1943
2 Décembre 1805. Dans
la soirée.
Napoléon Bonaparte
avait vaincu à Austerlitz. L’Empereur soignait sa propagande en déclarant à ses
grognards ces phrases fameuses :
- Soldats, je suis
content de vous. Vous avez, à la journée d’Austerlitz justifié tout ce que
j’attendais de votre intrépidité. Vous avez décoré vos aigles d’une immortelle
gloire… Je vous ramènerai en France. Là, vous serez l’objet de mes tendres
sollicitudes. Mon peuple vous reverra avec joie et il vous suffira de
dire : j’étais à la bataille
d’Austerlitz pour qu’on vous réponde : voilà un brave.

*****
49 av. J-C.
César, devant le
Rubicon, se demandait s’il devait franchir le fleuve, les risques encourus
étant aussi importants que les avantages.


- Que faire ? se
disait-il.
Puis, enfin, il se
décida et eut ces paroles restées célèbres dans l’histoire :
-
Alea jacta est ! (Le sort en est jeté).
Ainsi, à la tête de
son armée, le général passa le cours d’eau. Bientôt, il gouvernerait Rome ainsi
que les provinces dépendant d’elle. Telle était donc l’Histoire que nous
connaissions depuis des siècles. Mais… se pouvait-il qu’il existât d’autres
versions ? Des harmoniques temporelles légèrement divergentes ?
*****
170 ap. J-C.
A la Cour de
l’Empereur Marc Aurèle,
un haut dignitaire de l’Empire s’en venait pour la première fois. L’homme, de haute taille, la barbe taillée avec le plus grand soin, portait bien la cinquantaine. Energique, d’une brillante intelligence, il avait été remarqué par l’Empereur qui l’avait mandé afin de lui confier une mission exceptionnelle. Le procurateur, après avoir rempli son mandat, fit son rapport quelques mois plus tard. Il répondait au patronyme incomplet de Quintus Severus Caero.

un haut dignitaire de l’Empire s’en venait pour la première fois. L’homme, de haute taille, la barbe taillée avec le plus grand soin, portait bien la cinquantaine. Energique, d’une brillante intelligence, il avait été remarqué par l’Empereur qui l’avait mandé afin de lui confier une mission exceptionnelle. Le procurateur, après avoir rempli son mandat, fit son rapport quelques mois plus tard. Il répondait au patronyme incomplet de Quintus Severus Caero.
*****
18 Janvier 1943.
Les Russes
débloquaient partiellement Leningrad. Ce même mois, le 30 janvier, mais en
France, Pierre Laval créait la Milice, à la future sinistre réputation.

Jean-Luc Mirmont sera un des premiers à s’y engager lorsqu’elle sera étendue à la zone nord un an plus tard. Il brûlait d’enthousiasme à l’idée d’épurer son pays de toute cette engeance de Juifs, de terroristes, de gaullistes et de communistes. Pour le jeune homme, c’était un peu une nouvelle croisade à mener.

Jean-Luc Mirmont sera un des premiers à s’y engager lorsqu’elle sera étendue à la zone nord un an plus tard. Il brûlait d’enthousiasme à l’idée d’épurer son pays de toute cette engeance de Juifs, de terroristes, de gaullistes et de communistes. Pour le jeune homme, c’était un peu une nouvelle croisade à mener.
A
Sainte-Marie-Les-Monts, Marc Fontane commençait à regarder Elisabeth Granier
avec d’autres yeux. L’adolescente se transformait peu à peu, sortant de sa
chrysalide, suscitant l’admiration devant sa beauté. Peu à peu, le médecin
devenait amoureux de la jeune fille. Toutefois, lorsqu’il se rendit compte de
ce sentiment tout nouveau en lui, il éprouva une grande colère, et ce, pour
deux raisons :
- Amant en titre de
sa secrétaire médicale, Carole Lavigne, il n’était pas prêt à rompre avec elle.
- Elisabeth n’était
pas une fille que l’on courtisait aussi facilement. S’il lui déclarait sa
flamme, il lui faudrait l’épouser. Il n’était pas question d’en faire sa
maîtresse…
*****
Janvier 1943. URSS.
A l’arrière du front
de Stalingrad, une semaine avant la reddition de la VIème Armée allemande
commandée par von Paulus.


Un petit village en
ruines était occupé par les troupes nazies, des troupes faites de bric et de
broc, la fameuse armée Manstein qui n’était pas parvenue à faire sa jonction
avec celle de von Paulus encerclée par l’Armée rouge. Cependant, le général von
Manstein

avait récupéré des régiments et des compagnies qui s’étaient sorti de la nasse de la ville symbole. A Berlin, Adolf Hitler avait refusé que ses hommes se rendissent aux Soviétiques. Il était persuadé que von Paulus tiendrait encore, au moins jusqu’au printemps, jusqu’à une éventuelle contre-offensive, une fois le froid glacial oublié.

avait récupéré des régiments et des compagnies qui s’étaient sorti de la nasse de la ville symbole. A Berlin, Adolf Hitler avait refusé que ses hommes se rendissent aux Soviétiques. Il était persuadé que von Paulus tiendrait encore, au moins jusqu’au printemps, jusqu’à une éventuelle contre-offensive, une fois le froid glacial oublié.
Or, en cette fin de
janvier, le blizzard ne cessait pas de souffler, accentuant encore la sensation
de geler sur place dans cet enfer glacé. Tout devenait insupportable, inhumain
au sein de cette étendue grise, blanche et abominablement froide. Il y avait de
quoi devenir fou. Les hommes ressemblaient davantage à des spectres, à des
loups affamés, transis qu’à des humains, leur manteau s’avérant insuffisant
pour les protéger de la bise, la vareuse usée, la casquette surmontée de
morceaux de tissus de laine, les mains glissées dans des gants de fortune, des
mitaines, les pieds dans des bottes fourrées de tout ce qui traînait et qui
était censé pouvoir les réchauffer afin d’éviter l’amputation. Ah ! Ce
froid maudit qui engourdissait à la fois le corps et l’esprit, qui vous usait,
vous faisait abandonner toute volonté, toute intelligence, vous réduisant à l’état
de bête affamée…

Mais il n’y avait pas
que les troupes qui souffraient, il y avait également le matériel. Les armes
automatiques s’enrayaient avec des températures frisant les -40°C. Cette armée
quasiment revenue à l’époque de la simple survie, au temps de l’âge des
cavernes, manquait de tout, de vivres, de vêtements chauds, de médicaments, de
combustible, d’essence – celle-ci gelait dans les réservoirs – et de sommeil.
Rares étaient les véhicules pouvant encore démarrer, rares les fusils et les
mitrailleuses en état de fonctionnement, rares les hommes encore assez lucides
pour résister à l’envie de se laisser aller, de succomber au désir de mourir
ici, sous un ciel morne à souhait, sous le vol des corbeaux et autres oiseaux
sinistres.
Cependant, une
compagnie allemande tenait un village avancé, à une trentaine de kilomètres de
la ville encerclée. Cette compagnie avait encore une certaine allure grâce à
l’officier qui la commandait. Mais la Wehrmacht devait lutter sans cesse contre
la haine des villageois qui étaient restés chez eux ou qui se cachaient dans le
bois alentour. Ces irréductibles n’avaient pas fui – il eût mieux valu – devant
les Boches. Au contraire, soutenus par des partisans aguerris se fondant avec
le décor, se camouflant dans la steppe neigeuse, les Russes, aussi bien les
adultes que les enfants, harcelaient les Allemands qu’il fît jour ou nuit. Pas
une matinée où la Wehrmacht ne comptabilisât pas de nouveaux morts, pas tous
dus au froid atroce de ce lieu à la limite du royaume de Satan, de ce hameau au
bord de la gueule même du Démon.
Nous avons dit plus
haut que cette troupe manquait de tout… pas tout à fait, en vérité. Les soldats
avaient fait razzia sur tout l’alcool qu’ils avaient pu trouver. Ici, la vodka
issue de la culture de pomme de terre permettait aux Schütze de tenir, d’oublier un instant l’horreur de cette foutue
guerre. Cependant, n’allez surtout pas supposer qu’il suffisait de s’enivrer en
avalant ce breuvage à même le goulot d’une bouteille. Tout gelait dans cet
enfer, absolument tout. Même la vodka était réduite à l’état de glaçon. Alors,
si les flacons en verre n’étaient pas cassés par la pression de la glace
alcoolisée, il appartenait aux soldats de briser lesdites bouteilles et de
sucer ce pseudo-remontant. Boire, toujours boire afin de ne plus se souvenir d’où
l’on se trouvait, livré à soi-même, abandonné des hautes pontes galonnées,
avant de rejoindre, ne serait-ce que dans un rêve éthylique un pays civilisé,
loin de la mort, loin du désespoir.
Une armée de vaincus
avec les doigts gelés, amputés, les nez de même, les yeux chassieux,
incapables, à cause des quantités d’alcool ingurgitées, de focaliser, les
lèvres crevassées dans l’impossibilité de proférer des phrases cohérentes mais
simplement des borborygmes, la raison en berne…
Soldats et officiers
subalternes étaient tous logés à la même enseigne. Franz von Hauerstadt aussi.
Lui qui détestait se saouler était forcé de recourir à la vodka afin de
résister illusoirement au froid et à cette espèce de découragement qui lui
taraudait l’estomac. Il avait faim, il avait sommeil, il grelottait tout autant
que ses hommes.
Les partisans
soviétiques savaient pertinemment que Stalingrad allait tomber entre les mains
de l’Armée rouge. La victoire n’était plus qu’une question de jours, voire d’heures.
Alors, un matin à
l’aube blême, comme dans un ralenti halluciné, les Russes, les civils,
passèrent à l’attaque de la compagnie allemande, perdue dans cette région
ennemie, cette région où la mort embusquée fauchait sa moisson de bêtes
humaines avec la plus parfaite indifférence, dans un ballet minuté, dans une
gigue saccadée, scandée au son des fusils, des mitraillettes, des bazookas…


Au tout début, une
dizaine d’Allemands tombèrent, embrassés par la Mort, victimes prises par
surprise. La haine avait exacerbé la furie des Soviétiques. Ils s’acharnèrent
sur les cadavres, les réduisant à d’infâmes et monstrueuses bouillies
sanglantes. Cependant, la compagnie fit front, malgré les pertes. Elle réussit
à faire prisonniers tout autant de civils armés et bien que le commandant
désapprouvât la chose, les exécuta à coups de crosses, les corps pendus à
l’envers.
Le téléphone de
campagne se mit à sonner cet après-midi-là. Le major von Hauerstadt prit la
communication. L’ordonnance du général Kulm lui ordonna sur le mode
comminatoire de venger cette stupide attaque de ces fumiers de terroristes en
tuant tous les villageois encore vivants dans le hameau où la compagnie avait
trouvé un refuge précaire.
- Est-ce compris,
commandant ? Dès que ces salauds remettent ça, vous exécutez tous ces
connards !
- Euh… oui, colonel…,
bégaya Franz, croisant les doigts pour que ce ne fût pas le cas.
Hélas pour von
Hauerstadt, les partisans recommencèrent dès le soir même. Alors, le jeune
commandant prit sur lui de se rendre au quartier du général de Kulm afin de
discuter cet ordre terrible, digne d’un crime de guerre.
- J’arrive, dit-il à
l’ordonnance de Kulm par téléphone interposé.
- Commandant, vous
avez reçu un ordre, je crois. C’est de l’insubordination avérée, gronda le
colonel.
- Je veux voir le
général en personne, insista Franz.
Ignorant les
récriminations et les menaces du colonel qui hurlait dans l’écouteur Je vais vous faire arrêter… le
commandant raccrocha d’un geste rageur le téléphone de campagne.
- Ce n’est pas
possible. Le général est devenu fou ! Je ne puis obéir à un tel ordre…
D’un pas énervé, il
se rendit dans le bâtiment où le capitaine Müller griffonnait sur un papier
quelques chose et lui jeta sèchement :
- Capitaine, je me
rends au quartier général trouver le général Kulm.
- Mais… ce n’est pas
conforme aux ordres reçus. Ne devons-nous pas exécuter tous les otages ?
- Ich weiss, Hauptmann Müller. Aber das ist
unmöglich. Ich möchte der General sehen. En attendant mon retour, vous
prenez le commandement. Understand ?
-
Jawohl Herr Major !
- Bien.
Naturellement, vous n’exécutez pas les ordres.
- Euh… oui…
- Je prends tout sur
moi.
- Oui, mon
commandant. Mais… aucun soldat n’est en mesure de vous servir de chauffeur… et
ce n’est pas certain qu’une voiture démarre.
- Cela ne m’arrêtera
pas. Je conduirai moi-même. Il y aura bien un véhicule en état de marche…
En claquant la porte,
Franz von Hauerstadt gagna l’endroit où cinq Kubelwagen étaient garées.

Après trois essais, l’une d’entre elle démarra enfin. Conduisant au mépris du danger, le jeune commandant parvint au quartier du général Kulm après une heure de trajet. Mais là, il dut patienter encore deux heures avant que Kulm daigna le recevoir. L’entrevue fut des plus houleuses, on s’en doute.

Après trois essais, l’une d’entre elle démarra enfin. Conduisant au mépris du danger, le jeune commandant parvint au quartier du général Kulm après une heure de trajet. Mais là, il dut patienter encore deux heures avant que Kulm daigna le recevoir. L’entrevue fut des plus houleuses, on s’en doute.
- … ainsi donc, vous
refusez d’obéir à un ordre direct, commandant von Hauerstadt ? hurlait le
général hors de lui. Jamais je n’ai vu cela !
- Eh bien, il faut un
début à tout, lança Franz au bord de la mutinerie.
- Êtes-vous dans
votre état normal, commandant ?
- Plus que je ne le
voudrais…
- Je vais donner
l’ordre de vous faire fusiller, espèce de morveux ! Vous n’êtes pas au Burg
Hof sous feu le Kaiser Guillaume II en train de danser la valse, commandant von
Hauerstadt ! Vous êtes en train de trahir notre Führer !


- Pas possible !
Ne serait-ce pas lui plutôt qui nous trahit en nous abandonnant ainsi ?
-Par tous les démons
de la Galaxie, vos propos dépassent les bornes ! Non seulement, vous vous
rendez coupable du crime de mutinerie mais en plus, il faut que vous y
rajoutiez celui de défaitisme…
- Je m’en fous,
général, oui, je m’en fous…
- Vous êtes ivre…
- Ivre de colère, ça
oui… ivre de rage devant l’impéritie de notre commandement.
- Je vais sonner le
colonel Mark et vous allez immédiatement être conduit en prison. Demain, je
vous jure que vous serez passé par les armes. Vous déshonorez notre
armée !
- C’est vous, en
m’obligeant à tuer des civils, des vieillards, des enfants qui vous rendez
coupable de ce forfait…
- Espèce de petit
marquis, va !
Sous la fureur, le
général sortit son arme, un Luger, et visa Franz. Mais, avant que le coup
partît, le jeune homme se jeta sur Kulm et le désarma sans difficulté. Mieux,
il l’assomma. Dans la pièce à côté, personne ne pipait mot. Le colonel Mark
était en train d’inspecter une garnison.
Lorsque le commandant
von Hauerstadt avait assommé le général, il avait éprouvé comme un malaise vite
enfui. Pourquoi donc ? Son poing avait cru s’enfoncer dans une sorte de
matière caoutchouteuse… Bizarre… mais Franz mit cela sur le fait qu’il n’était
pas tout à fait sobre et que ses sens le trompaient.
Alors qu’il repartait
sous les yeux ébahis de trois sous-officiers qui n’osaient intervenir, ignorant
toutefois que le général gisait inconscient dans le bureau mitoyen, le jeune
comte crut être victime d’une hallucination olfactive. En effet, ses narines
captèrent de légers effluves marins… de plus en plus étrange…
- Bah ! J’ai
trop bu, voilà tout, murmura Franz pour lui-même. J’ai besoin de dessouler… au
plus vite…
Or, tandis que Franz
se conduisait avec une témérité qui pouvait le conduire devant une cour
martiale, pendant son absence, le capitaine Müller, quant à lui, dut exécuter
les ordres du général Kulm sous la pression du commandant SS Gustav Zimmermann
qui s’en venait voir si l’état-major était obéi.
Le massacre des
habitants du village de Dniopr

débuta moins d’une heure après le départ de Franz. Au début de celui-ci, Müller tenta de résister, ne participant pas aux exactions. Puis, trouvant refuge dans une grange au toit absent, il s’enivra encore et encore afin de ne pas entendre le bruit de la mitraille, les rafales de tirs, le staccato des balles, les stridulations, les hurlements, les gémissements et les plaintes, le rire aviné de la troupe, la cacophonie assourdissante engendrée par cette abomination en cours. La deuxième heure, saoul au-delà du possible, les yeux rougis, le teint blafard, un rictus de stupidité sur les lèvres, ricanant, son pistolet en main, il s’amusa à faire des cartons sur tout ce qui pouvait ressembler à un Russe… pis, il s’éclata à abattre de sa propre main vingt-cinq gamins. Il les descendit tous d’une balle dans la tête, prenant son pied devant les atroces éclaboussures qui le mouchetaient, les doigts cramponnés sur la crosse de son arme. Enfin, sourd aux plaintes déchirantes, il s’affala à même le sol, à quelques toises d’une maison incendiée. Là, repu de sang, de cadavres et de cruauté, épuisé par tout l’alcool bu ou sucé, pris par une sorte de raideur tétanique, dans la spirale d’un shoot continu, d’un orgasme abrutissant et abêtissant, comme gavé par tous les crimes perpétrés, au-delà de la satisfaction primitive de la bête fauve, il sombra dans un coma alcoolisé qui le fit trembler, baver, éructer et se pisser dessus alors que son sommeil déroulait pour lui les images déformées, distordues et prismatiques des scènes précédentes dans une accentuation de teintes issues du fin fond de l’enfer. Les écarlates, les carmins, les pourpres des incendies se mêlaient aux gris, à l’anthracite, au blanc sale du sol et des ruines.

débuta moins d’une heure après le départ de Franz. Au début de celui-ci, Müller tenta de résister, ne participant pas aux exactions. Puis, trouvant refuge dans une grange au toit absent, il s’enivra encore et encore afin de ne pas entendre le bruit de la mitraille, les rafales de tirs, le staccato des balles, les stridulations, les hurlements, les gémissements et les plaintes, le rire aviné de la troupe, la cacophonie assourdissante engendrée par cette abomination en cours. La deuxième heure, saoul au-delà du possible, les yeux rougis, le teint blafard, un rictus de stupidité sur les lèvres, ricanant, son pistolet en main, il s’amusa à faire des cartons sur tout ce qui pouvait ressembler à un Russe… pis, il s’éclata à abattre de sa propre main vingt-cinq gamins. Il les descendit tous d’une balle dans la tête, prenant son pied devant les atroces éclaboussures qui le mouchetaient, les doigts cramponnés sur la crosse de son arme. Enfin, sourd aux plaintes déchirantes, il s’affala à même le sol, à quelques toises d’une maison incendiée. Là, repu de sang, de cadavres et de cruauté, épuisé par tout l’alcool bu ou sucé, pris par une sorte de raideur tétanique, dans la spirale d’un shoot continu, d’un orgasme abrutissant et abêtissant, comme gavé par tous les crimes perpétrés, au-delà de la satisfaction primitive de la bête fauve, il sombra dans un coma alcoolisé qui le fit trembler, baver, éructer et se pisser dessus alors que son sommeil déroulait pour lui les images déformées, distordues et prismatiques des scènes précédentes dans une accentuation de teintes issues du fin fond de l’enfer. Les écarlates, les carmins, les pourpres des incendies se mêlaient aux gris, à l’anthracite, au blanc sale du sol et des ruines.
Où était la gloire du
valeureux combattant dans toute cette horreur ? Où s’était perdu l’honneur
du drapeau dans ce massacre ? Seule la Lune qui brillait dans son premier
quartier aurait pu le dire… mais l’astre impassible n’avait que faire des
hommes. Il était là bien avant eux, il serait là bien après eux, les ignorant
dans son sublime halo. La couche de nuages se fit plus dense, masquant ainsi la
beauté froide de la Lune morte, rendant à ce lieu le camaïeu qui lui était dû.
La nuit était tombée,
aussi froide, aussi repoussante qu’à l’accoutumée. Un calme précaire régnait.
Nul bruit hormis les flammes qui crépitaient, nulle lumière sauf les lueurs des
incendies, une odeur âcre, des cendres qui voletaient dans la fausse quiétude
de cette plaine obscure… pas un croassement. Pas un frémissement… tous ces
loups cuvaient, tous ces fauves ronflaient…
Franz von Hauerstadt
était de retour… étrangement, il n’y avait personne pour l’accueillir. Tout
dormait… une odeur de chair calcinée le fit tousser, une odeur composite de
bois grillé, de corps souillés, de sang et d’excréments… des flocons dans le
ciel dépourvu de couleur, des flocons tournoyant et retombant telle de la neige
sur le sol noirci. Mais…ce n’était pas de la neige, oh non ! Ce n’était
pas de la neige…
Alors, il s’avança
jusque sur la place du village ou de ce qu’il en restait… lourdement,
pesamment, comme au ralenti, il marcha… comme dans un cauchemar, tel un noyé au
fond du lac… là, adossés sur un pan de mur, des soldats, ses hommes, endormis,
ivres, presque morts de froid… tous empestaient l’alcool, tous puaient le sang
et les sanies…
- Ce n’est pas
possible…Non… je dois me pincer…
L’angoisse lui
tordant les entrailles, au bord de la nausée, Franz se pencha vers un caporal
et le secoua rudement.
- Heinz… Heinz… par
le diable, réveillez-vous !
Ledit Heinz finit par
ouvrir les yeux. Il ne reconnut pas immédiatement son commandant.
- Was ? Grommela-t-il.
- Kaporal, was passiert hier ?
- Herr Standartenführer Zimmermann ist hier
gehen…
- Ah… Je comprends
tout, balbutia Franz, livide.
Après une pause, il
demanda.
- Wo ist Herr Hauptmann Müller ?
-
Da, répondit
le caporal d’une voix chevrotante.
Alors, le caporal se
redressa tant bien que mal et conduisit son supérieur vers l’église, trébuchant
tant il était ivre… seuls les murs du bâtiment sacré étaient encore debout. Des
chicots semblables à un anathème, proféré muettement et brandi pour l’éternité.
De la fumée âcre et sale s’élevait dans
l’aube naissante. Une aube bien laide…
Le spectacle
appartenait à un décor de film d’horreur, mais ce n’était pas un film
d’épouvante, non. C’était la réalité dans toute son atrocité crue.

Parmi la cendre
déposée en couches multiples, parmi les pierres brûlantes encore, parmi les
braises en partie éteintes, des os ivoire, des corps mutilés, à demi calcinés,
des cheveux sur des crânes noircis, des dents brisées, des grimaces, des
spectres entassés, à demi vêtus, et, derrière ces murs, la fosse non
entièrement creusée mais pourtant débordant de cadavres, de cadavres d’enfants
recroquevillés, une fillette tenant sa poupée de chiffon dans les mains, un
garçonnet s’accrochant à un morceau de tissu, un tablier de femme arraché au
corps de sa mère, tous ces innocents morts, descendus d’une balle dans la tête,
tous ces petits anges égarés dans cet enfer…
- Wo ist Herr Hauptmann ? Reprit
Franz, secoué de frissons, prêt à étrangler le caporal.
Le soldat montra
alors Müller inanimé, non mort, mais bien vivant, les yeux ouverts mais
incapable de parler… il puait à la fois le vomi, le sang et l’urine…
- Müller,
racontez-moi tout, hurla le commandant von Hauerstadt…
- Ich… kann nichts… sagen, bégaya le
capitaine…
Comprenant qu’il
était inutile d’insister, qu’il ne tirerait rien de son subalterne, rien des
autres militaires qu’il avait sous ses ordres, dégoûté, horrifié, Franz remonta
dans sa voiture et roula durant des heures et des heures, le plus loin possible
de ce forfait, de ce massacre…
Sans savoir comment,
comme se mouvant dans un mauvais rêve, une hallucination insupportable, un trip
de drogué, il finit par se retrouver à
une centaine de kilomètres du village maudit, de ce qui allait le torturer
jusqu’à sa mort, à jamais bouleversé, à jamais marqué du sceau de l’infamie,
dans une bourgade d’une tristesse et d’une pauvreté accablantes, où il allait pourtant y passer le restant de
la journée et toute la nuit, s’enivrant et se saoulant encore et encore,
jusqu’à en être malade, jusqu’à ne plus pouvoir se souvenir, jusqu’à en être
métamorphosé en loup furieux, jusqu’à en être transformé en tigre, en dément
craché par les caves d’un asile…
Alors que le jour
s’était levé depuis longtemps, Franz émergea de son ivresse. Recouvrant ses
esprits, il vit qu’il avait dormi dans une espèce de galetas d’une saleté
repoussante, couché sur une paillasse qui répandait son contenu pourri par
maintes déchirures, avec, étendue à ses côtés, une femme, une prostituée
manifestement, le visage couperosé à cause de la boisson, les yeux vitreux, les
seins flasques, les chairs molles, la masse de ses cheveux dans le plus parfait
désordre, sa nudité repoussante offerte en pâture à un décavé, une créature
vautrée sur le bel uniforme de l’officier.

- Qu’est-ce que je
fais ici ? Murmura le comte. Je ne me souviens de rien…
Von Hauerstadt prit
le risque de se redresser. Aussitôt, tout son corps protesta, sa tête la
première.
- Oh ! On dirait
que je suis sur une mer démontée… que j’ai mal au crâne…
Franz comprit qu’il
souffrait d’une gueule de bois carabinée. Bon sang ! Combien de verres
avait-il donc bu ? De flacons de vodka ? Il se sentait mal comme
jamais, son ventre le brûlait, il avait envie de vomir… un goût acide et pâteux
lui encombrait la bouche.
Toutefois, malgré son
état, il se leva et, vacillant sur ses guiboles, il se raccrocha péniblement au
dossier d’une chaise dont le paillage aurait bien eu besoin d’être refait. Ses
yeux captèrent un éclat de miroir. Il s’y observa sans concession. Non rasé
depuis trois jours au moins, les cheveux ébouriffés, les yeux rouges, ornés de
cernes noirs et profonds, le teint livide, une traînée de bave à la commissure
des lèvres, nu ou presque…
Alors, la
compréhension et la mémoire lui revinrent telles deux gifles.
- Mein Gott ! Je suis dans un sale
état…
Cependant, la
prostituée se réveillait. Apparemment, elle avait plus l’habitude que son
client des longues nuits de beuverie.
- Oh ! Y faut
qu’tu m’payes, mon bel officier, jeta-t-elle d’une voix rocailleuse dans un
russe vulgaire.
- Euh… je ne sais pas
si j’ai encore assez d’argent sur moi, souffla Franz avec honte dans la même langue.
- Tu m’en a fait
voir, tu sais… t’a même failli m’étrangler… j’ai jamais vu une colère pareille…
tandis que tu me prenais pour la troisième fois, j’ai cru que tu allais me
tuer… Tiens… regarde ces bleus que tu m’as fait sur les bras… et ma gorge…
- Désolé… J’avais
perdu la tête…
- Ouais…saoul comme
un Polonais… pas même capable de tenir l’alcool… mais… tu vas m’payer,
hein ?
- Il y a longtemps
que je suis là ?
- Plus de
vingt-quatre heures, mon bel officier… pour toi, ce sera dix roubles… et si tu
veux revenir, je te ferai de nouvelles gâteries…
- Tiens, rougit
Franz… voici un billet de vingt et rends-moi mon uniforme…
- T’en as dit des
choses dans ton délire… le feu, l’odeur, les enfants, la petit fille… t’es pas
un pédophile au moins ? Non… Tu me l’as rudement prouvé durant toute cette
nuit…
- Arrête !
S’écria le comte von Hauerstadt plus gêné que jamais. Oublie-moi, ma belle…
oui, oublie-moi vite…
Alors, dans un geste
rageur, il arracha le pantalon des mains de la péripatéticienne, s’habilla à la
hâte et s’enfuit en claquant la porte du réduit sordide. Au bas de l’immeuble,
il eut la chance de retrouver son véhicule qui n’avait été ni volé ni pillé. Il
parvint à allumer le moteur et la voiture démarra en crachant de la fumée…
noire…
Tout en conduisant
vers ce maudit village, Franz, la tête vide, se disait :
- J’ai eu tort de
fuir ainsi… grand-tort… ce n’était pas la bonne solution. Non… pas du tout… Tout
me revient… j’aurais dû rester auprès de ma compagnie… J’aurais pu affronter
Zimmermann… maintenant… il ne me reste plus qu’à comptabiliser les morts et à
faire face aux conséquences de ces atrocités…
Ayant regagné Dniopr,
Franz conduisit son enquête, son sang-froid recouvré. Le nombre de victimes
ayant péri lors du massacre s’élevait à plus de trois cents, c’était
effroyable.
Livide mais calme, il
ordonna d’enterrer les morts dignement tout en se disant :
- C’est ma faute…
oui, c’est ma faute… je suis le seul coupable… ma compagnie s’est déshonorée
alors que moi je fuyais comme un lâche… en fait, j’ai refusé d’affronter à la
fois l’horrible réalité et ma conscience… j’ai perdu mon temps à essayer de
voir ce foutu Kulm. Qu’il brûle en enfer ! Maintenant, il me faut payer.
Après ce qui s’était
passé, accablé, Franz von Hauerstadt prit la décision de tenter de racheter
l’honneur de sa troupe. Désormais, il se haïssait avec une force, une colère
terrible, il haïssait la cause frelatée qu’il servait… il se méprisait et dans
son for intérieur, sans cesse les dures paroles de sa mère lui revenaient, les
propos cruels de son supposé père également…Comment en finir avec cette haine,
ce mépris de soi, ce dégoût, cette colère ? Seule la mort serait un refuge
tout trouvé pour son âme accablée, anéantie… oui, seule la mort…non, ce ne
serait pas un suicide… Ce ne serait que justice…
Mais le jeune comte
n’en était qu’au milieu de sa descente en enfer. L’agonie de son âme devait
durer encore de longs mois, de très longs mois… la mort allait se refuser à
lui, mais pas la flétrissure.
Une nouvelle
tentative de jonction avec la VIème armée de Paulus

eut lieu. Franz von Hauerstadt y participa non avec sa fougue habituelle mais avec la rage du désespoir, courant manifestement après la mort. Mais von Manstein fut obligé de reculer tandis que Stalingrad tombait entre le 30 janvier et le 2 février 1943.

eut lieu. Franz von Hauerstadt y participa non avec sa fougue habituelle mais avec la rage du désespoir, courant manifestement après la mort. Mais von Manstein fut obligé de reculer tandis que Stalingrad tombait entre le 30 janvier et le 2 février 1943.
Durant l’un de ces
affrontements, plus téméraire que jamais, le commandant von Hauerstadt fut à
nouveau grièvement blessé. Une balle alla se loger dans sa poitrine à moins
d’un centimètre du cœur, lésant l’aorte et causant des dommages à une veine. Ce
fut un véritable miracle qu’il ne mourût pas instantanément. Alors que des
brancardiers ramassaient son corps et que l’un des infirmiers endiguait tant
faire se pouvait le flot de sang craché par sa blessure, le médecin militaire,
le major Martens, avisant ce héros, laissa vite là un de ses patients et tenta
le tout pour le tout sur le jeune homme. Malgré la pénurie, malgré le désordre,
malgré les autres cas tout aussi urgents que celui du commandant von Hauerstadt,
le chirurgien opéra l’officier à cœur ouvert, recousant la veine, raccommodant
l’aorte, officiant durant des heures.
Cette opération de la
dernière chance fut un succès. Mais le comte allait sortir diminué durablement
de ce pas de deux avec Madame la Grande Faucheuse.
Lorsque Franz se
réveilla de son coma, il était déjà à l’arrière du front et en attente d’être
rapatrié en Allemagne. On lui raconta tout et on lui apprit même qu’il était
cité pour recevoir la croix de fer première classe avec feuilles de chêne… mais
le jeune homme n’avait que faire de ce hochet. Il avait recherché la mort et il
récoltait une médaille avec citation… quel paradoxe !
Au début du mois de
mars, le commandant von Hauerstadt fut placé en disponibilité et regagnait
Berlin par avion. Il ne fut pas accueilli chez lui tel le fils prodigue… son
père le reçut le sarcasme aux lèvres.
- Alors, espèce
d’idiot stupide, tu trouvais sans doute qu’un handicapé ce n’était pas encore
suffisant… maintenant, Amélie en a deux sur le dos… Bravo ! Va te reposer
dans ta chambre, et que je ne doive supporter ta présence que le moins souvent
possible…
- Père… si vous le
désirez, je puis fort bien aller dormir ailleurs…
- Tais-toi, bougre
d’ahuri… tu verras que ce n’est plus le Ritz ici… tous les soirs, la RAF nous
bombarde… que fait donc cette Luftwaffe ? Hein ? Tu peux me le
dire ? Foutu pays…


- Père…
- Je ne veux rien
entendre de plus. J’ai assez vu ta
caboche… et si jamais tu crèves durant ton sommeil, je ne crierai pas de joie,
mais je serai soulagé…
- Mère…
- Elle est allée
s’approvisionner… pour célébrer ton retour… m’étonnerait qu’elle trouve de quoi
satisfaire ton estomac…
- Je n’ai pas faim…
- Oui… il n’y a qu’à
te voir… Aussi maigre et décharné que ce fichu chat qu’elle a recueilli…
- Un chat ?
- Cette bestiole
s’appelle Sonntag… maintenant, ça suffit, fils indigne… tu ne m’as même pas
demandé des nouvelles de Peter…


- Pardon…
- Il a été blessé,
tout comme toi, mais lui n’a pas eu la chance de revenir parmi sa famille…
fiche-moi le camp… hors de ma vue… ta présence est une insulte pour moi…
Sans rien rajouter ou
objecter, mortifié et honteux, s’appuyant sur une canne, Franz trouva refuge
dans sa chambre, une pièce qui aurait bien eu besoin d’être repeinte, à peine
meublée d’un lit en fer, d’un matelas, d’un oreiller ordinaire, d’une table de
chevet, d’une lampe et d’une minuscule armoire. Cependant, sur le lit, un chat
au poil mi long noir et blanc, assez efflanqué, sommeillait. Mais il se
réveilla lorsque le jeune homme poussa le battant de la porte de la modeste
chambre. S’étirant de tout son long, il prit le temps de dévisager le nouveau
venu… rassuré, il miaula et ronronna.
- Ainsi, tu
t’appelles Sonntag ? Pourquoi pas ? Murmura Franz. Mais… lève-toi du
lit, je dois défaire mes affaires…
Après s’être fait
prié, le félin abandonna la place comme à regret. Le jeune comte l’ignorait
encore mais il allait trouver un certain réconfort dans la présence de Sonntag.
Le chat et lui seraient inséparables.
Mais pour l’heure,
après avoir rangé son peu de linge dans l’armoire, Franz, épuisé et essoufflé,
s’étendit sur la couchette et finit par s’endormir. Il ne se rendit pas compte
que le matou venait se rouler en boule à ses pieds. Ce fut ainsi qu’Amélie les
trouva tous les deux. Discrètement, elle les laissa se reposer, essuyant une
larme fugitive sur son visage.
Regagnant la salle de
séjour, elle n’osa pas demander à Karl comment le retour s’était passé. Elle
fit comme si de rien n’était, préférant accorder toute son attention à son
ouvrage de tricot. Mais le duc ne fut pas dupe.
- Amélie, vous êtes
bien silencieuse…
- Karl, mon ami, je
n’ai rien à dire de particulier.
- Hum… avez-vous pu
faire des provisions ?
- La viande était
trop chère… Nous devrons nous contenter de pois cassés, de lentilles et de
pommes de terre… d’un peu de lard aussi….
- Hem… pas de café,
naturellement…
- Vous savez qu’il n’y
en a plus depuis longtemps… et puis, ce n’est pas bon pour votre cœur…
- Avec les cartes de
rationnement de Franz, nous pourrons espérer obtenir mieux…
- Karl, il n’en est
pas question… Franz a besoin de recouvrer la santé. Avez-vous vu combien il est
maigre et pâle ? Allongé tout habillé, il m’a fait peur… j’ai cru voir un
cadavre. Sur la tablette de chevet, il y avait des fioles et tout un tas de
flacons contenant des pilules… bien plus que ce qui vous est ordonné par le
médecin…
- Vous avez lu son
ordonnance…
- Euh… oui…bien que
je n’y aie rien compris…
- Alors ?
- Comment dire ?
Son cœur est… fichu… Il est à la merci d’une crise cardiaque…
- En fait, vous avez
tout saisi, ma chère…
- Un choc violent, et
c’en est fini de lui… j’ai cru comprendre qu’il lui faudrait se soigner à vie…
prendre des cardiotoniques à doses élevées… voire qu’on lui injecte directement
de l’adrénaline dans la poitrine si nécessaire…
- Vous vous
inquiétez…
- Comment obtenir
tout cela ? Mon Dieu…
- Mais avec une
ordonnance, ma chère… il est prioritaire, lui, contrairement à moi…
- Non… il ne l’est
plus car il ne fait plus partie du service actif, Karl, et vous le savez
pertinemment… un infirme… alors qu’il n’a pas vingt-cinq ans…
- Il l’a cherché ce
salopard, Amélie…
- Karl…
- Oui, il l’a voulu…
Se refusant à
entendre les pleurnicheries de son épouse, le duc reprit la lecture de son
recueil de géographie. Il s’agissait d’un compte rendu d’un voyage en Afrique
remontant au milieu du XIXe siècle.
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