris dans une distorsion aussi brève que violente. Lorsque le Raptor retrouva son assiette grâce à ses compensateurs inertiels, l’IA cube n’était plus accouplée aux autres éléments récupérés du bio translateur!
La colère d’Amsq éclata alors par vagues furieuses. Perdant tout contrôle, il se mit à hurler des imprécations et des malédictions.
- Grille dans les flammes incandescentes de l’Enfer, Daniel Lin! Que jamais celles ne s’éteignent! Espèce de fumier mâtiné de salopard et d’hypocrite! Je t’arracherai les yeux! J’en fais le serment! Je t’écorcherai vif! Je te dépouillerai de ton cœur et le mangerai encore palpitant! Je t’enverrai les vautours qui se repaîtront de ton corps pourrissant! Je t’attacherai à la proue de mon vaisseau et te plongerai dans l’embrasement lors de l’entrée en atmosphère! Tu regretteras d’être né, bâtard! Si je pouvais, je ressusciterais Tchang et Catherine afin qu’ils assistent à ta déconvenue et à ta mise à mort sans honneur! Quel dommage que tous deux aient passé l’arme à gauche!
Tout ceci fut jeté dans le meilleur français! Etonnant!
- Bigre! S’écria Merritt. Pourquoi tant d’insultes?
Le Britannique conservait son sang-froid et semblait fasciné par les propos de son compère.
- Ah! Évidemment vous n’avez rien compris! Stupide et obsolète humain!
- Je vous prie de rester poli ou sinon vous vous passez définitivement de mes services!
- Vous voulez savoir ce qu’il y a? Daniel Lin nous a doublés! Il a récupéré l’IA du bio translateur en manipulant le temps! Malgré la technique archaïque dont il dispose, il est parvenu à me damer le pion encore une fois! Ah! Pourquoi n’ai-je pas comme lui un cerveau hyper positronique? La vie est injuste!
- Mais cet incident peut être réparé!
- Certes, mais quel gaspillage! Il nous faut retourner chez les Johnson voler une nouvelle fois le cube dans la nuit du 8 au 9 juillet 1936! Non, désormais, Daniel Lin est sur ses gardes! Il me faut anticiper la venue du commandant Wu…
A cet instant, Varami afficha une mine de papier mâché. L’Amérindien gémit.
- Ma tête! Tout se mélange! Tout tourne!
- Luminique 1 immédiatement! Commanda alors le Haän.
Le vaisseau obéit à la voix en un dixième de seconde.
- Il était temps! Soupira Zoël.
- Pourquoi cette soudaine accélération? Questionna Sir Charles quelque peu secoué.
- Afin de ne pas annihiler notre première mémoire! Désormais, outre le fait que nous savons que nous avions déjà volé le cube, nous sommes également conscients que Daniel Lin et ses subordonnés sont intervenus!
- Donc le commandant Wu a triché. Mais comment?
- Il a certainement eu recours à lui-même, un lui-même plus âgé… mais j’ignore les détails.
- Cela sous-entend que le commandant a usé d’une technologie supérieure à la vôtre… Inquiétant!
- Tout à fait! Il faut absolument bénéficier d’une aide supplémentaire…
- Laquelle?
- Celle des Pi…Mais je répugne à les supplier! Tant pis! Je me débrouillerai!

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Revenons un peu en arrière. Le commandant Wu avait bel et bien agi comme Zoël Amsq l’avait suggéré. Foin du traité de Mowelle datant de 2353 ou 54... La situation pressait. Après tout Daniel disposait du soutien total des amiraux Venge et Trabinor!
Anticipant donc d’une journée l’arrivée de Amsq et de ses complices à Hollywood, se servant du chrono vision branché en continu directement sur son cerveau hyper positronique, le daryl, malgré ce qui lui en coûtait, avait ainsi obtenu tous les renseignements nécessaires: localisation de la résidence privée des Johnson, mais aussi positionnement des Haäns, des Pi, des alliés Velkriss et autres, topographie précise de Malibu et de la demeure des cinéastes, et bien d’autres broutilles encore! Le cube tant convoité se trouvait au milieu de la collection fourre-tout des explorateurs, mais solidement enfermé dans un coffre antédiluvien!
Cette collection hétéroclite contenait de nombreuses œuvres d’art d’origine africaine ou encore océanienne, des trophées de chasse, tout à fait répugnants aux yeux de Violetta, des armes, des peaux de zèbres, de lions, de zébus, de tigres, des fusils à foison, des caméras plus qu’encombrantes, des photographies jaunies disséminées dans la pièce, des pellicules et des bobines de films, le tout dans le plus grand désordre. Toutefois, les documentaristes avaient pris soin d’étiqueter et de répertorier lesdits films.
L’habituel déphasage avait permis au commandant Wu et à son équipe de passer inaperçus dans le ciel de LA. Le seul véritable problème avait résidé dans le nombre de passagers de la navette. Quatorze en comptant bien, alors que l’Einstein était conçue pour transporter au plus dix individus! Il avait donc fallu sacrifier une partie des réserves de vivres frais et se contenter de ce qu’offrait le synthétiseur.
Puis, Fermat, Irina et Kiku U Tu avaient placé le champ de force anentropique spécial donné par un Daniel âgé de six cents ans autour de la propriété des Johnson. Ainsi, Varami n’avait pu passer outre! Les  non plus!
Si l’Achuar avait insisté, il aurait fini en « pièces détachées » sur plusieurs dimensions à la fois! Dépité, l’Amérindien avait fait demi-tour alors que les moteurs du Raptor Haän avaient tenté en vain d’annihiler le « Mur » magnétique.
Il existait un moyen non pas de supprimer le champ anentropique mais d’interférer avec la barrière magnétique. Il suffisait tout simplement d’appartenir à l’équipage de l’Einstein ou encore d’imiter ou de dupliquer l’ADN d’Osa et Martin Johnson. En effet, il fallait bien que les propriétaires puissent rentrer chez eux sans encombre, non?
Ce tour de force réussi, il ne restait plus à l’équipage de l’Einstein qu’à s’emparer du cube. Daniel Lin aurait pu choisir la solution la plus simple, c’est-à-dire téléporter directement l’artefact dans la navette. Mais un dernier scrupule l’en dissuada. Il préféra user de moyens plus traditionnels.
Raoul d’Arminville allait enfin montrer son utilité dans cette partie de l’histoire! Franz et Elisabeth Von Hauerstadt allaient servir de passeport au futur gentleman cambrioleur! Les deux adultes devaient nouer des relations avec les Johnson, tenter de devenir des amis inséparables des documentaristes.
Tandis que le trio se préparait à faire son entrée fracassante au Blue Lagoon, le chrono vision branché en permanence décelait les moindres perturbations transdimensionnelles et ainsi relevait la présence d’un membre de la Dimension Pi dans le night club à la mode!
- Hillerman, fit Daniel calmement, d’une voix sans timbre, identifiez-vous les deux personnes qui accompagnent ce représentant des Pi?
Tony s’approcha de l’écran sphérique, se pencha et ne marqua pas sa surprise à la vue de la semi-entité. Le chrono vision révélait en effet l’aspect réel de l’être déca dimensionnel, c’est-à-dire celui d’une onde lumineuse difficilement stable.
Après quelques secondes, il se retourna vers le commandant qui avait croisé ses mains sous le menton et répondit:
- Euh… la grande blonde est Lady Alexandra Pirrott Neville, connue pour ses sympathies envers les Nazis… Son chevalier servant doit être le capitaine SS Dieter Karl Hinckel, naturalisé allemand… l’Anschluss n’a pas encore eu lieu… Ce Dieter Karl est le grand-père d’Heinrich Hinckel l’homme politique autrichien…
- Merci pour ces renseignements lieutenant. Franz venez s’il vous plaît…
- Oui, qu’y a-t-il Daniel?
- Avez-vous déjà rencontré ces personnages dans votre jeunesse? A Oxford, dans la haute société bavaroise ou berlinoise ou encore à Vienne?
- Non… je ne les ai pas même côtoyés!
- Dans ce cas, aucun risque qu’ils percent à jour votre identité?
- Ne craignez rien!
- L’enjeu est si important! Je prends le risque d’engager la partie! Le brouilleur d’ondes cérébrales fourni par mon alter ego n’a sur vous aucun effet secondaire?
- Tout va bien!
- Pour moi, c’est pareil! Fit Elisabeth avec assurance.
- Mais vous, Raoul?
- Aucun mal au crâne! Je pète la forme… mazette! Madame ma mère, vous êtes éblouissante! Siffla le jeune homme.
- Merci pour ce compliment sincère mon fils! Mais je vous recommande de jouer les blasés…
Une voix pointue et timide s’éleva alors. Elle appartenait à Violetta.
- Ne devriez-vous pas compléter votre robe d’un manteau? S’étonna naïvement l’adolescente. Je trouve votre tenue… un peu légère!
- Oh! Cette étole de vison blanc négligemment posée sur mon bras suffira amplement, sourit Elisabeth.
- Dans ce cas, jouez votre rôle madame la duchesse! Conclut Daniel Lin.

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A Hollywood, tout allait très vite: la mode, les liens d’amitié, les inimitiés, les amours, les haines… Bref, les Aarhenberg devinrent en quelques minutes presque intimes avec le couple d’explorateurs. Vainement, Lady Alexandra tenta de rivaliser avec la grâce et le charme d’Elisabeth. Elle fut obligée d’y renoncer!
Dès le lendemain, Osa invita Paul, son épouse et Klaus par téléphone à assister à une projection privée de films ethnographiques tournés par elle-même et son mari. On y voyait les différentes tribus Pygmées Aka, Mbuti, Bar-Benzélé dans leur vie quotidienne.
Le soir, tout était en place pour la réception un peu spéciale. Sans problème, les Aarhenberg s’infiltrèrent à travers le champ anentropique. Inexplicablement, Lady Pirrott Neville, Dieter Karl Hinckel ne purent pénétrer dans la propriété, souffrant de brusques et violents maux de tête dès qu’is s’approchaient un peu trop près du parc! Le couple dut faire demi-tour! Quant à Pi Sigma, il sentit bien la présence du champ de contention à une distance d’un kilomètre avant d’arriver à la propriété.
- Ah! Pensa-t-il fort contrarié. Je ne pourrai passer! Daniel Lin Wu a osé jongler avec les paradoxes! Si les Aarhenberg sont entrés chez les Johnson, c’est bien parce qu’ils sont les alliés du daryl! Je n’ai pu lire clairement dans leur esprit… CQFD… Le commandant a triché!
- Pourquoi ces maux de tête lorsque nous sommes à cent mètres de la pelouse des Johnson et plus rien à deux cents mètres? Fit Lady Alexandra d’un ton maussade en se massant les tempes. Expliquez-nous ce tour!
La jeune femme avait rejoint le faux Hugues depuis quelques secondes. A ses côtés se tenait le capitaine SS qui arborait également une mine contrariée.
- Nous avons affaire à une barrière infranchissable, ma chère!
- L’est-elle pour vous aussi?
- Hélas!
- Mais c’est très fâcheux!
- Que faisons-nous face à l’adversité? Demanda Dieter Karl tout en allumant une cigarette.
- Nous n’avons d’autre choix que de nous dissimuler derrière ce fourré et de guetter le retour des autres invités des Johnson.
- Agir comme de vulgaires espions! Méprisable!
- Qui sont réellement les Aarhenberg? Questionna l’Autrichien.
- Vos ennemis, les ennemis du IIIe Reich!
- Alors, nous devrions les éliminer, les tuer, jeta Dieter Karl avec désinvolture.
- Holà! Doucement! Pas ici, en Californie! Attirer sur nous l’attention nuirait à notre grand projet! Répondit le « secrétaire ».
- Avons-nous d’autres adversaires éventuels?
- Oui, Milady: les Chinois du Dragon de Jade.
- Une triade au service d’un seigneur de la guerre déchu?
- En quelque sorte, Milady…
Pendant ce temps, les Johnson, devant l’incompréhensible défection de Lady Pirrott Neville, envisageaient d’annuler la projection prévue. Mais le pseudo Paul parvint à faire changer d’avis les cinéastes.
Ainsi, après la visite du bric-à-brac, les Aarhenberg eurent droit non aux documentaires ethnographiques promis mais à un extrait de Congorilla!
- Chouette! Se dit Raoul. Je vais enfin voir de véritables images animées!
- Peut-être aurons-nous droit à la vision du cube dans son lieu originel avant son transport ici?
- Oui, nous pourrons ainsi avoir une idée du peuple qui l’a découvert le premier! Renchérit Elisabeth à l’oreille de Franz.

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De son côté, Daniel Wu, laissant la garde de la navette à André Fermat et à Antor, ne restait pas inactif. Accompagné d’Uruhu, il avait voulu visiter Hollywood, non mu par la simple curiosité. Avant tout, il voulait s’assurer que le chrono vision ne connaissait aucune défaillance et avait détecté tous les adversaires de L’Alliance des 1045 planètes, y compris quelques autochtones de cette époque, à commencer par un Sun Wu beaucoup plus jeune ainsi qu’une compagnie entière de SS. Mais quelque chose de plus secret, de plus enfoui, dont il n’avait nulle conscience le poussait également…
Quant au trio d’adolescents qui n’avait rien à faire de particulier, il avait obtenu la permission de se détendre et de jouer les touristes.
Si le commandant Wu excellait à se fondre dans le paysage, cette fois-ci c’était en usant d’extravagance! Non par sa tenue, mais par son véhicule! Son automobile, loin d’être anachronique, se montrait plus que luxueuse. On pouvait qualifier celle-ci d’excentrique.
Imaginez une Scarab, voiture révolutionnaire dotée d’une carrosserie monocoque de style ponton,
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c’est-à-dire sans garde-boue extérieurs apparents, un véhicule à édition limitée conçu par John Tjaarda deux ans auparavant à partir d’un prototype de Sterkenberg de couleur bleu métallisé. Cette auto appartenait à la catégorie des limousines extravagantes des années 1930 comme la Cord 812 aux phares rétractables ou encore la Pierce Arrow 1933, la Phantom Corsair, le véritable véhicule de Batman, la Chrysler Airflow, tous des engins caractérisés par leur aérodynamisme.
Dans ce temps dévié, Daniel serait le seul acheteur de la Scarab. Pour lui, qui disposait de diamants à volonté, une telle dépense somptuaire ne le gênait guère! De plus, après la mission, il comptait récupérer l’auto et la céder à Fermat qui collectionnait les engins de transport du temps jadis par amour de la mécanique. André ne se sentait bien que les mains dans le cambouis! Cette passion lui était venue alors qu’il travaillait comme ingénieur dans les usines Renault dans un 1966 issu d’une autre chrono ligne.
Pendant que le commandant Wu paradait dans son auto de milliardaire, en fait il observait tout, le moindre détail, y compris le plus prosaïque, s’imbibant des pensées et des émotions des gens qu’il croisait, Uruhu recherchait un job, même celui d’homme de peine ou de figurant dans les innombrables productions de films d’horreur alors en vogue dans les studios de la Universal ou encore dans les compagnies de vingtième ordre, les « Poverty Row »…
Notre K’tou, traînant un peu partout, fit une découverte étonnante et quelque peu dérangeante. Il vit un homme gorille en cage qui se dandinait et poussait de méchants cris sous les yeux des gogos qui avaient payé un dollar pour admirer ce triste spectacle. Immédiatement, le Néandertalien se rendit compte de la supercherie. Furieux, il lança de sa voix rauque et grave:
- Usurpateur! Menteur! Tu n’es pas un Pi’Ou, un frère des singes dressés! Honte à toi! Ton pelage est faux! Tu n’es qu’un tricheur de Niek’Tou déguisé en Pi’Ou gorille! Tu abuses de la crédulité des tiens pour du vil argent! J’ai la preuve de ce que j’avance: tes grognements n’ont aucun sens! Si tu avais été un véritable gorille, j’aurais compris ton langage!
- Chut! Mon vieux! Tu veux me faire perdre ma place? Tu as raison, mais je gagne ma
vie comme je peux… Si tu poursuis ton esclandre, le Studio va me jeter… répondit le faux gorille en ôtant son masque sous les yeux médusés des spectateurs.
Si Uruhu avait été un spécialiste de l’histoire parfois loufoque de Hollywood, il aurait reconnu les traits du comédien Charles Gemora,
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cantonné dans les rôles de faux gorilles. Ainsi, il avait tourné avec Bela Lugosi
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dans Double assassinat dans la rue Morgue quelques années auparavant et devait récidiver sous peu, ce serait son heure de gloire relative, dans la célèbre séquence du piano dans le film de Laurel et Hardy, Les Montagnards sont là. Avec Les As d’Oxford, cette pellicule serait le chef-d’œuvre du duo comique…
Sous les yeux ébahis du public, Gemora sortit de la cage, sa pseudo tête sous le bras et, sans rancune, invita le Néandertalien à prendre un verre. Le comédien, intrigué par l’allure et les paroles du K’Tou voulait en apprendre davantage. Uruhu avait beau dissimuler sa particularité physique sous un chapeau mou, ses cheveux longs blond pâle lui retombant sur le front et dans le cou, mais visiblement cela ne suffisait pas à un œil entraîné pour voir qu’il n’était pas normal.
Devant une bière, le Néandertalien s’ouvrit quelque peu.
- Peux-tu réellement comprendre le langage des anthropoïdes? Commença Gemora.
- Euh… oui… C’est tout naturel pour moi… je n’y ai aucun mérite.
- Tu cherches un job, m’as-tu dit?
- Il faut… croûter.
- Ton cas pourrait intéresser trois personnes ici. Par exemple, le jeune écrivain Lyon Sprague de Camp.
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Il s’est spécialisé dans la SF.
- SF?
- Science-fiction! Ça n’a pas bonne presse aux yeux des gens cultivés, mais les jeunes ne lisent plus que ça!
- Euh… les deux autres personnes, qui sont-elles?
- Les documentaristes Osa et Martin Johnson.
- J’en ai entendu parler…
- S’ils devaient tourner un prochain film en Afrique, tu pourrais leur servir d’interprète.
- Euh… je ne préfère pas. La chaleur me rend mal à l’aise. Par contre, ta première suggestion m’agrée.
- Dans ce cas, viens! Je te conduis chez l’écrivain. Présentement, il est à LA…
Sprague de Camp allait bien vite deviner qu’Uruhu était un authentique homme de Neandertal, survivant au XX e siècle par on ne sait quel miracle. Plus tard, cette rencontre allait lui inspirer la nouvelle L’homme tortu. Voici comment un des membres du Langevin imprima sa marque dans la petite histoire! Cet accroc minime fut amplement supporté par le continuum espace-temps.

***************

Tandis que les Von Hauerstadt admiraient les collections des Johnson ramenées de leurs différentes expéditions en Afrique Noire et Papouasie, Hugues, autrement plus connu sous le nom de Pi Sigma, finalement nullement démonté de n’avoir pu pénétrer dans la villa, sortit du « néant » tout un matériel d’espionnage provenant de la fin du XX e siècle. Il y avait là des émetteurs radio récepteurs, des mini micros directionnels, des minuscules appareils phots numériques, des caméras microscopiques, des caméscopes, merveilles de miniaturisation, des lunettes infrarouges, et bien d’autres objets encore!
- D’où provient tout cela? S’exclama Dieter Karl, toussant de surprise.
- D’un futur relativement proche, mon naïf allié!
- A quoi tous ces appareils vont-ils nous servir?
- A voir et à écouter ce qui se passe chez les Johnson, tout simplement.
- Mais nous sommes à plus de cent cinquante mètres! C’est impossible!
- Voici pourquoi j’ai emprunté cette technologie à nos amis américains de 1999! Maintenant, tous deux, taisez-vous et regardez!
Dans le salon qui servait de salle d’exposition, Elisabeth montrait peu d’enthousiasme devant les trophées de chasse. Elle trouvait morbide cet étalage de dépouilles. Franz, lui, fut davantage attiré par les collections d’armes Masaï, Zoulou, Pygmée ou néo-guinéennes. Intéressé, il questionna Martin sur les techniques de chasse employées par ces peuples.
Les objets d’art tribal permirent aussi à Paul Aarhenberg d’afficher son ouverture d’esprit ethnographique. Pour le Germano-américain, ces œuvres n’étaient pas produites par des « sauvages » mais par des hommes proches de la Nature qui, instinctivement, avaient le sens de la beauté.
Enfin, arriva la projection de Congorilla.
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A l’extérieur, toujours dissimulé dans les fourrés, Pi Sigma prévint Lady Alexandra.
- Attention! Ils entrent dans le vif du sujet.
- Il était plus que temps! Soupira la jeune femme. J’ai des fourmis dans les jambes à force de rester accroupie!
- Vous devriez fréquenter les salles de gymnastique plus souvent, ma chère! J’augmente la puissance des appareils.
- Vous maniez ces engins à la perfection, le complimenta Dieter Karl.
- Evidemment! Lorsqu’un membre de la Dimension Pi apprend l’utilisation d’un objet obsolète fabriqué par les humanoïdes, immédiatement, toute la communauté bénéficie de cette nouvelle connaissance!
Devant l’écran de contrôle du caméscope, de larges extraits du documentaire Congorilla défilaient. Dans le salon, Martin s’occupait du projecteur tandis qu’Osa commentait les images. Nos espions patentés ne perdaient rien de ce qui se disait. Pour eux, l’aubaine était mirifique!
Le film projeté était la version non amputée, version mentionnée par Adelphe Fiacre de Tournefort devant les trois adolescents au musée de l’Homme en 1978, conservée par les documentaristes. En permettant aux Aarhenberg de visionner la version intégrale de leur documentaire, les Johnson faisaient preuve d’une grande confiance.
Tandis que les adultes, intéressés par ce qui se déroulait sur l’écran, oubliaient Klaus, celui-ci mettait à profit sa relative liberté pour visiter les différentes pièces, toujours armé de son plus charmant sourire adressé aux domestiques.
Pendant ce temps, Franz découvrait la mystérieuse grotte qui avait renfermé le cube. Il fut troublé par la scène de la mort du messager provenant manifestement d’un Univers différent. Cependant, il ne put entendre les dernières paroles du mourant, le passage capital étant dépourvu de piste sonore. Osa évoqua toutefois les propos de « l’Atlante » avant qu’il meure.
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- Ce langage étrange, pratiqué par notre inconnu, ne reposait pas seulement sur les sons articulés, renseigna-t-elle. Il me semble que les ondes émises dépassaient souvent notre capacité auditive!
- Intéressant! Dit Elisabeth. Peut-être s’agissait-il d’infrasons ou d’ultrasons?
- Je l’ignore. Je n’ai retenu qu’un seul terme de ces étranges paroles: Stankin… Un nom?
La jeune femme rousse ne put retenir un léger tressaillement lorsqu’Osa prononça ledit nom. Heureusement, sa réaction échappa aux Johnson.
A plus d’une centaine de mètres de là, Pi Sigma commençait à manifester des signes d’impatience et de colère.
- Le couple va dévoiler le cube à ses hôtes! Il nous faut agir au plus vite! Or, je suis impuissant face à ce maudit champ anentropique de contention!
- Euh…. Émit alors Dieter Karl, avez-vous remarqué que le jeune homme s’est esquivé dès que le projecteur a été allumé?
- Pff! Que craignez-vous? Ce n’est encore qu’un enfant!
- Moi, je doute qu’il soit réellement le fils des Aarhenberg! Lança perfidement Lady Alexandra. Il ne ressemble à aucun des deux parents!
- Milady, souffla la semi-entité excédée, vous vous attachez trop aux apparences!
Dans le salon, Osa poursuivait le commentaire de la récupération du cube mystérieux.
- … depuis que nous l’avons transporté ici, à Malibu, nous le conservons en lieu sûr, dans un coffre-fort que nous avons installé à la cave! Bien évidemment, nous l’avons fait analyser par un scientifique indépendant d’origine française, explorateur comme nous deux, mais plutôt spécialiste de l’Amazonie, je l’avoue. Justement, il soutient que les peuples précolombiens descendent des Atlantes!
Une petite parenthèse s’impose. Elisabeth et Franz peinèrent à conserver leur sérieux devant cette énormité. Tous deux connaissaient la propension de Tournefort à émettre les hypothèses les plus folles.
Mais Osa continuait comme si de rien n’était.
- Après de nombreuses heures passées à examiner l’artefact, Tournefort conclut que l’objet provenait bel et bien de l’Atlantide!
Elisabeth se retint juste à temps de jeter: « mais c’est absurde! ». Franz, plus maître de lui, se contenta de sourire.
- … le « métal » structurant le cube serait un composé d’orichalque, d’électrum et de titanium, avec, peut-être, un soupçon de minerai extraterrestre.
- Et tout ceci, fascinant, est, naturellement resté ignoré du grand public?
- Mais oui, mon cher Paul! Proféra Martin.
- Avez-vous quelques connaissances sur les métaux et leurs propriétés? Demanda Osa innocemment.
- Évidemment! Répliqua Paul avec aplomb. J’ai une formation d’ingénieur chimiste.
Elisabeth comprit alors que les Johnson envisageaient une contre-expertise du cube. Son mari paraissait devoir s’en charger!
- Descendons à la cave, fit Osa. Nous allons vous présenter cette énigme archéologique. Mais, auparavant, nous devrons revêtir des combinaisons de protection! Adelphe Fiacre de Tournefort a, en effet, remarqué que le cube émettait un rayonnement légèrement radioactif!
- Tiens! C’est nouveau! Pensa Franz. D’après Daniel, l’objet est inoffensif! Bizarre!
Les quatre adultes et Klaus, qui était revenu entretemps, passèrent donc sur leurs vêtements ordinaires des protections dérisoires. Jugez un peu! De grandes capes de toile cirée doublée d’une fine couche de plomb!
La cave, parfaitement éclairée, présentait des murs nus bétonnés. Sur le fond, un coffre en plomb renforcé se détachait.
- Avant de l’ouvrir, il vous faut enfiler ces cagoules! Recommanda Martin d’une voix frémissante.
- Oui! Il y a danger de mort! Renchérit son épouse.
- Euh… siffla Raoul. J’ignorais ce détail! Je tiens à ma peau, moi!
- Silence! Lui murmura Franz sévèrement à l’oreille. Tout cela c’est de la frime!
- En êtes-vous absolument certain? Daniel a pu… mentir par omission!
- Ce n’est pas son genre!
Lentement, Martin ouvrit le coffre. La combinaison chiffrée fut immédiatement mémorisée par l’adolescent: 0-7-0-4. La date de la fête nationale américaine!
« Fastoche à retenir »! Se réjouit Raoul.
Dans les fourrés,  Sigma avait distinctement capté les déclics de la combinaison. Comment s’emparer du cube, sacré bon sang? Ah! Fallait-il donc en appeler à Johann?
L’artefact, tout auréolé de son mystère, s’offrit enfin à la vue des Aarhenberg. Le bref temps alternatif mis en branle par le vol de Zoël Amsq s’était évanoui comme un mauvais rêve. Franz, ne cédant pas à l’admiration béate, observa le cube, remarquant ses particularités, le détaillant avec une objectivité toute scientifique.
- Il s’agit bien là de l’Intelligence Artificielle du bio translateur! Les schémas présentés par Daniel correspondent à l’objet que j’ai sous les yeux. Pensa-t-il.
- A vous de jouer mon « fils »! Murmura Elisabeth.
- Oh! Rassurez-vous! Je serai à la hauteur, ma « mère »!
- Je suggère de remonter au plus vite, dit alors madame Aarhenberg d’une voix étouffée par la peur et l’angoisse. Je me sens étrangement incommodée…
- Les radiations! S’écria Osa en chevrotant. Je ne voudrais point mettre votre santé en danger! Je m’en sentirais responsable!
Précipitant ses mouvements, Martin se hâta de refermer le coffre. En quelques secondes, tous regagnèrent le salon.
Après avoir obtenu l’assurance de Paul que ce dernier analyserait l’artefact, les Johnson prirent congé des Aarhenberg avec amabilité. Les milliardaires repartirent dans leur véhicule de luxe. Mais alors que la Cadillac stoppait avant de passer la grille de la propriété, Raoul sauta avec souplesse hors de la voiture et se dissimula derrière un buisson de roses. Il allait commettre le vol cette nuit même!
Ce plan, d’une simplicité magnifique, présentait une faille. Pourquoi ne pas téléporter directement le coffre et son contenu à bord de l’Einstein? Les réticences de Daniel étaient incompréhensibles. Sauf s’il était manipulé inconsciemment par le mystérieux et puissant Johann.
Pi Sigma, toujours à l’affût, vit l’adolescent s’introduire sans anicroche dans la villa. Se faufilant avec dextérité, ce qui dénotait déjà une certaine expérience, notre cambrioleur parvint à éviter les Johnson et descendit à la cave où le cube était enfermé. Comme il avait retenu la combinaison, ce fut pour Raoul une simplicité enfantine d’ouvrir le coffre. Très costaud, ne se préoccupant plus des radiations puisque Franz l’avait rassuré là-dessus, le futur gentleman cambrioleur sortit l’IA, vérifia que tout allait bien avant de la déposer sur le sol cimenté.
- Mmm… Mon transpondeur fonctionne. Signal de télé transfert. Maintenant, murmura-t-il à l’adresse d’un interlocuteur invisible.
C’était là que le bât blessait! Pi Sigma sentit aussitôt les boucliers anentropiques s’abaisser afin de permettre la télé portation de l’objet tant convoité. Alors, l’entité déca dimensionnelle, mettant à profit la demi-seconde dont elle disposait, agit au niveau quantique! Nul besoin de l’intervention de Johann dans cette histoire! Quoique… quelque chose de bien plus ténébreux se réveillait…
Passant en déphasage par rapport à ce temps-ci, le Pi intercepta l’IA qu’il plaça à l’abri à l’intérieur d’une autre réalité quadridimensionnelle, dans un micro-univers, activé pour l’occasion.
Mais ce n’était pas tout! En s’accaparant de l’objet, le représentant de la Dimension Pi avait également imité la signature quantique de télé portation de l’Einstein. Raoul ne se rendit compte de rien. Très rusée, la semi-entité créa parallèlement un faux cube qui présentait toutes les particularités extérieures du vrai alors que, naturellement il y manquait les propriétés principales, détectables après un examen poussé. Le faux artefact se matérialisa à la place de son jumeau sur un des plots de l’Einstein. Fermat, roulé dans les grandes largeurs, poussa un ouf de soulagement lorsqu’il crut le cube récupéré.
Tandis que Raoul, la satisfaction du devoir accompli sur son visage, rasant les murs, se faufilait à l’extérieur puis courait rejoindre Franz et Elisabeth qui l’avaient attendu, un peu plus loin à un tournant, Pi Sigma rassurait ses alliés.
- Nous pouvons quitter la place!
- Comment cela? Il ne s’est rien passé si ce n’est que l’ennemi est entré en possession du cube! S’écria Lady Alexandra fâchée.
- Que nenni! Je suis parvenu à doubler l’équipage de l’Einstein. Il a commis l’erreur que j’espérais!
- Encore ce nom maudit! Rugit Dieter Karl.
- Mon ami, un peu de sang-froid, je vous prie. Si nous remportons la bataille finale, je vous garantis que ce Juif n’aura jamais existé!
- Merci!
- Ne nous attardons pas, recommanda l’entité. Rangeons tout au plus vite!
Les deux humains daignèrent alors aider le .


***************

Pendant que les Von Hauerstadt et Raoul d’Arminville croyaient mener à bien le vol de l’IA cube du bio translateur, Daniel Wu faisait visiter La Mecque du cinéma à Violetta. La jeune métamorphe avait presque usé de chantage pour obtenir cette récréation. Elle refusait de rester « prisonnière » disait-elle à bord de la navette tandis que Pacal, Ivan et Geoffroy bronzaient paisiblement à la plage ou sur les bords des piscines huppées, draguant les filles, et que Raoul s’adonnait à son péché mignon!
- Je m’ennuie ici, tu n’as pas idée! Avait-elle geint. Si tu ne m’amènes pas avec toi, je vais toute seule au Blue Lagoon et j’y sème la panique en me métamorphosant en fiancée de Frankenstein ou encore en zombie!
- Décidément, les pistes parallèles changent mais pas ton indomptable caractère!
- Alors, tu cèdes?
- Alors, nous allons visiter les studios de Walt Disney! Pour informations!
- Ouah! Super!
- Mais ce n’est pas encore la grande machine que tu connais!
- Ouais! J’ai compris! Blanche-Neige est simplement en cours de réalisation! Tant pis! Je m’en contenterai!
- Peut-être y croiserons-nous Clarence Nash, la voix de Donald
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ou Carl Barks!
- Ce serait génial! Le créateur d’oncle Picsou!
- Là, tu as un peu d’avance!
Pourquoi le commandant Wu semblait-il perdre aussi stupidement son temps dans de semblables puérilités? Cela faisait partie d’un de ses traits dominants de caractère. Souventefois, il avait besoin de décompresser, de lâcher du lest, surtout lorsque la pression se faisait intense et que les responsabilités pesaient trop sur ses épaules. Toujours, il rattrapait le coup et parvenait ensuite à triompher de l’adversité. C’est là l’explication officielle. Pour percer le mystère, il faudra se montrer patient…
Effectivement, les studios Disney, même s’ils s’étaient agrandis depuis l’ère pionnière, avaient toutefois conservé un je ne sais quoi d’artisanal. De nombreux bâtiments étaient construits en préfabriqué et, à l’intérieur, il y régnait une atmosphère joyeuse, bon enfant, des plus loufoques. C’est ce que recherchait avant tout Daniel car il trouvait que son existence manquait de fantaisie. Dans la plupart des locaux, on pouvait entendre des orchestres étranges sonoriser le DA Mickey magicien ou encore voir des bruiteurs utiliser des objets hétéroclites et incongrus pour coller aux images qui défilaient sur des écrans test.
Dans ce désordre, nul ne s’occupait de vous ni demandait qui vous étiez.
Violetta fut un peu déçue de ne point apercevoir son idole le fabuleux Carl Barks. Grâce aux holo reconstitutions du Langevin, elle savait à quoi ressemblait le dessinateur. Alors, pour s’amuser et compenser, elle prit son apparence!
Ainsi, mine de rien, elle pénétra dans un atelier où trois personnes s’attelaient à croquer les images d’un courageux ânon. Avec un aplomb incroyable, elle alla jusqu’à suggérer des gags totalement loufoques dignes du Tex Avery de la période mythique!
- Ce n’est pas un peu forcé, ça?
- Ouais! Jamais le patron n’acceptera cette idée du coup de marteau!
- D’abord, il sort d’où?
- Qu’importe les gars! Nous sommes dans un DA… la logique n’a plus cours.
- Bah! Tu oserais toi, mettre ce canon dans les mains de Donald lorsqu’il est furieux? C’est pas un peu trop violent?
- Non! Pas du tout! Il faut aller plus loin que nos concurrents dans le nonsense!
- Puisque tu le dis, Carl!
Satisfaite de son tour, Violetta se retira pour se heurter aussitôt à Clarence Nash, un autre personnage haut en couleur. Aux anges, elle entama avec l’ancien chauffeur de taxi une conversation mémorable.
- Tu penses à préserver ta voix au moins pour l’enregistrement de demain?
- j’t’lai déjà dit ce matin!
- Ah oui! Pas trop difficile d’enregistrer en français ou en espagnol?
- Pff! De toute manière personne ne comprend ce que dit Donald! Il est toujours en colère…
- A cause de sa maladresse. C’est un gaffeur de première!
- Tout à fait!
- Pour les neveux… tu sais, je les trouve pas très propres…
- J’suis d’accord avec toi!
- J’envisage de modifier leurs caractères dans une prochaine histoire, de les rendre plus sympathiques, quoi!
- Je ne peux qu’approuver! J’espère que le big boss fera de même!
- Pas de lézard!
- Tu veux me demander quelque chose, Carl?
- Un service qui ne te coûtera rien… Voilà: un autographe pour une nouvelle voisine!
- Tss! Tss! Elle est jolie au moins?
- C’n’est pas ce que tu crois! Une gamine qui t’admire depuis le début! Tiens, voici son carnet.
- Mazette! Que du beau monde! Oliver Hardy, Stanley Laurel, Charles Chaplin, Tex Avery, William Powell, Junie Astor, Joan Blondell,
http://files.myopera.com/edwardpiercy/blog/Joan-Blondell-4.JPG
Ginger Rogers, Fred Astaire, Mirna Loy, Bing Crosby… Tiens! Un nom que je ne connais pas: Ingrid Bergman…
- Une débutante qui, à mon avis, fera une carrière fabuleuse!
- Gary Cooper, Franchot Tone, Ray Milland, Cary Grant…
- Je sais, ce carnet vaut de l’or! Bon… alors, tu mets simplement: pour Violetta, avec mon meilleur souvenir, et tu signes en n’oubliant pas de dater… Mmm… parfait! Merci pour elle!
- Satisfait, Carl?
- Tu parles! A la revoyure, Clarence!
En riant comme Woody Woodpecker, la métamorphe s’esquiva en sautillant!
Pendant ce temps, plus posé, Daniel Wu avait pénétré dans un des ateliers où toute une équipe préparait une scène du long métrage Blanche-Neige qui ne devait sortir qu’en 1937. Tout aussi avide et admiratif que sa nièce, le daryl put se pencher sur des crayonnés de la séquence de la fête des sept nains. Avec plus de toupet encore que Violetta, usant de son sourire et d’hypnose, il faut en convenir, Daniel prit connaissance des projets les plus secrets de Walt Disney. Ainsi, il vit le synopsis et le story board d’une scène sur la vie à la fin du Crétacé, peu avant la disparition des dinosaures, le tout basé sur une série de croquis supposés paléontologiquement exacts.
Les dessins détaillaient le combat du T Rex contre le stégosaure! On reconnaissait également des diplodocus et autres « monstres ». Se mêlant de ce qui ne le regardait pas, son amour de la bio paléontologie étant le plus fort, Daniel se permit de faire quelques observations pertinentes mais fort déplacées vu les connaissances de l’époque en ce domaine!
- Harry êtes-vous absolument sûr et de vos sources et de l’exactitude de vos reconstitutions?
- Voyons! C’est le dernier état de la recherche, Danny! Tu connais Walt!
- Euh… c’est que, pour moi, il y a pas mal d’anachronisme. Je vous suggère de ne pas mélanger des animaux nullement contemporains!
- Mais ils ont tous vécu ensemble!
- Pas d’accord! Je vois là un croquis de Dimétrodon, ce lézard « à voile »… j’ai appris qu’il remontait à l’ère primaire. Et pourquoi avoir dessiné certains dinosaures carnivores avec une corne sur le museau?
- Est-ce tout comme erreurs? Tu m’inquiètes sérieusement là!
- Attends! Pourquoi les Parasorolophus sont-ils munis d’une membrane qui suit leur crête et qui, ensuite, descend sur leur dos?
- Dis-moi donc que j’ai tout faux!
- Pour l’état de la paléontologie de 1936, non! Mais pour l’avenir!!! D’ici cinquante ans, on affirmera que le stégosaure n’a pas pu être mangé par le tyrannosaure…
- D’ici cinquante ans? Tu es sûr?
- A peu près! Désires-tu un modèle plus réaliste? Je puis le dessiner ou, mieux, le montrer: un Troodon, à mâchoire crocodilienne et pourvu d’une queue balancier…
- Tu veux me refiler un automate, c’est ça!
- Non! Faire rencontrer à toute l’équipe un authentique dinosauroïde!
- Quel farceur ce Danny!
- Euh… je n’insiste pas… Salut, Harry!
Se rendant compte qu’il avait failli modifier les connaissances de ce 1936, Daniel se retira, quelque peu confus. Il se hâta de rejoindre Violetta.
Tous deux sortirent enfin des studios Disney. Malgré l’heure tardive, l’activité ne cessait pas. Un message attendait le daryl androïde. Irina l’informait de la réussite de la récupération du cube des Johnson.
Daniel, nous objecterez-vous, aurait dû rester à bord de l’Einstein. Mais il n’avait pas jugé utile de le faire puisque Antor était, a priori, capable de détecter toute anomalie. Effectivement, le vampire avait bien ressenti une légère interférence lors du transfert de l’IA, mais son trouble n’avait atteint que le niveau subliminal. Or, il en aurait été de même pour le Génie de la Galaxie!
Lorsque les deux amis furent de retour à bord de la navette, Antor, à son tour, obtint la permission de se détendre. Quant à Uruhu, tout émoustillé, sortant de sa réserve habituelle, il déclara à son supérieur qu’il venait de décrocher un rôle dans un film d’horreur de série Z, intitulé: The revenge of the Ape Man. Il y doublait Charles Gemora dans les scènes dangereuses où le mi-gorille mi-néandertalien devait escalader des arbres et des façades d’immeubles, décors en carton-pâte de dix mètres de haut, tout au plus, rassurez-vous!
Bref, il était temps de gagner une autre époque non sans avoir vérifié que le cube était en état de marche…

***************

Antor se rendit lui aussi au Blue Lagoon, le night club à la mode. Bela Lugosi y faisait un saut régulièrement, aux alentours de minuit, l’heure de sortie des vampires, costumé, comme de bien entendu en Dracula, le rôle qui l’avait rendu célèbre, portant un frac et une cape noirs, un maquillage étudié lui conférant la pâleur adéquate et les lèvres passées au carmin.
Notre véritable vampire, fasciné par son pendant à l’écran, observa longuement le comédien tout en songeant amèrement qu’il n’y avait pas si longtemps qu’il avait éprouvé un plaisir immense à se nourrir du sang de deux pourris, à savourer sadiquement le dessèchement accéléré d’un podagre répondant au nom de Yoel Navon et à planter ses canines dans la nuque d’Hikaru Tagawashi, à boire cette ambroisie, ce nectar divin tout en s’appropriant les horribles pensées des deux politiciens.
Lugosi, assis à sa place habituelle, dans la pénombre, devant une bouteille de vin blanc des rives du Danube, les yeux perdus dans le vague, paraissait s’ennuyer ferme. Mais voilà! Pour exister, continuer à faire carrière, il fallait se montrer à Hollywood! Sinon, vous dégringoliez très vite les marches du succès et le public, véritable girouette, vous oubliait en moins d’un trimestre.
Antor s’approcha de l’acteur et lui dit d’une voix suave dans un anglais impeccable:
- Pardonnez-moi mon outrecuidance, monsieur Lugosi, mais je suis un de vos plus anciens admirateurs!
Le comédien mit quelques secondes à réagir. Malgré ses longues années aux Etats-Unis, il maîtrisait difficilement la langue du pays.
- Euh… je ne vois pas du tout en quoi j’ai pu forcer votre admiration, fit-il avec un accent étranger prononcé.
D’un geste large, non dépourvu d’élégance, il invita Antor à s’asseoir en face de lui.
- Mais votre rôle de Dracula! Reprit le mutant. Vous y êtes si naturel, si loin de toute exagération!
A ce compliment, Lugosi écarquilla les yeux, réfléchit et répondit:
- Ah! L’absence d’artifice! Un maquillage léger et non des postiches et des accessoires invraisemblables! Bref! Il me fallait faire oublier un Nosferatu vulgaire! J’ai compris dès le début que Dracula ne pouvait séduire qu’en paraissant tout à fait humain. Du moins, il me semble!
Antor sourit et approuva.
- Vous avez eu entièrement raison! Le bruit court que vous dormez dans un cercueil revêtu de votre costume de scène…
- Ah! Non! Publicité des studios relayée par la presse! Chez moi, il est vrai que j’ai fait refaire la décoration et comme j’aime le style gothique, mes meubles et tous les objets semblent provenir d’un château hanté avec de fausses toiles d’araignées en prime! Vous savez, je suis Hongrois, et donc plutôt porté sur la mélancolie…
- Je vois…
- Un décor romantique, tourmenté, s’harmonise très bien avec mon humeur. Que voulez-vous? Je vis si loin de ma terre natale, sans espoir d’y retourner un jour! J’ai donc droit à quelques fantaisies!
- En lot de consolation. Je comprends tout à fait.
- Vous aussi, je le sens à votre ton, vous êtes un exilé, un… paria…
- En quelque sorte. Je me qualifierai plutôt de survivant! Est-il vrai aussi que dans La marque du vampire, vous avez cru presque jusqu’au bout tourner dans un film d’horreur et non dans une parodie?
- Ah oui! En effet! Le réalisateur et le scénariste s’étaient montrés cachottiers! Pour l’authenticité du jeu, ont-ils déclaré ensuite!
- Quand avez-vous compris votre erreur?
- Lors de la scène finale seulement, tournée en dernier!
- Certains parlent d’une rivalité qui ne serait pas que de façade avec Boris Karloff!
- Celui-là, depuis son rôle dans Frankenstein et sa prestation dans La Momie, la gloire lui est montée à la tête!
- Pourtant, vous avez bien joué ensemble, non?
- Le studio nous y a forcés! Je n’étais pas d’accord, loin de là!
Sentant que Lugosi commençait à se fâcher, peut-être un début d’ivresse, Antor prit congé poliment. Il fit bien. Son bras droit le chatouillait, signe qui ne trompait pas. Il recevait une communication par transpondeur intradermique du vaisseau Einstein. S’isolant, il écouta Fermat dont la voix vibrait de colère.
- Nous avons été bernés! Le cube des Johnson est un faux!
- Comment cela?
- Peut-être y-a-t-il eu substitution au moment du transfert! A cause des boucliers que nous avons dû baisser…
- Vraisemblable! Mais c’est là l’œuvre d’un Pi, non?
- Mais pas l’un de ceux alliés à Zoël Amsq!
- Qui vous rend si affirmatif?
- Le chercheur use habituellement de plus de brutalité!
- La situation se complique. Cela sous-entend que ce sont désormais les Nazis qui disposent maintenant de cette arme terrible!
- Oui! Daniel est parvenu à la même conclusion! Mais ce n’est pas tout!
- Que peut-il y avoir de pire?
- Kiku U Tu reste introuvable!
- Ah bon! Il a donc effectué une virée sans transpondeur!
- Avec vos dons spéciaux, vous pourriez vite le localiser et le ramener promptement à bord…
- Oui… je puis me charger de cela…
- Saurez-vous lui faire entendre raison?
- Sans problème, André! Après tout, ce lézard mal dégrossi a besoin d’une petite leçon.
- Malgré la situation, vous avez envie de rire, Antor!
- Il y a de quoi! Mon ami, imaginez qu’il y a à cette heure-ci une sorte de Velociraptor en liberté en plein Hollywood! Quelle panique il va provoquer! Et quel scénario magnifique pour les plumitifs!
- Oh! Oh! Un succédané de Jurassic Park!
- Vous me comprenez, je constate! A plus tard donc, avec le lieutenant U Tu… transformé en agneau!

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Une fois l’IA cube en sa possession, Pi Sigma la connecta sur un translateur que la Dimension avait volé dans une autre chrono ligne et dont ensuite, elle avait fait don à l’Allemagne nazie! Face à ses hommes galvanisés par ce succès, le dénommé Hugues, secondé par Dieter Karl Hinckel, dans un hangar sous-loué quelque part entre Malibu et Santa Barbara, expliquait l’importance dudit cube pour la réussite de la manœuvre trans temporelle à des troupes qui lui étaient tout acquises.
Lady Alexandra buvait les paroles du faux humain tandis qu’Hinckel se pavanait sur une estrade improvisée. Cependant, les SS, figés dans une pose impeccable, restaient attentifs. Ce qui n’était pas le cas d’un envoyé de l’Italie fasciste! En effet, un Balilla, chargé de resserrer les liens récemment noués par le Duce auprès de l’élite de la Nouvelle Allemagne, paraissait peu intéressé par les propos de la semi entité. Ce beau brun ténébreux répondait au nom de Gaetano di Fabbrini, un ancêtre direct de la doctoresse du Langevin. Encore un mouton noir dans la parentèle des officiers du vaisseau! Gaetano descendait du sinistre comte Galeazzo.
Hélas pour notre , le gamin ne semblait guère comprendre les enjeux qui motivaient autant d’efforts de la part de l’Allemagne hitlérienne. Son attention était plutôt concentrée sur un tas de bandes dessinées qu’il avait pris soin d’emporter avec lui. Parmi les divers fascicules, on reconnaissait Tarzan, Cino e Franco, autrement dit Richard le Téméraire, des récits de science fiction assez mal dessinés par Scolari. Décidément, Gaetano, totalement dépassé, ne paraissait pas se rendre compte qu’il allait vivre une aventure bien plus palpitante que toutes celles développées dans ces histoires dont il était si friand!
 Sigma démontra avec brio que, grâce à l’IA cube, le Reich venait de se doter de la faculté de voyager partout dans les pistes temporelles. Ainsi, Adolf Hitler pourrait désormais modifier à volonté le cours de l’histoire tout en se prémunissant contre les éventuels paradoxes. Avant le XX e siècle, à en croire la semi entité, la race aryenne aurait conquis la planète entière et le Führer serait le guide vénéré et incontesté de deux milliards d’êtres humains! Quant à Mussolini, eh bien, il partagerait ce triomphe en exerçant une sorte de… vice-royauté!
Lady Pirrott Neville applaudit à tout rompre le discours chimérique et ambigu de l’entité déca dimensionnelle. Elle aurait bien volontiers attiré  Sigma dans son lit! Hélas, son corps n’était pas réellement tangible!
L’assistance voulut hurler son approbation mais le  lui fit comprendre qu’il n’était pas temps encore de se montrer si bruyant et ainsi de se dévoiler au commun des mortels!
- … Mais bientôt, le monde entier vous applaudira, voyant en vous les nouveaux héros, les nouveaux dieux!

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1961, la Loubianka. Pavel Pavlovitch était de retour dans sa patrie. Après l’échec de sa mission, le commandant Fouchine craignait de cruelles représailles de la part du colonel Paldomirov. Cependant, son attitude extérieure ne trahissait nullement son angoisse. Toutefois, notre espion risquait bel et bien un sort peu enviable: au mieux la déportation vers un goulag près du lac Balkhach, au pis, un aller simple pour le cimetière. Dans ce cas, on retrouverait son corps salement amoché, au fond d’un caniveau!
Pavel Pavlovitch ne se faisait aucune illusion. Il venait de recevoir de Sergueï Antonovitch Paldomirov une convocation à laquelle il ne pouvait se dérober. Perdu pour perdu, autant s’y rendre maintenant!
Les murs de la Loubianka suintaient le meurtre, le désespoir et l’humidité. Le chauffage fonctionnant par à coup, il y régnait un froid mordant. Mais nul n’osait s’en plaindre.
Dans un bureau anonyme, semblable aux centaines d’autres de ce lieu maudit, à l’affreuse tapisserie à rayures, à moitié décollée, où les marron crasseux dominaient, à l’atmosphère empuantie par la fumée d’un mauvais cigare, Fouchine, après avoir salué dans les règles, s’aperçut que son supérieur n’était pas seul! Tout d’abord, il crut qu’il s’agissait du « Grand Chef », le mythique Diubinov, promis à un brillant avenir, mais voilà, ce gros homme barbu qui se délectait de son horrible cigare, ne correspondait pas du tout à la description de troisième main qu’avait eue Pavel Pavlovitch!
Cependant, faisant preuve d’une politesse affable inattendue, Pierre Duval, après avoir invité le commandant à s’asseoir, lui présenta l’inconnu. Il s’avérait être un scientifique du Parti, diplômé de la célèbre université Lénine. De plus, il avait partie liée dans le grand projet de mise au point du voyage temporel, projet dont la première phase avait été entamée par le vol du translateur de Von Hauerstadt il y avait déjà quelques années. Nous, nous le savons, cet appareil saboté ne pouvait fonctionner. Or, depuis peu, Paldomirov possédait la pièce manquante cruciale obtenue grâce à un miraculeux concours de circonstance et, il faut bien l’avouer, grâce surtout à l’implication de la Dimension !
Désormais, la Grande et Triomphante Union Soviétique, qui, bientôt, allait envoyer avec succès un premier homme dans l’espace, disposait aussi d’une « arme absolue » qu’elle produirait en série d’ici quelques jours! Mais, auparavant, il fallait s’assurer que tout baignait dans l’huile, autrement dit, il était nécessaire de tester le translateur dans des missions d’essai.
Souriant, Sergueï Antonovitch laissa la parole au scientifique, en fait le Commandeur Suprême lui-même dans la peau d’Humphrey Grover.
- Pavel Pavlovitch, je vous conserve toute ma confiance, commença ce dernier. Votre échec n’était que momentané, un petit accident de parcours, sans plus! Vous avez été victime d’un coup fourré que personne ne pouvait prévoir, même ici de ma part! En fait, vous avez manqué d’informations. Dès aujourd’hui, nous ne vous cèlerons rien, je vous l’assure. En quelques mots, voici, mais vous l’aviez déjà compris très certainement. Nos adversaires possèdent une technologie nettement supérieure à celle des Amerikanskis! Bref, ils n’appartiennent pas à notre époque, qu’il s’agisse de Daniel Wu ou encore de Sun Wu, son parent éloigné, ce dernier manipulé par un représentant de notre Ennemi par excellence!
Le clone du Commandeur Suprême utilisait les mêmes termes que Franz Von Hauerstadt mais pour désigner l’agent temporel terminal Michaël ne pouvant pour l’heure agir contre lui directement, ignorant où et quand il se dissimulait.
Fouchine grimaça:
- Suis-je donc condamné à vous décevoir une seconde fois?
- Pas du tout! L’Union Soviétique et le KGB ont également de puissants alliés qui ne nous feront pas défaut! Nous vous proposons un stage de perfectionnement dans la véritable base de Kola et non chez son homonyme! Officiellement, il s’agit d’un centre d’expérimentation sur la nourriture des rennes. Même le camarade Premier Secrétaire croit à cette fable!
Pavel Pavlovitch fit la moue; il sentait la mort se rapprocher dangereusement! Mais le Commandeur Suprême, lisant en lui comme dans un livre ouvert, le rassura promptement:
- Tout d’abord, vous apprendrez à piloter le translateur temporel. Puis, vous instruirez à votre tour toute une compagnie de « tempsnautes ». Je ne vous le cache pas, votre mission sera délicate. Vous devrez voyager dans un lointain passé, vous rendre dans des mondes différents. Votre épouse et votre famille doivent tout ignorer. Nous avons prévu de vous muter officiellement à Riga. Tout est déjà arrangé. Le courrier suivra…
- Le passé? Où et quand mon équipe et moi-même devrons-nous nous rendre?
- La première partie de votre mission vous enverra au milieu du XIIIe siècle. Ne sursautez pas! En France et en Egypte.
- Euh… Au temps des croisades?
- Bravo pour votre culture! Objectif: récupérer un catalyseur d’énergie ainsi que son inventeur, un certain Stankin.
- Un autochtone? Émit Pavel avec doute.
- Non. Un extraterrestre, un citoyen de la planète Hellas, originaire de la fin du XXIIe siècle, égaré dans cette époque révolue. Il faudra le persuader de vous suivre, le convertir à notre idéologie!
- Est-il humanoïde? S’inquiéta Fouchine.
- Il peut facilement passer pour un Européen du Sud, ses cheveux et ses yeux noirs faisant croire à un Grec ou à un Italien. Seul, son sang jaune soufré dénonce des origines plus… exotiques! Ah! Afin de mettre tous les atouts de votre côté, il vous faut revenir vivant, vous serez vacciné contre les maladies endémiques de ces temps obscurs: fièvre jaune, scarlatine, lèpre, peste…
- Est-ce tout?
- L’objet que vous devez rapporter a pour nom, dans ce siècle embrumé par les mensonges religieux, « mandorle de gloire irradiante ». Vous l’identifierez grâce à ce descriptif. Veillez à ce qu’il ne tombe pas entre des mains malveillantes.
Le Commandeur Suprême tendit à Fouchine une liasse de papiers souples, étrangement brillants. Puis, il conclut, non sans cynisme:
- Bien évidemment, vous ne serez pas seul sur la piste! Outre l’équipe de Daniel Wu, vous affronterez le Chinois renégat Sun Wu, chef de la Triade du Dragon de Jade, des nazis commandés par le capitaine Dieter Karl Hinckel, des capitalistes formant un groupe hétéroclite, ayant à leur tête un gouverneur du Nouveau-Mexique, originaire de la fin de ce siècle, un grand criminel anglais, Sir Charles Merritt, une grosse pointure, je vous mets en garde, qui aide un certain Zoël Amsq, ainsi que les soudards, moines-soldats et autre aventuriers autochtones!
- Cela fait beaucoup d’ennemis!
- Certes! Mais, camarade commandant vous possédez la capacité et les ressources nécessaires! De plus, aucun scrupule ne vous freine!

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Vaisseau Raptor de Feu de Zoël Amsq. Le savant Haän avait fini par accepter l’idée que l’IA cube lui échappe momentanément. Refaire des sauts quantiques sur les mêmes coordonnées temporelles coûtait énormément en cristaux de charpakium! Il valait mieux passer à l’étape suivante, celle de la récupération de la mandorle. Les  étaient parvenus à convaincre Zoël que la technologie Haän du XXXe siècle, supplée par l’aide de la Dimension, pallierait l’inconvénient sans problème! Evidemment, les entités déca dimensionnelles avaient dissimulé que le vol du cube avait été perpétré par  Sigma au profit des Nazis!
- Résumons, disait Amsq maussade. Il ne faut qu’un mois à nos meilleurs ingénieurs de Haäsucq, secondés par la Réalité , pour cultiver des bios cristaux qui remplaceront l’IA cube…
- Un mois de perdu? S’écria Merritt.
- Pas réellement, Sir Charles! Nous rattraperons notre retard en nous translatant au plus juste dans le XIIIe siècle dans lequel la mandorle de gloire a atterri.
- Ce terme, je l’ai déjà entendu… ou plutôt vu écrit… laissez-moi réfléchir… Bien sûr! C’était en 1871, lors d’une conférence scientifique qui se tenait à Paris. En tant que mathématicien reconnu par mes pairs, j’avais alors exposé une théorie de la mathématisation de l’utilisation des cristaux et abordé le calcul détaillé de leur croissance. J’avais estimé, qu’un jour, tout cristal ou tout minéral pourrait être converti en énergie…
- Remarquable! Salua Zoël sincère. Vous auriez dû naître au XXIIe siècle, mon cher!
- Entends-je bien un compliment dans votre bouche? Ces derniers temps, vous en étiez avare.
- Pardonnez-moi. La contrariété me fait oublier tout savoir-vivre. Mais ce défaut fait partie de l’héritage génétique Haän!
- Bien sûr! Je reprends. Après mon exposé, un des conférenciers, un géologue érudit du nom d’Henri Lecoq, fondateur et conservateur du Muséum d’Histoire naturelle de Clermont-Ferrand, me parla de l’étrange propriété de certains minéraux. Ceux-ci s’avéraient être phosphorescents dans l’obscurité. Il m’apprit que, lors de ses recherches en Auvergne, il avait mis la main sur un vieux manuscrit, une ancienne chronique monastique datée du XIIIe siècle. Dans ce récit, il était fait état de la fabrication d’une « mandorle de gloire irradiante », émail champlevé d’une taille exceptionnelle dont le contact était mortel, même à brève échéance, pour les orfèvres et les moines! Il y était dit aussi que cette mandorle avait été créée à partir d’un vestige inconnu… peut-être un matériau venu du… Paradis!
- Ah! Ces superstitions religieuses! Voilà qui freine l’avancée de l’humanité! Cette mandorle n’est en fait qu’un multiplicateur plasmatique d’énergie, voici pour l’explication des radiations! A l’origine, cette partie était parfaitement isolée. Elle permet sans doute au bio translateur, à partir d’une quantité réduite d’orona, du charpakium pour vous, humains, de voyager librement, trans temporellement à travers tout un spectre de mondes alternatifs au sein de déviations quantiques, sans s’encombrer de tonnes et de tonnes de cristaux, évitant, par la même occasion, de refaire le plein à l’issue de chaque saut!
- Les Helladoï paraissent disposer d’une technologie bien avancée!
- Technologie prohibée depuis plusieurs siècles! Des interdictions ridicules sous le fallacieux prétexte que des dizaines d’appareils en fonction usant de la transtemporalité détruiraient le Panmultivers! Il n’est pas question pour moi de le détruire mais… de le remodeler afin de rendre enfin justice aux laissés pour compte!
- Les Haäns, des laissés pour compte? S’étonna le mathématicien honoraire.
- La planète-mère de mon peuple, celle où mes ancêtres ont trouvé refuge est particulièrement hostile… Imaginez la Terre de l’ère glaciaire… Des précipices effrayants, des sommets et des crêtes culminant à plus de vingt mille mètres, des blizzards soufflant un jour sur deux, des températures moyennes sur les continents « tempérés » de moins trente degrés Celsius…
- Diable! Mais pourquoi avoir choisi cet enfer de glace?
- A la suite d’une mutinerie! Les survivants manquaient de carburant!
- Je comprends.
- Reprenons! Une fois la mandorle entre nos mains, nous rejoindrons le monde du Moro Naba de Texcoco dont vous convoitez le trésor…
- Là-bas, agirons-nous seuls? Fit van Vollenhoven en se lissant les moustaches, intervenant pour la première fois dans la conversation.
- Certainement pas! Nous rechercherons l’appui des autochtones, usant de la méthode qui réussit généralement à Daniel Lin Wu.
- Et ce Stankin? Reprit le Hollandais.
- Si nous ne parvenons pas à le persuader, tant pis pour lui! L’extracteur cervical fera de l’Hellados au mieux un zombie, au pis un cadavre!
- Hé bien! S’exclama Cornelis.
- Il existe un proverbe terrien que vous connaissez certainement: on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs! Il s’applique ici! Pour rappel, au milieu du XIIIe siècle, Stankin est prisonnier du sultan d’Egypte, un pays alors en plein troubles politiques, troubles résultant de la VIIe croisade! Après que nous l’aurons libéré, qu’il le veuille ou non, l’Hellados nous aidera à récupérer les ultimes pièces du bio translateur!
- Mais vous venez juste de dire qu’il refuserait de collaborer! Objecta Sir Charles.
- Personne ne peut rien dissimuler à l’extracteur mental, mon ami! Tous vos secrets sont dévoilés, votre personnalité, vos peccadilles, vos rêves, etc. Il en a été ainsi pour Sarton ailleurs et… autrefois! Sarton, l’épigone de Stankin! Ensuite, nous liquiderons une fois pour toute Daniel Lin et toute son équipe!
- Quelles alliances envisagez-vous? Demanda Cornelis.
- Tout d’abord, celle du Grand Maître de l’ordre militaire occulte de La Buena Muerte, la bonne mort, pour les non hispanisants. Il s’agit d’un ordre hispano-franc, créé peu après la mort du Cid Campeador, Rodrigo Díaz. Ce chevalier dévoyé, un démon incarné, se nomme Arnould de Charmeleu!
- Il y a longtemps que vous avez mis ce plan au point!
- Pourquoi donc?
- Vous avez prévu pratiquement tout! Vous connaissez sur le bout des doigts le passé de la Terre…
- Plusieurs dizaines de vos années… mais j’y travaille activement depuis vingt-cinq ans! Il m’a fallu batailler ferme pour obtenir le soutien de mon Empereur bien-aimé, Tsanu XV… qui, dans une autre piste s’appelait Tsanu XVIII.
- Cet Arnould de Charmeleu, peut-on entièrement lui faire confiance? S’inquiéta à juste titre le Hollandais.
- Nous nous servirons de lui, sans plus! Ce baron veut s’emparer de la mandorle afin d’activer le Baphomet!
- Le Baphomet? Souffla Merritt. Ne serait-ce pas cette idole mi-païenne mi-musulmane qu’auraient adorée les Templiers?
- En fait, l’ordre du Temple fut accusé à tort puisque le Baphomet était la propriété de La Buena Muerte, compagnie dont fort peu d’historiens et de lettrés connaissent l’existence.
- Ah! Eclairez-nous… Votre érudition est prodigieuse!
- Merci, Sir Charles! Vous savez, j’ai eu tout le loisir pour étudier l’histoire, les différents cours possibles de celle-ci… Mon frère rêvait de devenir archéologue! Mais cela ne se faisait pas dans notre famille! Chez les Haäns, cette profession est décriée… Nous n’appartenions pas à la bonne caste! Tant mieux, ceci dit! Le Baphomet est un automate en forme de buste humanoïde, mû par une énergie hydropneumatique, représentant le « Prophète de synthèse », mêlant en ses traits protéiformes Jésus, Bouddha, Zarathoustra, Mohammed, Moïse, Akhenaton… Il fut construit sur l’ordre de Gerbert d’Aurillac, le fameux Sylvestre II, par des mécaniciens Byzantins, Arabes, Tibétains et Perses qui possédaient l’héritage de la Grèce antique dans le domaine de la science de l’automation. Ce buste symbolisait donc le syncrétisme suprême, l’universalité divine…
- Passionnant! Siffla Merritt.
- Mais, pour son principal concepteur, le Sage Jamiang Tsampa, en réalité un agent temporel MX, chargé de contrôler la bonne marche des différentes chrono lignes; autrement dit veiller à ce qu’elles ne se télescopent pas, l’efficacité du Baphomet n’était complète qu’avec un catalyseur d’énergie!
- Oh! Je commence à comprendre!
- L’objet en son entier, reprit le Haän, ne permettait-il pas d’accéder à l’Unicité du Panmultivers, à la Communion totale avec la divinité, le Principe vital, à participer à la Fusion Ultime?
- Mmm… Quelle religiosité tout à coup! Ricana le Britannique. Vous paraissez baigner dans l’extase!
- Ne vous moquez pas, je vous prie! En fait, je suis un athée invétéré! C’est parce que je saisis l’enjeu de toutes mes fibres! Le Baphomet, Sir Charles, est l’Outil par excellence de la Grande Unification entre l’Alpha et l’Omega, entre les esprits humains ou humanoïdes limités et … Dieu! C’est pourquoi tous le convoitent! Charmeleu, bien sûr, qui s’en est emparé dans des circonstances non élucidées et qui s’est autoproclamé Grand Maître de La Buena Muerte, mais également le sultan d’Egypte! Ne perdez donc pas de vue, que, raccordé à la mandorle, le Baphomet ouvre les portes de « L’Infinité »!
- Soit! Acquiesça van Vollenhoven.
Sir Charles se tut quelques secondes. Il réfléchissait à ce que pouvait être réellement cet agent temporel, où il pouvait se dissimuler, s’il était toujours en vie, et ainsi de suite… Quelque chose cependant le turlupinait: comment Zoël Amsq avait-il pu apprendre son existence? Par l’usage intensif du chrono vision ? Sans doute! Mais cela n’expliquait pas tout! Ce MX s’était-il donc fait piéger? S’il possédait autant de connaissances et donc de pouvoirs, cela paraissait impossible… A moins qu’il se soit dévoilé volontairement… Tout cela ouvrait un abîme de réflexions pas forcément réjouissantes pour lui Sir Charles et pour Zoël…
- Nous partirons donc pour 1248-49 sans l’IA cube, conclut Cornelis…
- Oui, sauf imprévu… Un imprévu qui tournerait en notre faveur!
- Qui est entré en possession du cube? Le savez-vous?
- Cornelis, le chrono vision me garantit qu’il n’est pas entre les mains de Daniel Lin Wu. Mais c’est cette charmante Lady Alexandra Pirrott Neville qui en a hérité!
A ce nom, Merritt sursauta.
- Je comprends votre surprise, mon cher! Lança ironiquement le Haän. Il s’agit bel et bien de la fille de votre nièce Daisy!
- Daisy a donc réchappé à l’incendie! L’Enfer soit loué!
- Tiens! Vous avez donc un cœur! Daniel Lin, ce putois l’a sauvée des flammes!
- Honnêtement, je ne puis lui en vouloir!
- Hé bien, moi pas! Cela nous fait un adversaire de plus!

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samedi 16 octobre 2010

Mexafrica 2e partie : Chercheurs d'or 1936 chapitre 13


Chapitre 13
A bord du vaisseau Langevin, Penta pi mit son plan à exécution contre les guerriers mâles Velkriss, immobilisés par la phase de reproduction. Il lui fallait empêcher les insectoïdes de féconder les soldats femelles. Ces dernières, attirées par les chants et les phéromones des mâles, ne tarderaient pas à rejoindre leurs partenaires. Le temps pressait: déjà, des essaims nuptiaux se constituaient dans les secteurs contaminés comme les tubes d’aération, les câbles optiques des ordinateurs, l’holobibliothèque, les douches, les jardins hydroponiques, etc. Comme on le voit, la ponte exigeait chaleur et humidité.
Penta pi se déphasa en autant d’exemplaires qu’il y avait d’essaims. Puis, ses alter egos démultipliés créèrent des champs dits de contention distorsionnelle régressifs, autour des foyers contaminés et des mâles chanteurs. Pris au piège, les Velkriss, guidés par l’instinct, reconstruisirent à la va-vite des cocons chrysalides de protection. Ils pouvaient ainsi attendre plusieurs années la fin de tout danger. Naturellement, les essaims dissociés voyaient leurs composantes redevenir larves ou mouraient en se desséchant à une vitesse accélérée; Ainsi, un peu partout, des dépouilles aux chitines racornies tombaient en poussière, un peu comme des peaux mortes abandonnées.
Pourquoi une telle hécatombe? La vision stéréoscopique des Velkriss était tout simplement impuissante à détecter un être déca dimensionnel déphasé agissant sur plusieurs plans d’existence à la fois. Par contre les moniteurs de l’IA hyper positronique suivaient sans problèmes la progression de Penta pi.
Ce dernier semblait sur le point de réussir lorsque l’Intelligence Artificielle signala soudainement un grain de sable: on venait de violer les codes de téléportation!
Au centre de commandement, Benjamin tenta bien de remédier à ce viol en programmant de nouveaux codes mais en vain! Il n’eut d’autre choix que de lancer une alerte optimale de sécurité. La Dimension p en son entier intervenait! C’était une intelligence collective capable de réorganiser toutes les particules subatomiques, donc de modifier la réalité perçue par les êtres carbone. N’ayant nul besoin de téléporteur, les p se retrouvèrent à bord du Langevin, au sein même de l’IA, et, plus rapides que la lumière, ils la ralentirent en parasitant l’ordinateur central au niveau des circuits décisionnels quantiques. Ensuite, les semi-entités n’eurent plus qu’à téléporter l’état-major Haän, les dissidents Castorii, et la reine suprême des Velkriss qui répondait au nom de Shi-Ka-Aa-Ta. La créature ressemblait à une mante religieuse à l’abdomen proéminent, couleur bronze, et était gorgée d’œufs à en éclater!
Réussissant n’afficher nulle émotion et nulle surprise, Benjamin se retrouva en présence de Tsanu XIII Gaachak en personne, l’ancien baron Opalaanka dans une précédente histoire qui, ici, sévissait au XXVIIIe siècle. Le Grand des Grands, le Noble parmi les Nobles, ne poursuivait qu’un seul but: restaurer la grandeur Haän quel qu’en soit le prix! Ce dernier avait fait ses classes auprès de Maximien dans un temps dévié où triomphait la Guilde de Penkloss. Magnifique, imposant dans sa broigne caractéristique traditionnelle, ses larges épaules recouvertes d’une peau de Kruhhm, lion des cavernes vivant sur Haäsucq, Sa Splendeur dégageait une odeur puissante à la suite de la dépouille du fauve qui la parait.
Un peu en retrait derrière le Suprême des Suprêmes, l’éblouissant Gaachak, se tenait le tribun et Prætor Sertorius, d’une taille nettement moins imposante mais les cheveux gris et le nez busqué. Comme on le voit, le chef des Castorii dissidents était loin d’avoir la superbe de Tsanu XIII! Tout à fait à l’arrière à la suite de sa masse, Shi-Ka-Aa-Ta siégeait, à demi allongée, sur un palanquin véritablement monstrueux! La reine des reines ne cessant de pondre, les effluves de la passerelle devenaient tout à fait insupportables à inhaler!
Avec une demi-seconde de retard, pi Septimus, le deus-ex-machina se matérialisa à son tour. Il avait emprunté les traits de l’homme politique français Chaffouinard, cet homme veule, hypocrite, émetteur de sentence à ses heures. Les mains de Benjamin lui brûlaient. Il rêvait de fesser l’importun qui était vêtu tel un Optimates de la République romaine agonisante!
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Seuls les homunculi transdimensionnels de Danikine auraient pu empêcher les p d’obtenir une victoire aussi éclatante. La première phase du plan de la coalition hétéroclite et de circonstance s’achevait donc par la prise prévisible du Langevin. La seconde ne serait accomplie que par la reconstruction intégrale du bio translateur et la capture de Daniel Wu dont l’ADN aux redoutables propriétés devait servir de catalyseur permettant ainsi la colonisation biologique de tout le Pan trans multivers dans ses infinies possibilités. Voilà pourquoi s’étaient alliés les arthropoïdes, les Haäns, les Castorii et les pi. En fait, la Dimension, tel un enfant gâté, s’ennuyait ferme et complotait dans plus de neuf mille chronos lignes. La réussite finale de ce plan ourdi de longue haleine reposait entièrement sur les épaules de Zoël Amsq. Ce parvenu à l’identité douteuse se servait de Merritt qu’en réalité il méprisait profondément, mais aussi de p Sigma et d’Hepta pi. Ces derniers, loin d’être dupes, instrumentalisaient le chercheur.
Tandis que pi Septimus, agissant avec sans-gêne, s’asseyait avec désinvolture sur le siège dévolu au commandant du Langevin, le capitaine Sitruk utilisait secrètement son vocodeur subvocal pour transmettre ses ultimes ordres à Penta pi et au docteur di Fabbrini. L’entité obéit immédiatement et cessa de détruire les essaims Velkriss. Ensuite, ayant rejoint l’infirmerie principale, il aida Lorenza à la mise en place du protocole de sauvegarde de la mémoire centrale du vaisseau. Cette tâche fut possible car la Dimension avait déserté les circuits de l’IA croyant détenir une pleine et entière victoire.
- Le transfert des codes de préservation dans l’ordinateur médical est enfin achevé! Fit la jeune femme avec un soulagement marqué. Maintenant, pour forcer la nouvelle programmation, il faudrait au moins une journée standard à vos frères!
- Bien plus, très chère! Cela nécessiterait la présence de Daniel Wu lui-même! J’ai imité ses schémas de pensée. Après tout, je l’ai pratiqué durant de longues décennies et les miens ignorent ce dont je suis en fait capable, leur ayant dissimulé l’essentiel!
- Mais les vôtres vont s’apercevoir de votre intervention. Ils vont vous condamner.
- Ne le suis-je pas déjà? J’en ai assez de vivre une existence ennuyeuse depuis plus de cinq milliards d’années sans pouvoir changer véritablement les choses, hésitant à reformuler les lois de la physique, voyageant d’un Univers limité à un autre, sans rencontrer l’interlocuteur capable de comprendre mon profond sentiment de vacuité, sans guide, sans consolation… Je me sens bien seul dans ma triste et inutile errance. Lorsqu’enfin je pense toucher au but, je me rends compte que j’ai eu bien tort d’ignorer ces amibes, ces microbes humains, si semblables à moi pourtant, et qui transcendant leurs défauts, valent plus que moi…
- Vous allez donc accepter sans vous défendre la mort administrée par vos frères?
- Pourquoi pas! Ce sera une expérience de plus, voilà tout! L’expérience ultime! Cela me réjouit!
- Penta pi, pardonnez-moi. Je vous ai méjugé!
- Non! Au contraire! C’est à votre contact que j’ai évolué! Mais trop tard!
- Merci! Merci pour tout, Penta pi!
- Vous osez me remercier de cet échec?
- Ici, vous le savez tout comme moi, l’échec n’a que peu d’importance! La partie se joue ailleurs!
- Et quelle partie! Splendide! Vous en verrez la fin, ma chère! Je vous envie!
Avec une émotion sincère, Lorenza serra fortement la main d’Axel Sovad, la retenant quelques secondes. Lorsqu’elle relâcha la pression, deux p venaient chercher le félon.
Sur la passerelle, le capitaine Sitruk avait été proprement dépouillé de son vocodeur et bâillonné et ligoté sans ménagement. Officiellement, le Langevin s’était rendu. Mais Sertorius avait été blessé par un tir de fuseur et un garde du corps Haän avait été abattu par le sergent Kutu. Désormais, le Kronkos gisait sans connaissance sur la console tactique après avoir été assommé mentalement par p Septimus. Le premier acte semblait s’achever.
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En 1961, Sun Wu avait tenu sa promesse et même davantage. Le vieux chef de la triade désirait par-dessus tout accéder au pouvoir suprême et, pour cela, il lui fallait « ménager » son descendant! Parallèlement, Sun, muni des renseignements fournis par Michaël, avait décidé d’enquêter sur Zoël Amsq et l’Empire Haän. Pour lui, la ruine, l’anéantissement de ses ambitions ne pouvait provenir que des agissements de Zoël. Le chef du Dragon de Jade jeta toutes ses troupes sur la piste du chercheur dévoyé. Les informations récoltées bouleverseraient le sens des mésaventures de l’équipage du Langevin!
Pendant que d’autres fils se nouaient, TQT et ses sbires dépités du fait que Daniel Wu et Franz Von Hauerstadt leur avaient échappé du fait de l’intervention d’adversaires imprévus, démobilisés, avaient choisi de regagner l’année 1999 afin de soigner leurs plaies et de revoir leur stratégie.
Les chefs des ultralibéraux commirent l’erreur de terminer leur séjour à l’auberge de l’Aubépine fleurie alors que Fouchine s’était, lui, empressé de prendre la fuite avec un otage, et quel otage, et que Amsq et Merritt avaient proprement disparu à bord de leur vaisseau du XXXe siècle!
Chez Von Hauerstadt les cadavres des commandos morts lors de l’attaque avaient été désintégrés et tout avait retrouvé un aspect habituel. La technologie du XXVIe siècle avait ceci de merveilleux c’est qu’elle pouvait dupliquer à peu près tout ce qui existait.
Mais revenons à TQT et à ses sbires. Un somnifère versé habilement dans les boissons de ces messieurs suffit à l’expert en poisons Sun Wu pour capturer les téméraires et les livrer ensuite à Daniel.
Au lieu d’ouvrir les yeux dans une chambre douillette avec un lit plus que confortable, muni d’un double édredon, d’une couverture en pure laine, d’un oreiller en plumes d’oie, les sectateurs de Thaddeus von Kalmann, l’esprit embrumé, se réveillèrent dans un lieu beaucoup moins agréable, même pas digne d’un bouge de la Cour des Miracles! Les ultralibéraux crurent reprendre conscience dans des cachots, style ceux de la Conciergerie ou du Luxembourg aux plus belles heures de la Grande Terreur! Dans ces prisons sordides reconstituées, seuls les rats et les parasites tels que poux, punaises et puces manquaient apparemment à l’appel. Diable, il fallait rester civilisé, n’est-ce pas?
En fait, ce qui allait suivre n’était guère plus qu’une leçon grandeur nature, quoique… Avec Antor en Deus ex machina…
En attendant un procès éventuel, les prisonniers se lamentaient abondamment, affalés sur la paille, totalement dépassés par les événements, légèrement amnésiques, ne comprenant pas comment ils avaient pu atterrir dans cet endroit sinistre et sordide.
Après quelques trop longues heures d’inquiétude sourde, se transformant en angoisse, trois jeunes gardes, bonnet phrygien enfoncé sur la tête, vinrent chercher la fournée du jour de l’abbaye de monte-à-regret afin de la faire comparaître pour la forme devant le trop célèbre Tribunal révolutionnaire parisien, présidé par le fameux Hermann.
Le jugement était couru d’avance puisque les avocats de la défense avaient été supprimés. Il fallait améliorer l’efficacité dudit tribunal. Deux sentences s’offraient au jury tout acquis à la révolution la plus sanglante: l’acquittement ou la mort par décapitation par le rasoir national.
Peperoni, TQT, Navon et Tagawashi traînaient les pieds; comme on les comprend! A peine quelques minutes plus tard, les hommes politiques se retrouvèrent, tout tremblants, devant l’illustre Accusateur public, Fouquier-Tinville, de sinistre mémoire! Le conventionnel Barère, membre du Comité de Salut Public,
http://parisrevolutionnaire.com/IMG/jpg/Barere_de_Vieuzac_Bertrand_21_mini-2.jpg
espionnait pour ses confrères; l’assistance était composée de quidams, de tricoteuses, tous de parfaits inconnus aux yeux de ces hommes du XXe siècle.
Le procès débuta en français. Miracle! Les accusés comprenaient tout ce qui se disait!
Le cas d’Olympio Peperoni fut examiné en premier. L’Italien corrompu, son sourire « cheese » évanoui, n’en menait pas large. Depuis le temps qu’il échappait à la justice, il s’était persuadé que cela durerait toujours!
Toutefois, au début de l’interrogatoire, notre histrion commença par crâner, ne voulant pas montrer sa peur. Il se moqua ouvertement de l’Accusateur public. Celui-ci, impassible, n’en continua pas moins ses questions tout à fait inquisitoriales. Le bougre était bien renseigné!
Chacune des mauvaises réponses de Peperoni entraînait systématiquement un méchant coup de pique dans les reins. Peu à peu, le dos en sang, il perdit sa morgue et reconnut tous les chefs d’accusation, même les plus incroyables, sans barguigner! Adoration du veau d’or des ci-devant, utilisation de moyens et de soutiens mafieux afin de parvenir tout d’abord au pouvoir puis, ensuite, de s’y maintenir, promotion de la politique des privilèges pour une poignée aux dépens des couches populaires, subornation des esprits par des divertissements débilitants diffusés à longueur d’années sur des chaînes de télévision, propriétés du « facchino Olympio », soirées jet set aux frais de la princesse avec de fort jeunes délurées, et ainsi de suite…
La sentence de mort sans appel fut prononcée d’une voix coupante.
Ensuite, le condamné fut ramené, ligoté, dans sa cellule aux murs nus, tachés de salpêtre.
Alors que son esprit vagabondant, Peperoni tremblait d’un effroi incontrôlé devant le sort abominable qui l’attendait, il eut la surprise de voir le décor qui l’entourait se modifier! Lui-même fut touché par l’étrange phénomène. Il se transforma pour revêtir l’apparence d’un individu hirsute, couvert de hardes infâmes infestées de punaises, de puces, toutes tâchées et dégageant une puanteur de crasse, de sang tourné et de fenaison plus qu’avariée, la barbe et les cheveux gras jamais lavés, envahis de poux s’ébaudissant librement dans cette pilosité abondante. Ses membres étaient emprisonnés par de lourdes chaînes. Mais apparemment cela ne suffisait pas puisqu’il était également maintenu solidement par deux sicaires francs! Les gardes, de véritables colosses, portaient à merveille le bouclier rond ainsi que la francisque dont le tranchant était maculé de taches sombres, non de la rouille mais bel et bien du sang. Désormais, notre Olympio se retrouvait dans la peau d’un Syagrius déchu,
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vaincu par Clovis en 486. Le seigneur avait été livré par les Goths. Tantôt, sa tête serait tranchée par une hache bien maladroite.
Conduit devant son adversaire, le pseudo Syagrius voyait celui-ci banqueter paisiblement au milieu de ses comes et de ses dogues à qui, parfois, il jetait négligemment quelques os à ronger! Un instant, relevant la tête, le souverain lança, en très haut allemand, idiome pratiqué par les Francs saliens:
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- Holà! Que l’on garde bien le prisonnier! Je n’ai point encore achevé mon repas!
Puis, Clovis but longuement de l’hydromel dans une coupe de belle taille en argent massif. Ensuite, toujours aussi détaché, s’essuyant les lèvres avec son coude, il ajouta d’une voix grave:
- Que l’on pratique sur lui la décollation sur l’heure! Ce félon ne doit pas vivre un instant de plus! Sa mise à mort facilitera ma digestion et mes rêves se feront doux ce soir!
Alors, le bourreau s’avança avec une lenteur calculée, ses longues mèches de lin dissimulant partiellement son visage livide, couleur de lune. Avec maîtrise, il brandit la lourde hache, instrument de la sanglante exécution. Jusqu’où cette farce macabre devait-elle aller? Peperoni sentit bel et bien le froid de la lame lui effleurer le cou. C’en fut trop pour lui! Ses nerfs lâchèrent enfin et l’Italien sombra brutalement dans une inconscience bienvenue!
- C’était un dur à cuir celui-là! S’exclama Antor trivialement.
- Plutôt! Renchérit Daniel. Bravo, mon ami! Tu t’es surpassé.
- Que lui avez-vous donc fait croire? Interrogea Fermat.
- Qu’il était d’abord un ci-devant comparaissant devant Fouquier-Tinville durant la Terreur, puis Syagrius exécuté sous les yeux de Clovis, expliqua le mutant sans montrer le plus petit signe de satisfaction.
- J’ai joué le rôle de Clovis, souffla Daniel Lin. Je pense que la leçon sera suffisante. Après avoir traité les autres, nous déposerons ce triste sire à l’Aubépine fleurie.
- Il m’aurait bien servi de souper, ce mafieux! Soupira Antor avec sincérité.
- Certes, mais attaquons-nous à l’Américain. Commanda le daryl androïde. Le temps presse.
- D’accord. Mais je pensais que ces séances d’hypnose pouvaient distordre le temps subjectivement! Émit l’ambassadeur.
- Je m’inquiète pour Violetta, dit simplement le commandant Wu.
***************
Le Tribunal révolutionnaire assemblé une seconde fois prononça donc une nouvelle sentence de mort à l’encontre du gouverneur du Nouveau-Mexique à la suite des accusations suivantes: traîtrise aggravée, mise en danger de la communauté vivante, adoration du veau d’or, bêtise invétérée du prévenu, incapable d’exercer des fonctions à responsabilité mondiale.
Le verdict rendu, TQT fut alors transféré dans une étroite cellule équipée d’un antique poste de télévision. L’appareil diffusait une vieille bande d’actualités d’un temps alternatif dans lequel Gérard de Gaysintisca était réinvesti Président de la République française en mai 1981. L’homme politique avait été déclaré élu par le Conseil constitutionnel à la suite d’un incroyable imbroglio électoral jamais survenu dans la réalité de l’Américain. Le Président-candidat avait été désigné vainqueur par la haute institution garante de la démocratie avec seulement cent trois voix d’avance sur son malheureux adversaire, le « florentin » Maurice Bièvres, alors qu’en fait, le dépouillement des bulletins n’avait jamais été véritablement achevé pour la bonne raison que des centaines d’urnes électorales volées avaient été retrouvées avec leurs bulletins tout à fait illisibles soit dans les eaux de la Seine, soit dans celles de la Garonne, soit encore au large de Cassis ou de Marseille, soit encore dans l’Oise, la Somme, La Loire, la Durance, l’Adour, le Var, la Meuse, et ainsi de suite! Le célèbre et facond Toussaint Spirito était l’auteur de cet exploit ou de cette gabegie, au choix. En contrepartie, il était assuré d’obtenir le poste de Ministre de l’Intérieur, trahissant un ami de vingt ans!
TQT, dont la culture et encore moins la connaissance de l’histoire des pays européens n’étaient pas la tasse de thé, ne reconnut pas le personnage guindé et snob qui se mouvait sur l’écran. Dans sa superbe naïveté, le Sudiste se demandait à quoi rimait ce « talk show », ce spectacle plus qu’ennuyeux! Toutefois, écoutant attentivement, il finit par saisir le mot « France »! A part sa langue maternelle qu’il massacrait à tout-va, quelques rudiments d’allemand et quelques très vagues notions d’espagnol du style: « Bruto! Tonto en la cabeza! Loco! Hijo de putana! Conojes! », le gouverneur ne manipulait correctement aucun idiome! Parallèlement, il se montrait incapable de localiser un seul État sur un planisphère hormis le sien, évidemment! Alors, identifier un homme politique étranger qui n’était plus en charge, cela relevait de la tâche impossible! Dire que TQT avait des ambitions nationales! L’homme se vantait de n’avoir lu que deux livres intégralement dans sa vie: la Bible, cela va de soi, et un recueil d’anecdotes sur le Nouveau-Mexique.
Comment était-il donc parvenu en Allemagne? Olympio l’y avait un peu aidé!
Sortant de ses sombres pensées, TQT entendit une voix coupante à l’accent anglais très cultivé s’adresser à lui sur un ton sévère. Elle semblait sortir du néant.
- Thomas Quincy Taylor faisait Fermat, reconnais sur ces vieilles images, l’archétype de l’usurpateur, ton modèle! Tu envisages de loger à la Maison Blanche. Tu y parviendras mais avec une minorité de voix grâce à une obstruction systématique qui visait à retarder l’issue du décompte légitime des bulletins de vote. Par ta faute, tes manigances et tes trafics, des milliers d’électeurs ne verront jamais leur opinion prise en compte! Alors, la démocratie, discréditée, de plus en plus formelle, disparaîtra tout à fait dans l’indifférence générale! Dans ta logique de riche Blanc anglo-saxon, protestant, fort de ton bon droit, « Gott mit uns! », proclamaient les Nazis, un électeur n’égale plus une voix, et ce, d’autant plus s’il s’agit d’un Noir, citoyen de seconde zone à tes yeux, surtout s’il a le malheur de vivre au Nouveau-Mexique, au Texas ou encore en Floride! Hélas pour l’Amérique, hélas pour le Monde et la planète tout entière, hélas pour l’Humanité, ce péché originel sera suivi de bien d’autres crimes! L’implosion des Etats-Unis en trois États ennemis, l’Amerindia, l’Afrorica, et la Christian Union of Mexamerica en est une triste illustration! S’ensuivront une nouvelle guerre de religion affectant tous les continents ou presque, le triomphe de l’obscurantisme intégral et, in fine, Gaïa, malmenée, se rappellera au mauvais souvenir de ses tortionnaires, de ses parasites, j’ai nommé les humains! Or, tu es l’odieux et ridicule catalyseur de cela! Tu as été condamné à mort, mais non pas à une mort douce et sereine! Œil pour œil est-il écrit dans l’Ancien Testament! Tu périras donc victime de tes propres non-valeurs que tu as eues l’impudence de brandir sur tes maudits étendards! Vois et souffre: première non-valeur! Premier châtiment: l’apologie des armes à feu, en vente libre!
La première partie du réquisitoire était achevée. Le silence revenu, instantanément, le décor se modifia.
Sans transition aucune, TQT se retrouva face à un tireur fou, surarmé de fusils à canon scié, de mitraillettes et d’automatiques de divers calibres! Le désaxé n’était autre qu’un ancien fonctionnaire licencié par le Gouverneur du Nouveau-Mexique afin d’équilibrer le budget de l’Etat! Amer, réduit à des aides sociales qui fondaient comme neige au soleil, l’homme avait pété les plombs. Or, il appartenait à la tristement célèbre NRA.
Notre canardeur qui idolâtrait l’acteur brutal Scurvy Dick et qui pour lui ressembler s’était rasé le crâne, trouait de balles tous les humains qu’il croisait dans Main Street. De même, il démolissait les devantures des magasins avec une rage contrôlée ainsi que les façades des immeubles, les bureaux d’une administration dans lesquels il avait pénétré, déchargeant ses engins de mort sur les lavabos et les glaces des toilettes, les distributeurs de boissons ou encore les meubles fonctionnels.
Dans un crépitement quasi continu, les éclats de briques, de métal, de plastique, de verre et de bois se mêlaient aux douilles qui s’en allaient joncher les trottoirs et les sols.
A chaque chargeur vidé, le laissé pour compte de la compression de personnels, des économies et de la rigueur nécessaires, se saisissait d’une nouvelle arme, fusils Smith et Wesson ou bien Uzi, avec une dextérité dénonçant l’habitude et poursuivait son œuvre de salubrité publique! Imparable, chaque balle faisait mouche!
Plongé au cœur même de cette scène live de suspens, digne des meilleurs thrillers, TQT tenta, vainement bien évidemment, de s’abriter du déchaîné en se cachant derrière une colonne de faux marbre du Sénat local. Mais que faisait donc la police?
L’ornement ne résista pas à la furie enragée de ce champion de tir. Une première fois, le gouverneur du Nouveau-Mexique mourut, le corps transformé en bouillie sanguinolente.
Mais, immédiatement après ce décès, la voix de Fermat s’éleva, toujours aussi méprisante alors que le Sudiste ouvrait des paupières alourdies par une émotion bien compréhensible. Il s’était cru mort, après tout!
- Au tour de la seconde non-valeur: le soutien invétéré au lobby du pétrole, celui qui finance toutes vos campagnes politiques, au détriment de la biosphère dans un premier temps, puis, à long terme de l’Humanité!
Aussitôt, notre cobaye fut englué, tel un triste oiseau de mer, dans une nappe noire et nauséabonde de mazout déversée au large de l’Alaska! Le site aurait aussi pu être une des côtes le long du Golfe du Mexique lors de la terrible catastrophe du printemps 2010 après qu’une plate-forme off-shore de pétrole eut connu les mésaventures que l’on sait dans la piste 1721 originelle!
Notre cormoran mit trois longs jours à mourir, agonisant dans sa croûte de pétrole durcie. Personne pour secourir ce triste individu, plus sinistre que les corneilles annonciatrices du sort qui attendait les humains dans un avenir pas si lointain.
Toujours aussi impitoyable, André, qui excellait dans ce rôle de donneur de leçons, enchaîna les chefs d’accusation.
- Troisième non-valeur: l’opposition totale à l’avortement au nom de la vie à n’importe quel prix!
Notre valeureux et menteur né se réincarna dans la peau d’un freak, victime et symbole de l’acharnement thérapeutique. L’être qui n’avait jamais connu la douceur et la chaleur d’une mère, incapable de toucher, de voir, de parler, entouré de fils, branchés sur divers appareils respiratoires et nourriciers, n’en pouvait mais de poursuivre cette existence vaine. Toutes ses terminaisons nerveuses le brûlaient et il endurait depuis la première seconde des souffrances difficilement imaginables. Immense et terrible était sa solitude! Son univers se réduisait à la douleur. Elle était partout, toujours, encore…
Pauvre anencéphale cyclope à face de crapaud! Un œil bleu unique, voilé, inexpressif, des excroissances adipeuses dans le dos, un goitre et, par-dessus tout cela, une polydactylie!
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Le corps sanglant à cause des escarres inévitables ne pouvait se mouvoir seul. Pour sa sécurité, il était retenu par des lanières qui ajoutaient à ses souffrances.
Les militants « pro life » de cet institut s’acharnaient professionnellement à maintenir en vie cette ébauche d’humain, utilisant tout leur savoir alors que la pitoyable créature n’aurait dû survivre que deux heures tout au plus sans leur aide! Subjectivement, le freak existait depuis deux longues années déjà!
Jugeant qu’il était temps de passer à la suite, Fermat, bourreau exemplaire, énonça méthodiquement la quatrième non-valeur: le mépris des femmes!
L’Américain se réveilla dans la peau d’une Hispanique déjà mère de six enfants, à la merci d’un époux alcoolique et brutal qui, chaque soir, battait sa femme, sous l’emprise de la tequila ou de la bière. Corazón périt une nuit de cinq coups de couteau dans le ventre. La brute, sûre de son impunité, s’en était allée dormir paisiblement dans la chambre pendant que sa victime agonisait dans la cuisine et que les enfants, terrorisés, gémissaient dans leur coin.
L’exécution suivant la cinquième non-valeur, le soutien aux créationnistes, fut si remarquable, qu’elle mérite d’être relatée en détails.
Ne comprenant toujours pas l’acharnement dont il était victime, TQT fut métamorphosé en singe rhésus de laboratoire. Apparemment, on lui avait implanté des électrodes dans le cerveau afin d’étudier les sensations qui le parcouraient lorsque étaient testés sur lui différents produits de beauté! Pour que la consommatrice lambda fût satisfaite et protégée de toute forme de toxicité, il était « nécessaire » d’en passer par là!
Ce que notre homme politique endura défie l’entendement! Le singe n’étant point parent du genre Homo, les chercheurs travaillant pour les transnationales des cosmétiques pouvaient donc l’utiliser à loisir et le mépriser à volonté au pis, l’ignorer au mieux!
Rongé par divers acides, notre « singe » mourut en poussant de petits cris plaintifs qui auraient ému des statues mais pas ces individus vêtus de blouses blanches payés pour accomplir leur travail.
Suivit le soutien inconditionnel à l’ultralibéralisme, cette fois TQT devint un sans-abri Noir, crevant de faim et de froid au cœur d’un ghetto de la Grosse Pomme, dans les années 1980, au temps de la splendeur du « règne » de son père, le magnifique et arrogant TTT dont les aphorismes seraient encore étudiés deux cents ans après sa mort.
Le cadavre du SDF fut retrouvé presque entièrement gelé, tout bleui et raide, dix jours après son décès, sous un tas d’immondices nauséabonds alors qu’ils allaient être broyés par une benne à ordures. Il arrivait donc à la voirie de passer donc dans le quartier malgré les compressions drastiques du budget!
Puis, ce fut le racisme. Vous l’attendiez cette non-valeur là, avouez-le! Pourquoi avoir tant tardé?
Incarné une nouvelle fois dans la défroque d’un Afro-Américain, qui, là, vivait dans un État du Sud des States, notre politicien fut tabassé à mort, logique, non?, par ses propres copains du Ku-Klux-Klan
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qui, tout naturellement, ne le reconnurent pas malgré ses supplications! TQT fut achevé en étant attaché à l’essieu arrière d’un vieux pick-up puis traîné sur vingt kilomètres de boue séchée, de rocaille et de nids de poule! Son corps sanglant, les traits non reconnaissables, fut ensuite abandonné dans un fourré pour finir dévoré par des prédateurs nocturnes.
La défense de la peine de mort fut enfin abordée. Le Gouverneur du Nouveau-Mexique vécut intensément tous les instants de son exécution sous l’identité d’un « assassin » amérindien, trop pauvre pour se payer un avocat digne de ce nom. Son seul tort dans cette macabre affaire était sa couleur de peau, bistre. L’accusation reposait sur le témoignage de deux vieilles femmes, l’une presque aveugle, et l’autre à moitié sénile. Comme elles appartenaient à la majorité blanche, on les crut! L’enquête, il faut le savoir, avait sciemment écarté plusieurs attestations en faveur du Natif! Celles-ci affirmaient qu’à l’heure du crime l’accusé rendait visite à son beau-père dans une réserve du Colorado.
Malgré ses protestations d’innocence, jamais il n’avait varié dans son récit, Johnny Horse fut attaché à la classique civière et subit l’abominable injection létale sensée le tuer sans douleur.
Pourtant, TQT ressentit toutes les affres précédant la mort au cours d’une agonie qui dura six longues minutes. Peu à peu, bien trop lentement, tous ses centres nerveux furent paralysés alors que ses poumons, incapables d’aspirer l’air, cessaient de fonctionner. Après avoir été comme absorbé dans un trou noir, l’Amérindien ne vit plus rien.
Le gouverneur était-il tiré d’affaire? Hélas pour lui, la voix glaciale de Fermat se fit entendre une fois encore, le tirant de sa bienheureuse inconscience!
- Maintenant, les peuples premiers que tu méprises tant! Leurs valeurs sont contraires aux tiennes. Ils vont s’occuper de toi et t’enseigner cette vérité: l’Homme appartient à la Terre et non la Terre à l’homme! Notre espèce, vois-tu n’est que de passage!
André se tut et sembla s’estomper tandis que le décor changeait une ultime fois. Une forêt sempervirente, semi obscure se matérialisa. Elle bruissait, vivait de milliers de présences dissimulées. Des oiseaux criaient, piaillaient, dialoguaient, se répondaient dans une atmosphère chargée d’humidité. La chaleur moite était partout. Par-dessus tout ce bruissement, un sublime yodle, une vocalisation splendide dans les aigus. Les gibbons n’avaient rien à voir avec ce chant venu du fond des âges, du fond de tous nos souvenirs. Les yodles se succédèrent, s’enchaînèrent avec une maîtrise remarquable, semblant surgir des quatre coins de la forêt primaire. Impossible de localiser avec précision les chanteurs de ces prouesses sonores.
Incompréhensiblement, TQT eut peur, soudain! Certes, il pouvait penser, parler, mais il se voyait tout couvert de poils noirs. De plus la station debout lui était pénible, non naturelle! Il marchait curieusement, en se dandinant. Ses pieds préhensibles étaient nus.
Sa peur augmenta encore. Les chants se rapprochaient dangereusement. Une sourde angoisse montait de la pénombre; les oiseaux eux-mêmes s’étaient tus. S’étaient-ils donc enfuis?
Le politicien voulut appeler à l’aide. Mais seuls des borborygmes indistincts sortirent de sa bouche noire. Il ne poussait que de surprenants « Hou! Hou! » terrifiés.
- Un chimpanzé! Me voici dans la peau d’un chimpanzé traqué par des chasseurs! Essaya-t-il de dire.
Son instinct l’obligea à courir et à changer de direction. Mais chaque fois qu’il fuyait, croisant creuser l’écart avec ses mystérieux poursuivants, une nouvelle vocalisation retentissait dénonçant le fait que les terribles chasseurs suivaient toujours la piste! Un sifflement puis une atroce douleur dans le bras gauche! Une sagaie s’y était plantée avec force!
La horde de chasseurs pygmées en quête de viande fraîche avait atteint son but. Le Bonobo était à sa merci. La disette ne serait bientôt plus qu’un souvenir pour la tribu. Elle pourrait se nourrir quelques jours. Faut-il le dire? La disette était le résultat d’une guerre civile qui perdurait déjà depuis de trop longs mois.
Bientôt, le plus que singe, criblé de traits, s’affaissa. Lentement, les chasseurs cueilleurs Aka sortirent des fourrés, s’assurant promptement de la mort de leur proie qu’ils avaient poursuivie durant trois heures. Pour le Bonobo, tout était terminé. Il allait être dépecé. Tant son effroi avait été intense, qu’il s’était souillé bien avant de succomber à ses multiples blessures.
Dans son inconscience, TQT ne sut pas ce qu’il advint dans la soute du vaisseau Einstein. Une intrusion déca dimensionnelle avait lieu. Elle émanait des p! Ces derniers avaient décidé de faire évader deux des prisonniers, Yoel Navon et Hikaru Tagawashi. Les deux hommes, tandis qu’Antor était plongé dans une transe profonde, avaient pu s’emparer de disrupteurs et de tasers.
Cependant, le mutant sentit que quelque chose de grave se passait. La pensée de Fermat lui parvenait clairement bien que le diplomate fût paralysé par la lueur violette.
- Invasion de la Dimension p! Nous sommes tous immobilisés sauf vous! Vous seul pouvez intervenir!
***************
Pavel Pavlovitch avait commis l’erreur de s’encombrer d’un otage fort peu coopératif. En effet, Violetta faisait tout ce qu’elle pouvait pour ralentir son ravisseur. Elle gigotait sans cesse, gémissait à qui mieux mieux, donnait parfois des coups de pieds vicieux, et ce, aux instants les plus inadéquats. Pourtant, l’officier du KGB avait pris la précaution de ligoter la jeune fille et de la bâillonner. Mais voilà, l’adolescente métamorphe, malgré son jeune âge, avait déjà connu semblables mésaventures!
En quelques minutes, elle put se débarrasser de ses liens avec une facilité sidérante! Seule la peur d’être blessée l’empêchait de s’enfuir du véhicule conduit par le Russe.
Pavel Pavlovitch, qui ne se refusait aucun confort de l’Occident capitaliste décadent, avait emprunté une Ford Consul 315. Sa voiture était escortée par une Opel Rekord bourrée d’espions soviétiques armés jusqu’aux dents! Naturellement, tout ce beau monde était muni de faux papiers lui garantissant une relative sécurité. Ainsi, le commandant Fouchine se faisait passer pour un importateur exportateur Est-allemand au nom passe-partout d’Hans Grünwald.
Après quelques heures de route sans péripéties notables, les deux voitures passèrent la frontière avec la RDA sans anicroche. Maintenant, direction Berlin, dans un pays triste, enneigé, gris, défiguré par les usines sidérurgiques et chimiques.
A Berlin-Est - le célèbre et sinistre Mur n’avait pas encore été édifié - Fouchine et son groupe montèrent à bord d’avions affectés par la Stasi. Les aéronefs devaient ensuite se poser en Pologne.
Comme Sun Wu l’avait révélé à Daniel, le commandant pilotait un chasseur Sabre suédois sans numéro d’identification, ce qui allait à l’encontre de toutes les règles de l’aviation.
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L’agent avait pour mission de faire étape dans une base secrète du KGB à proximité de Gdansk. Le reste du groupe avait grimpé à bord d’un avion cargo maquillé de type Antonov. Bien évidemment, les autos avaient été récupérées et chargées dans la soute.
Notre maître espion, un peu trop sûr de lui, avait refusé l’escorte d’autres chasseurs de type Mig 17 ou Tupolev.
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Tout cela afin de ne pas se faire trop remarquer non seulement par les alliés du Pacte de Varsovie mais aussi par les avions U2.
Pavel Pavlovitch avait négligé trois facteurs:
- Violetta, qui, même harnachée derrière son ravisseur, se métamorphosait en valise, en vitre, en enclume, en horloge, en lampadaire, en méduse, en girafon, en autruche, etc.… A chaque changement de notre espiègle jeune fille, les alarmes de sécurité du Sabre s’allumaient, vrillant les oreilles du pilote dans le cockpit, obligeant ce dernier à sortir au plus vite de la vitesse supersonique;
- le réseau fort étendu du Dragon de Jade, très bien informé, mieux que la CIA ou la NSA, qui étendait ses tentacules dans le monde entier et bien évidemment au Kremlin. Pour information, l’un des secrétaires de Monsieur K. était appointé par la Triade!
- le facteur espace-temps, parfaitement maîtrisé par la navette Einstein et son commandant. Le vaisseau du futur pouvait se translater instantanément à Gdansk et arriver à destination avant le Sabre, un primitif engin de vol du milieu du XX e siècle. A la décharge de Fouchine, peu entraîné, celui-ci ne raisonnait qu’en trois dimensions. Il n’avait pas l’habitude d’être confronté à des adversaires se mouvant à l’aise dans les « paradoxes temporels »! Mais cela viendrait.
La destination finale du Sabre était la presqu’île de Kola où s’élevait la base construite sous les directives de Paldomirov et Diubinov, ce dernier appelé à un brillant avenir dans les années 1990 de cette piste, base qui abritait le translateur volé à Franz en 1959. Diubinov avait pour mission de rendre opérationnel le fabuleux engin. Avec le soutien du pseudo Duval, il envisageait d’utiliser Violetta Sitruk comme chèvre afin d’attirer le duc et son nouvel allié dans la nasse. Selon les renseignements dont disposait ce fidèle et borné agent soviétique, eux seuls, sous la menace de voir exécutée la jeune fille, étaient à même de réparer le fameux translateur auquel il manquait une pièce vitale, pièce soigneusement dérobée et détruite par l’agent temporel Michaël et le Germano-américain.
Accessoirement, une métamorphe représentait un magnifique sujet d’expérience. Pourquoi ne pas créer, grâce à ce cobaye, le surhomme soviétique invincible, le soldat indestructible de l’Armée Rouge, protéiforme, capable de prendre l’apparence et la capacité de toutes les armes, y compris les non conventionnelles telles que les bombes A et H?
Chimères! Rêves d’un fou qui auraient fait doucement rire Paldomirov s’il en avait été capable!
L’agent du Commandeur Suprême se servait de la relative naïveté de Diubinov et de la soif de vengeance de Pavel Pavlovitch. Il les instrumentait. Mais, Fouchine, plus intelligent que son supérieur Diubinov, se doutait bien que, derrière ce projet, apparemment loufoque, se dissimulait un autre plan, très dangereux pour tous les protagonistes: une troisième guerre mondiale, une guerre du Temps!
Avec cynisme, le clone du Commandeur Suprême envisageait sérieusement d’avancer la guerre nucléaire qui, théoriquement, devait éclater en 1993, au début des années 1960, ceci afin d’égarer l’agent MX, de l’entraver, et de rendre impuissants les 12 S qui le supervisaient.
Pierre Duval, nullement dupe des aspirations de Diubinov, connaissait l’impossibilité génétique de transformer des soldats soviétiques en parfaits métamorphes. Il s’en fallait de près de trois cent soixante-dix ans!
Pour mémoire, le Commandeur Suprême du Temps convoitait le bio translateur afin d’empêcher l’humanité d’accéder à la véritable liberté. Celle de vaincre l’Entropie.
Or, pendant ce temps, les Yankees, avec Remab et Remcal, tristes écorchés de plastique, testaient la résistance aux radiations des fragiles corps humains. Pour le moins, ils avaient quelques conflits de retard!
Depuis trois minutes, Violetta ne s’était pas métamorphosée en objet ou en animal incongru. Fouchine pouvait donc, enfin, se consacrer entièrement au pilotage et ne plus se méfier des instruments de navigation de son Sabre.
Soudain, son radar afficha un signal inhabituel. La navette Einstein venait de se rematérialiser juste derrière le jet, sans coup férir! Alors, de la soute, émergea un chasseur à réaction plus évolué que le Sabre suédois, le surclassant largement, un Mig 21 piloté par Uruhu le Néandertalien. Pavel Pavlovitch n’avait aucune chance!
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Pour comprendre ce tour, un léger retour en arrière s’impose!
Lorsque l’alerte pourpre avait retenti dans la navette, tous, malgré leur paralysie, avaient vu des faisceaux énergétiques violets balayer les cabines puis la soute. Tandis que le commandant Wu, immobilisé lui aussi, tentait de se dépêtrer de cette paralysie, des disrupteurs étaient apparus entre les mains des prisonniers. Ceux-ci profitèrent de l’occasion. Ils grimpèrent l’échelle de la soute, à la recherche d’une ouverture.
Le premier, TQT, toujours plongé dans une bienveillante inconscience, fut sauvé. Puis, ce fut le tour des autres prisonniers. Mais Tagawashi et Navon avaient déjà atteint l’étage supérieur. Les p les oublièrent!
Plus prosaïquement Daniel Lin avait pu sortir de sa catalepsie passagère, et ce, inexplicablement! Passant en hyper vitesse, il avait rétabli le champ anentropique de contention, un champ généré par un matérialisateur amélioré.
Antor, lui aussi, avait recouvré toute sa conscience. Reprenant contact avec la réalité, il courut après les deux fugitifs, le chef militaire extrémiste israélien, et le dictateur Nippo-Péruvien véreux! Sans état d’âme, les deux hommes tirèrent sur le mutant. Malgré la rapidité des traits de feu, Antor réchappa à la mort en exécutant un triple saut périlleux qui le projeta juste derrière les deux tireurs. Puis, à une vitesse stupéfiante, il bondit sur le dos de ses proies et planta ses crocs dans la nuque du Péruvien d’abord, le saignant à blanc en moins d’une seconde!
Yoel, sa main moite de peur glissant sur le disrupteur, ne parvint pas à se relever et à rejeter au loin son agresseur. Il ne se rendit pas compte qu’Antor le vidait maintenant de tous ses fluides vitaux! Lorsqu’il amorça enfin son redressement, il était déjà mort!
Ainsi, le provocateur, fauteur de guerre, anti palestinien et le massacreur des Amérindiens des commandos Atahualpa avaient fini leur existence totalement exsangues!
Dans la cabine, une entêtante et écœurante odeur cuivrée caractéristique se dégageait. Les dépouilles desséchées, voire dessiquées encombraient le sol de plastacier. Peu à peu, tous les occupants du vaisseau recouvraient leur libre arbitre.
Personne n’eut un mot de reproche à l’adresse d’Antor. Le vampire avait préservé sa vie. Avec un haussement d’épaule, Fermat fit l’affreux ménage en désintégrant ce qui restait des ultralibéraux.
Cependant, aux communications, Tony Hillerman captait un message subspatial transtemporel comportant les formules diplomatiques cérémonielles en usage au sein de l’Alliance, mais surmontées de la titulature de l’Empire Haän restauré par Tsanu XIII Gaachak. Le valeureux Empereur se déclarait maître du Langevin et menaçait de mettre à mort tout son équipage si le commandant Wu, après avoir reconnu sa défaite, ne regagnait pas son vaisseau!
Pour persuader Daniel, la proclamation était accompagnée d’images montrant une bataille intersidérale où l’on voyait la flotte de l’Alliance des 1045 planètes subir une déroute, bref une raclée administrée par les Velkriss et les Castorii dissidents. Une date s’affichait sur l’écran, celle du 31 mai 2517!
Nullement démonté par cette nouvelle, le daryl androïde avait ses ordres et savait que Benjamin, même prisonnier et otage était capable de s’en sortir, le commandant Wu choisit froidement d’ignorer l’ultimatum. Ce qui aurait pu le perturber, c’était la situation des civils du Langevin parmi lesquels figuraient Mathieu et Marie.
Daniel se concentra sur le problème le plus immédiat, celui de la récupération de Violetta Sitruk. Il lui fallait anticiper l’arrivée de Fouchine en Pologne. Tant pis pour la fuite des ultralibéraux! Ce n’était pas le moment de se disperser et d’affronter les p directement!
Pour notre Prodige de la Galaxie, s’il parvenait à remonter la piste de Amsq et Merritt et à contrer ces deux individus, l’invasion du Langevin par les Haäns et les Velkriss n’aurait jamais lieu! (sauf à l’état de virtualité inaboutie, mais c’était une autre histoire)!
Assis sur le siège du pilote, les paupières baissées, concentré, Daniel calcula l’avance supposée de Fouchine, prenant en compte tous les facteurs. Après une vingtaine de secondes, il conclut que l’Einstein devait se translater quatre heures avant l’arrivée de l’agent soviétique à sa base. Rouvrant les yeux, il en informa ses subordonnées d’une voix qui n’admettait aucune remise en compte.
Franz qui était à bord, réfléchit à son tour et jeta innocemment:
- Une fois à Gdansk vous escomptez attaquer le jet de Fouchine avec ce vaisseau? Êtes-vous armé et outillé pour un combat aérien en atmosphère?
- Non… admit le commandant Wu.
- Bien! Je poursuis. Avez-vous envisagé que notre espion pourrait, non par hasard, endommager vos moteurs distorsionnels malgré la présence de boucliers magnétiques?
- Mmm… Pour cela, il faudrait alors que l’Entité Johann pilotât elle-même cet avion!
- Sait-on jamais!
- Qu’avez-vous donc en tête, Franz?
- Lutter à armes égales, ou presque!
- C’est-à-dire?
- Nous sommes d’accord que Fouchine va emprunter un supersonique. Alors, il nous faut lui opposer un autre supersonique de guerre! Trouver un tel avion et le voler ne doit pas être si difficile…
- Certes! Émit Fermat. Mais qui va piloter une telle antiquité?
- Uruhu! Lança Daniel coupant la parole au duc qui allait certainement se proposer. Il est parfaitement qualifié pour cette mission. De plus, son intuition peut faire la différence!
- Oui, vous avez raison, Daniel, approuva André. Quel avion emprunter?
- J’ai ma petite idée, reprit le daryl. Franz a suggéré une tricherie… tant pis pour le fair-play! Cela devrait marcher. Je vais calculer une nouvelle translation. Après tout, je dispose d’assez de charpakium! En attendant, Franz, pardon, mais je n’ai plus besoin de vous!
- Vous me mettez à la porte.
- En quelque sorte! Mais je serai bientôt de retour avec ma « nièce »!
- Je n’en doute pas!
- Pacal, Ivan, Geoffroy et Raoul vont vous suivre.
- Pourquoi? Commença par objecter le blond adolescent.
- Pour plus de sécurité! Une translation reste délicate à effectuer et moins j’ai de néophytes pour gêner la manœuvre, mieux c’est!
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Daniel Wu tricha donc en menant l’Einstein en Estonie sur une base soviétique à la fin des années 1970 de la même chrono ligne. Là, il y déroba, au nez et à la barbe des « reds » un Mig 21
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en parfait état de marche. Pourquoi ce choix? En 1961, Uruhu n’aurait eu qu’un Mig 17 à opposer au Sabre et Fouchine, connaissant mieux les performances du chasseur, aurait pu sortir vainqueur de l’affrontement avec le Néandertalien. Uruhu disposa de trois heures pour se familiariser avec le jet.
Et Fouchine constata la présence de la navette futuriste sur son radar. Puis, il vit la soute de celle-ci s’ouvrir pour libérer le Mig!
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Violetta qui occupait la place du radio mécanicien à l’arrière du Sabre, était solidement attachée par des lanières de cuir qui lui entraient dans les chairs. Maintes fois, elle avait tenté de se libérer, mais le mal au cœur l’empêchait d’user de ses facultés métamorphes. Rappelez-vous une de ses précédentes mésaventures! A cause d’un problème d’oreille interne, elle ne supportait pas l’avion et était affreusement malade à bord! Autrefois, dans un 1966 différent, elle avait rendu son petit-déjeuner alors qu’elle se rendait à Bonn en compagnie de son oncle!
Là, son malaise allait être plus désagréable encore, Fouchine n’ayant pas commencé ses acrobaties afin de distancer son poursuivant!
Inévitablement, le Mig 21, à Mach 2, sans forcer, dépassa le Sabre suédois. Pavel Pavlovitch vit l’avion impossible devant lui, à dix heures, faisant demi-tour afin de l’appréhender!
Le Soviétique n’eut d’autre ressource que d’allumer les boosters et d’entamer une montée en flèche! Las! Son chasseur plafonnait à Mach 1,7 ce qui, pour l’époque, était magnifique! Accélérant encore, jetant toute la puissance dont il disposait, gaspillant des litres et des litres de carburant, il parvint, péniblement à 1,85!
Peine perdue! Le Mig ne le lâchait pas et gagnait même du terrain. Peut-être allait-il se servir de ses rockets pour l’intimider et le contraindre à le suivre?
- Par les moustaches de Staline, il triche! Daniel Wu triche sans vergogne! Entendu, j’ai affaire à un Mig! Mais lequel? Je ne connais pas ce modèle! Il vient du futur! Le colonel Paldomirov m’avait bien mis en garde, mais je n’ai pas assez tenu compte de ses avis. Allons, ne paniquons pas! Il ne va pas me descendre! Il doit vouloir récupérer son fléau de mijaurée! Celui qui pilote cet avion n’a pas reçu l’ordre de m’abattre! A moi de m’employer coûte que coûte à le semer! Usons de toute mon expérience de pilote d’essai!
Pour décrocher Uruhu, le Sabre passa alors en chandelle et grimpa encore, atteignant presque son altitude limite. Les superstructures de l’appareil gémissaient et, à l’arrière, Violetta n’en pouvait mais! Malgré la protection de sa combinaison, pour elle totalement archaïque, l’adolescente, pas entraînée au vol à vitesse supersonique, encaissait trop de G! Victime du voile rouge puis du voile noir, elle finit par perdre connaissance. Notre jeune métamorphe ignorait qu’elle aurait pu régler le débit d’oxygène de son masque. Cela lui aurait évité de sérieux inconvénients. La tenue de protection s’avérait donc totalement inefficace pour notre adolescente du XXVI e siècle et aussi obsolète que l’aurait été une cuirasse d’hoplite remontant aux guerres du Péloponnèse!
De son côté, Uruhu s’en sortait plutôt bien. Certes, il n’était pas pilote d’essai, mais il lui arrivait de conduire manuellement le Langevin ou l’Einstein, sans l’assistance des ordinateurs. De plus, il avait reçu l’habilitation à piloter cinquante-deux engins volants appartenant au passé ou au présent. Ses compétences lui permettaient de manier aussi bien un Spitfire, un Mirage IV
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qu’une araignée volante de la planète-mère de Schlffpt, le xénobiologiste médusoïde du Langevin. Voilà pourquoi Daniel l’avait sélectionné pour son expédition. Même lui n’aurait pas obtenu de meilleurs résultats!
Dans ce jeu du chat et de la souris dans lequel il excellait, Fouchine multipliait les acrobaties, les soudaines et contrôlées pertes de vitesse et d’altitude, les vols sur le dos, les accélérations et les décrochages inattendus, les doubles ou triples loopings, les brutaux changements de direction. Hélas! Trois fois hélas! Uruhu ne lâchait pas le Sabre d’une aile!
Piqués, vrilles, tonneaux, doubles tonneaux, virages renversés en épingle, vols sur le dos encore et boucles s’enchaînaient avec une maestria époustouflante à une rapidité à faire pousser des clameurs d’effroi! Du grand art, véritablement!
Plus loin, distancé, mais nullement découragé, le lourd Antonov poursuivait son chemin, ignoré par l’Einstein, suivant au radar les évolutions et les tribulations des deux chasseurs. Alexeï, le lieutenant du KGB qui était aux commandes du gros porteur, rageait de ne pouvoir secourir son chef. Son avion était beaucoup trop lent et désarmé! La mort dans l’âme, le subordonné fut obligé d’exécuter les ordres et de rejoindre la base où il était attendu. Toutefois, connaissant suffisamment son supérieur, il était persuadé que celui-ci avait soixante-dix pour cent de chance de s’en sortir sans casse et ce, quelles que fussent la pugnacité et l’obstination de l’adversaire!
Tout en jouant à l’acrobate, Fouchine conservait son cap tant bien que mal. Il savait que la DCA du Pacte de Varsovie et ses canons de tenaient toujours en alerte, prêts à abattre tout intrus.
Lentement mais sûrement, l’Antonov atteignit son objectif et se posa tandis que résonnaient les stridentes sirènes d’alerte. Puis, presque aussitôt deux voitures émergèrent de la soute du gros porteur. Alexeï amena l’Opel Rekord au bout d’une piste isolée, à l’abri, et put observer à travers les jumelles les manœuvres des deux chasseurs au-dessus du ciel de la base.
Uruhu, malgré les tirs sporadiques de la DCA qui craignait d’abattre le jet du commandant Fouchine, s’en tirait merveilleusement. Il n’avait rien à envier aux as de la haute voltige. Pour l’instant, il n’avait pas été touché par les balles ou les rockets des Mig 17 qui s’étaient décidés à décoller afin de prêter main forte à Pavel Pavlovitch.
A son tour, le Néandertalien vida ses chargeurs et chaque missile fit mouche! Les chasseurs soviétiques furent abattus, leurs pilotes ayant juste le temps de sauter en parachute afin d’échapper à un funeste sort.
Grâce à sa perception extrasensorielle, le K’Tou était d’une virtuosité prodigieuse. Il parvenait à anticiper les manœuvres des « reds »!
Bien que Daniel hésitât à user du téléporteur pour récupérer Violetta, il était évident qu’il allait remporter la victoire.
Mais un grain de sable vint changer la donne…
Soudainement, se matérialisa devant le nez du Sabre une onde qui, peu à peu, prit l’aspect d’un être humain! Hepta PI, vêtu d’une combinaison de pilote vert pomme, lui fit un signe amical de la main et s’en vint s’asseoir sur l’aile gauche de l’avion. L’être déca dimensionnel dit non sans humour:
- Ne vous faites aucun souci! La Dimension pi vous apporte son soutien!
Incroyablement, sa voix parvint sans difficultés aux oreilles de Pavel Pavlovitch. Ce dernier, surpris, se retint de déglutir. Une seconde, il avait failli perdre le contrôle du Sabre.
Retrouvant son aspect habituel, celui d’un rayon ou d’une aura, l’entité entoura le Mig 21 qui se retrouva alors pris dans un piège pratiquement imparable. Une angoisse sourde s’empara d’Uruhu. Le Néandertalien voyait et sentait à la fois le fuselage et l’habitacle de son avion se modifier. Sans nul doute, il n’allait pas tarder à perdre le contrôle de son appareil et de lui-même! Ses instincts remontant à la surface, il exprima sa peur primitive dans sa langue maternelle:
- Broohr Niek’Tou! Banou b’an-ki! Ak a NiekTou! A ba! A ba!
Le Mig avait désormais l’apparence d’un simple Cessna à hélice, un petit avion de tourisme surclassé et facile à abattre par la défense de la base. Mais le plus terrible pour Uruhu fut la matérialisation de passagers incongrus à bord de la carlingue! Mathieu et Marie, plus jeunes d’un an, kidnappés dans une dimension temporelle parallèle proche. Les deux enfants étaient en train de fêter Halloween et portaient des masques de sorcière et de vampire lorsque l’étrange phénomène s’était produit. Désorientés, ils s’agitaient et criaient ne comprenant pas ce qui se passait.
Cependant, la radio du Cessna captait un message de Fouchine d’abord en russe puis en anglais. Le Soviétique intimait au Néandertalien de se poser s’il ne voulait pas que son appareil soit descendu!
Or, pour accentuer davantage la panique du K’Tou, Hepta p, décidément passé maître en facéties, s’amusa à faire apparaître le visage de Pavel Pavlovitch en trois dimensions à la place des verrières du cockpit! S’il avait été encore à bord du Mig 21, Uruhu aurait eu le réflexe de s’éjecter. Certes, ce geste lui aurait permis de sauver sa vie, mais au prix de l’abandon des enfants de Daniel Wu qui, à l’arrière, piaillaient de plus belle, réclamant des explications!
Le Cessna était passé totalement sous le contrôle d’Hepta pi qui multipliait à loisir les acrobaties les plus échevelées et les plus improbables, défiant ainsi les lois de la physique dans cet Univers! Une descente brutale déclencha le voile rouge chez tous les passagers du fragile aéronef. Le K’Tou ayant perdu connaissance, l’appareil piqua alors en vrille, se rapprochant dangereusement du sol. Le crash n’allait pas tarder, ce n’était plus que l’affaire d’une quinzaine de secondes au maximum!
Mais… notre primesautier Hepta p avait oublié la présence de l’Einstein dans l’atmosphère. Sortant d’un nuage qui l’avait momentanément dissimulé, le vaisseau mit un rayon tracteur en action. Ainsi, il parvint à récupérer l’avion fou qui, réchappant à l’emprise de l’entité, recouvra immédiatement son aspect et sa configuration.
A bord du Mig 21, il n’y avait plus que le Néandertalien toujours sans connaissance.
Uruhu n’avait pas démérité loin de là!
Une fois le Mig en sécurité dans la soute, la navette effectua un court saut quantique impeccable qui l’amena à la hauteur même du Sabre de Fouchine. Il s’agissait là d’une manœuvre désespérée dont Daniel assumait l’entière responsabilité!
Le Soviétique était en train d’entamer sa descente afin d’atterrir enfin à proximité de l’Antonov. Mais l’Einstein collait de trop près à l’avion suédois. Un puits gravitationnel se créa, donnant naissance à un mini trou noir! Hepta p n’avait nullement anticipé l’effroyable danger. Le premier, il se retrouva attiré dans ce piège à sa mesure. Alors, l’onde de l’être déca dimensionnel se déforma, s’étira, pour engendrer des distorsions visuelles du plus bel effet. Enfin, l’onde fut engloutie par le mangeur d’étoiles. Le rayon lumineux s’éteignit brutalement. Peut-être était-ce ainsi que les p achevaient leur longue existence?
Pavel Pavlovitch se retrouvait lui aussi en danger. Au sol, ses jumelles toujours braquées, Alexeï le comprit. Le Russe voyait parfaitement une sorte d’entonnoir de néant absorber tout sur son passage, une bouche monstrueuse qui grandissait et se nourrissait, n’épargnant rien!
Dans le centre de commandement de l’Einstein, Daniel était parfaitement conscient de ce qui se produisait. Il inversa les capacités du matérialisateur temporel, passant pour ce faire en hyper vitesse. Puis, prenant un risque immense, il entra les coordonnées de Violetta dans l’ordinateur du téléporteur tout en déclenchant parallèlement un contrechamp antigravitationnel dans le but de contrer la singularité provoquée par le saut quantique effectué en atmosphère et à basse altitude à l’encontre de toutes les règles de sécurité!
Tout allait se jouer à quelques attosecondes!
A l’extérieur, déjà, le Sabre commençait à s’étirer. L’arrière fut atteint par l’effroyable phénomène en premier. Juste à temps, la métamorphe disparut de l’intérieur du supersonique. L’avion, attiré par l’horizon d’événement du trou noir, était condamné.
Echevelée et rouvrant des yeux hagards, l’adolescente se vit étendue avec soulagement sur un des plots du téléporteur de la navette. Irina s’empressait auprès d’elle. Secouant sa tignasse rousse, Violetta s’écria:
- Tante Irina je ne suis pas blessée! Mais oncle Daniel aurait pu se dépêcher, non? J’ai eu la peur de ma vie!
- Je le vois et le sens! Tu as rendu ton repas! Une bonne douche t’attend, répondit la Russe sur un ton sarcastique.
Dans la cabine de pilotage, André avait remplacé Daniel. Il avait fort à faire, parvenant tant bien que mal à maintenir le vaisseau en équilibre sur les bords des tempêtes anentropiques qui faisaient rage au-dessus de la base. Les forces et les forces contraires s’affrontaient en un combat dantesque, tentaient de s’annihiler. La fin du monde allait-elle sonner?
On aurait pu le penser à la vue de ce ciel sombre, plus que sombre, plombé, parcouru de zébrures noires, de fulgurances anthracite et de tourbillons aléatoires s’enclenchant dans ces nuées d’apocalypse. Au centre, tout au centre de cet enfer, le trou noir grandissait, palpitait, vagissait, hurlait sa faim monstrueuse et insatiable!
Daniel, plus pâle et tendu qu’un Pierrot lunaire en équilibre sur son fil, obtint enfin précisément la contre-puissance désirée et… miracle! Le téléporteur transdimensionnel, le matérialisateur modifié, mangea le mini trou noir! Pavel Pavlovitch était sauvé! Sentant que son Sabre était en train de se désagréger, il avait également tenté le diable et s’était éjecté presque au cœur du trou noir!
Le monstre technologique disparu, le parachutiste improvisé se posa, quelque peu secoué, en bout de piste! Les yeux toujours collés aux verres de ses jumelles, Alexeï ne faisait plus attention au supersonique. L’avion alla s’écraser sur les automobiles. Aussitôt, les carcasses entremêlées du jet, de l’Opel Rekord et de la Consul 315 s’embrasèrent. Exit l’équipe de Pavel Pavlovitch! Le Russe, se mordant les poings, rageait et pestait contre ce coup du sort. Mais en était-ce véritablement un?
- J’étais si prêt du but! Ce foutu Daniel Wu se sauve en récupérant mon otage! Paldomirov acceptera-t-il mes explications? Me fournira-t-il mes mêmes moyens que ce Daniel? D’ailleurs, le pourra-t-il? L’URSS ne doit pas perdre!
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En léger déphasage temporel, la navette Einstein ralliait en subluminique la Bavière, ménageant et ses moteurs et ses superstructures. Le vaisseau allait avoir besoin d’une révision complète. Soigneusement démonté, le Mig 21 avait été enterré quelque part dans la campagne polonaise.
Dans la cabine principale qui servait de pièce à vivre, savourant une tasse de thé parfumé à la bergamote et une soupe de poisson, Violetta et Uruhu racontaient leurs mésaventures. Comme à l’accoutumée, la métamorphe, prolixe, exagérait ses tourments mais personne n’était dupe, à commencer par Tony Hillerman qui esquissait un sourire sceptique.
Fermat, quant à lui, était pressé de quitter les lieux et l’année 1961! Non qu’il envisageât de se reposer! Il lui tardait de remonter la piste de Sir Charles et de Zoël Amsq. Justement, le Haän se rappela au bon souvenir de tous car, le chrono vision resté branché, reçut le message du chercheur extraterrestre. Zoël eut l’impudence d’apparaître sur l’écran temporel. Au-dessus d’un visage mangé de poils roux, on distinguait des yeux mauves, brillant de colère. D’une voix gutturale, emplie de morgue, il jeta dans le langage de la troisième caste:
- Daniel Lin Wu, apprends que tu viens de perdre la seconde manche! Pendant que ton ancêtre, le dénommé Sun Wu, t’imposait son stupide marché, et que tu courais secourir ton encombrante et naïve métamorphe, particulièrement douée pour se plonger dans le pétrin, tu en conviendras avec moi, nous en avons profité Sir Charles Merritt et moi-même pour prendre une nouvelle longueur d’avance! Hé oui! Nous venons juste de nous emparer de l’IA du bio translateur et, ce, au nez et à la barbe d’Osa et Martin Johnson, ces ridicules et pitoyables humains! Comment réagis-tu? N’es-tu pas accablé par l’immensité de ta défaite? Ne perds-tu pas la face? Vas-tu te faire seppuku? Abandonne, métis! Rends-toi et je promets de ne te tuer qu’au bout de quelques décennies de tortures! Ah! En passant, j’épargnerai ton équipage qui ira rejoindre l’un des bagnes orbitant autour de la planète Haäsucq!
Sur ce, l’écran devint opaque! Nullement démonté, les mains croisées, Daniel Lin réfléchit.
- Ce Zoël Amsq! Quelle arrogance! Il connaît tout de moi… Sun Wu a raison… Il poursuit bien une vengeance personnelle! Mais il aime s’écouter parler…
- Oui! Il est surtout gonflé d’orgueil et d’ambition. Cela le perdra! Fit André.
- Un égo aussi démesuré! Pour un Haän, c’est tout à fait naturel, mais… je ressens un malaise…
- Tu l’as senti toi aussi?
Daniel marqua un court silence puis reprit.
- Dans sa fatuité, notre Haän oublie un minuscule détail.
- Il te sous-estime!
- Oui, mon frère! Moi aussi, je me joue des paradoxes temporels! Nul besoin de vivre au trentième siècle pour cela!
Toujours maître de lui, se tournant vers le Noir, le daryl demanda:
- Lieutenant Hillerman, précisez les coordonnées de ce message!
- Euh… Hollywoodland, studio de la Warner Bros, le 9 juillet, temps dévié de 0,00000121%…
- Il ne brouille même pas sa piste! Ricana Irina.
- Pourquoi ce faible écart? S’enquit le vampire.
- Le chrono vision a détecté la présence de SS et d’espions nazis en Californie, fit Tony.
- Mais il y en a eu aussi dans notre passé, siffla Fermat.
- Certes, rétorqua le commandant Wu, mais ils n’étaient pas aidés par les p! Est-ce cela, lieutenant?
- Aye! Aye! Sir!
- Laissez tomber le protocole, Tony. La partie s’annonce intéressante.
- Puisque tu le dis, sourit Antor.
- Chouette! S’exclama Violetta. Les mauvais coups vont pleuvoir! Mais j’aurais de la compagnie, non?
- Qui? Interrogea sévèrement Irina.
- Ben… les trois m’as-tu-vu de 1978 et Raoul sans doute, tante Irina
- Petite peste! Ce qui t’est arrivée ne t’a pas servi de leçon?
- Il n’en allait pas de ma faute, je le jure!
- Cessons cette querelle peu productive et prenons nos dispositions pour rattraper le coup!
- Oui, commandant! Répondirent en chœur la Russe, Antor, Fermat et Hillerman.
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