dimanche 12 février 2012

Le nouvel envol de l'Aigle : 1ere partie : El Desdichado chapitre 7 3e partie.

1er octobre 2517.

Benjamin Sitruk se pavanait en grand uniforme, fier d’avoir à bord du vaisseau amiral le Cornwallis qu’il commandait depuis sept années déjà le roi Edward XVI, le tsar Pierre XI et le mystérieux Empereur Fu. Tous ses officiers assisteraient à la signature historique entérinant l’alliance militaire entre les trois superpuissances. Les amiraux de chaque flotte respective ne manquaient pas à l’appel et parmi eux, Dolgouroï était le plus courtisé.

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Après les paraphes officiels, vint le lunch offert par le souverain britannique qui se déroula dans le grand salon de réception. La soie, le velours, le damas, le flicht ( tissu intelligent vivant originaire de Mingo et extrêmement recherché) avaient été mariés avec bonheur.

Mais tout cet apparat ne faisait ni chaud ni froid au Troodon Kiku U Tu. Le chef de la sécurité, toujours aussi méfiant, tournait et tournait encore autour de la garde personnelle de l’Empereur chinois, cherchant à capter des propos dont il ne comprenait pas la langue.

Benjamin avait réussi à nouer conversation avec le conseiller de Fu, un certain Lin Xiao Wei. L’échange avait lieu en anglais classique et non en standard.

- C’est donc la première fois que vous voyagez dans notre Occident, faisait le commandant. Il est vrai que votre Empereur se montre peu dans le monde.

- Sa Grande Sagesse estime que l’on ne gouverne bien qu’en étant avare de sa présence, en se faisant désirer et en utilisant à bon escient son image. Le peuple n’a nul besoin d’être assailli par tous les faits et gestes de Son Eblouissance.

- Ma foi, c’est un point de vue fort défendable…

- Et cela fonctionne, commandant.

- Puisque vous le dites. Mais la terreur a sa part.

- Ne soyez donc pas si naïf! Votre plus ancien allié, le Russe, en use et en abuse. Et le régime est désormais enraciné depuis plus d’un millénaire.

- Oh! Mais Sa grandeur m’observe. M’aurait-elle remarqué? Étonnant!

- Je pense que Mon Souverain admire à la fois votre stature et votre prestance. Sans doute a-t-Il entendu vanter votre sens tactique par Sa Majesté britannique. Il veut vous dire quelques mots, je crois. Avancez-vous.

Avec grâce Benjamin obéit et s’inclina profondément devant l’Empereur Fu. Puis, sur un signe du Premier Majordome, se relevant, il attendit que le Chinois s’adressât à lui.

- Commandant Sitruk, fit le souverain dans un anglais parfait, votre roi vient de m’apprendre que vous avez été décoré de la Victoria Cross à l’âge de vingt-six ans; et, l’an passé, vous avez été élevé au rang de chevalier de l’Ordre de la Jarretière. Remarquable! Tout à fait remarquable…

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- Votre Eblouissance, je suis confus…

- Ne jouez pas le modeste. Cela ne correspond pas à votre caractère flamboyant.

- Euh, Votre Sublimité, veuillez pardonner ma question impudente…

- Posez-la donc, commandant.

- Vous vous intéressez à mon humble personne, vous semblez me connaître… pourquoi? Sa Majesté Edward XVI ne compte plus le nombre de commandants dévoués sous ses ordres.

- Il est vrai que j’ai lu votre dossier, commandant Sitruk, répondit Fu avec un étrange sourire. Si je voulais me fâcher avec Edward, hé bien, je n’hésiterais pas à vous attacher à mon service! Vous avez déjà accompli de grandes choses et, certainement, vous en accomplirez d’autres.

- Votre Lumière éblouissante, comment puis-je vous remercier pour tant d’honneur?

- Vous voulez me faire plaisir? Gagnez donc la nouvelle guerre contre Louis Jérôme Napoléon! Mais votre compagne attend son tour pour venir me saluer.

N’oubliant pas de se courber une nouvelle fois, Benjamin se retira, l’esprit tumultueux. Au fond de lui-même, il était fort troublé. À l’orgueil légitime et à la fierté d’avoir été distingué par le mystérieux et peu disert Fu, se mêlait un vague sentiment de malaise qu’il ne parvenait pas à comprendre.

« Cette voix, pensa le commandant en buvant un verre de punch, un peu plus tard dans la soirée, oui, c’est cette voix. Il me semble l’avoir déjà entendue. Sans aucune inflexion, totalement froide… ah! Diable! Pourquoi ma mémoire se dérobe-t-elle? Pourtant, à ma connaissance, jusqu’à ce jour, jamais encore je n’avais rencontré ce Chinois! Il n’a rien pour retenir l’attention. Une taille frêle, une stature quelconque légèrement en dessous de la moyenne, une absence de pilosité, des yeux plissés et un menton un peu long. »

Ce soir-là, après cet échange avec l’Empereur Fu, le commandant Sitruk se montra un piètre interlocuteur.

***************

Fin octobre 2517.

À bord du Vaillant, Craddock rageait tant qu’il pouvait. Depuis que le vice amiral Fermat et le commandant Grimaud étaient montés dans son vaisseau, il n’en était plus réellement le maître. Il avait dû se plier aux desiderata de ses deux invités. Or, ces derniers étaient recherchés par toutes les polices et services secrets du quadrant!

Et s’il n’y avait que cela pour le contrarier. Ces messieurs avaient eu l’outrecuidance de venir avec toutes leurs affaires, notamment, un fort encombrant et mystérieux appareil qui occupait présentement tout le volume habitable ou presque de la cabine de pilotage, une sorte de sphère ou d’écran tarabiscoté, qui, lorsqu’elle était en fonction, lui bouffait toute l’énergie disponible. Et interdiction de se plaindre, de rouspéter!

Toutefois, le maître espion avait daigné lui expliquer fort aimablement, ma foi, à quoi servait ce foutu bric-à-brac mal fichu.

- Capitaine Craddock, voici le chrono vision, le bien nommé. C’est un appareil prodigieux dont les Napoléonides se passent pour l’instant. Comme son nom l’indique, il permet de visualiser aussi bien des scènes du passé, de tous les passé, que les potentialités futures.

- Ah! Est-ce vous ou vos services qui l’avez inventé? Marmonna Symphorien tâchant de rester poli.

- Oh! Je n’ai pas cette prétention… Un Hellados d’un temps autre, un certain Stankin l’a mis au point il y a déjà quelques siècles. Et j’en ai hérité.

- Bah! Rien à becqueter! Sauf si cette brouette bancale nous permet d’échapper aux polices et aux barbouzes qui prolifèrent dans le coin!

- Capitaine, je dois cependant vous demander l’autorisation de mettre la sphère sous tension…

- Bigre! Que d’égards soudain! Vous n’en avez pas tant eu lorsqu’il s’est agi de m’éjecter de ma propre cabine…

- Voyez-vous, ce chrono vision est assez énergétivore… lorsqu’il est branché, il a besoin d’un tera watt par minute. Vos cristaux d’orona vont donc être particulièrement sollicités.

- Par la barbe de Méphisto et du Grand Coësre, ce qui est la même chose, vous allez me ruiner en moins de deux secondes! Vous ne pouvez pas brancher ailleurs ce truc?

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- Non! Répondit laconiquement le vice amiral.

Daniel Lin rajouta sur le même ton:

- Nous n’avons pas le choix. Navré!

Devant la froide détermination des deux fugitifs, le Cachalot de l’espace dut s’incliner. Sa mauvaise humeur s’intensifia tandis que le daryl androïde se chargeait du branchement et des raccords du fabuleux engin avec les moteurs du vaisseau. Il vint à bout de l’opération extrêmement délicate en un temps record, avec une remarquable dextérité qui suscita l’admiration de tous ou presque.

- Papa, dit Violetta de sa voix pointue, on dirait que tu as fait ça toute ta vie…

- En quelque sorte, ma grande.

Le chrono vision fut donc installé sans difficulté bien que Ufo, ce ventre sur pattes, ne cessât de venir se frotter contre le trépieds qui supportait le lourd engin multidimensionnel. Enfin, l’adolescente parvint à se saisir de l’espiègle animal qui ronronna dans ses bras.

Une fois l’écran réglé, Daniel Lin s’attela à chercher les scènes d’un futur immédiat, toutes concernant le sort des cinq fugitifs. Aure-Elise d’Elcourt était restée à bord du yacht de Brunoy et devait bientôt rejoindre ses amis.

Presque immédiatement, le commandant Wu tomba, chose paradoxale, sur une poursuite qui se déroulait en pleine période proto néolithique. Une jeune femme rousse, les cheveux ébouriffés et néanmoins splendides, le visage criblé de taches de rousseur, les yeux verts remarquables, les traits creusés par la fatigue, mais qui restait d’une beauté sauvage renversante, vêtue de hardes, avançait résolument, seule, dans le désert du Takla-Makan, bravant la bise et le froid.

Derrière elle, une horde de Celtes, fort éloignés de leur terre d’origine… Manifestement, les guerriers la traquaient. Leurs visages étaient défigurés par la haine, une haine tenace qui leur avait permis de franchir des milliers de kilomètres dans des conditions climatiques déplorables. Tous étaient armés de haches ou de lances. Ils n’avaient qu’un but: rattraper l’inconnue et la tuer!

- Que signifie? S’exclama Fermat. En quoi cette scène nous concerne-t-elle? Quittez au plus vite cette époque, commandant!

- Je veux bien mais je n’y parviens pas! Répondit aussitôt Daniel Lin.

- Bizarre. Pourquoi?

- Comment dire? Je sens un lien s’établir entre cette femme et moi-même.

- Parce qu’elle ressemble un peu à quelque un qui vous était cher ailleurs, sans doute…

- Irina? Non. Certes, ses cheveux ont presque la même teinte, mais ce n’est pas cela.

- Nous perdons un temps précieux. Changez les curseurs.

- Je m’y emploie… ah! L’engin focalise désormais sur un autre segment de temps. Mais je ne l’ai pas sélectionné.

- Commandant, de manière consciente, proféra André.

- Ouille! Siffla Violetta entre ses dents, son visage devenant d’une belle teinte pivoine. Je ne sais pas si j’ai l’âge de regarder!

Maintenant, l’étrange sphère montrait avec forces détails l’inconnue en train de s’accoupler avec un jeune homme magnifique, au torse musclé, aux biceps impressionnants et aux yeux d’un bleu lavande. À cette scène de film X, mais en relief, il ne manquait que le son. Heureusement!

Malgré sa précédente réflexion, l’adolescente ouvrait grand ses mirettes.

Or, tout se brouilla soudain, au grand dam de Craddock et au regret de la métamorphe. Cependant, le porno reprit presque aussitôt. Mais le bel Apollon avait été remplacé par Daniel Lin!

- Alors là, toussa le capitaine, j’en avale ma langue! Quelle est donc la date affichée par cette boîte de conserve? Je ne sais pas lire l’helladien.

- En convertissant, 3504 avant J.C., répliqua le daryl androïde comme si de rien n’était. Même pas un battement de cils pour montrer qu’il était troublé. Et cela se passe incontestablement à bord de ce vaisseau.

- Impossible! Tout à fait impossible! Lança Craddock presque en rugissant.

- Maintenant que j’ai toutes les coordonnées à ma disposition, j’éteins, reprit le commandant Wu, toujours d’un parfait sang-froid. Violetta, tantôt, j’ai deux mots à te dire…

- Moui… grogna l’adolescente, soudain renfrognée, les yeux fuyants.

- Raisonnons logiquement, dit Fermat.

- Pff! Je vais voir l’esprit d’un maître espion fumer! Jeta sarcastique Symphorien.

Comme s’il n’avait rien entendu, André enchaîna.

- Cela doit advenir. Il n’y a pas à s’y tromper car la scène était nette, sans distorsion, ce qui prouve qu’il s’agit d’une réalité appartenant à notre ligne temporelle; ce qui s’est déroulé autrefois pour cette femme doit avoir lieu pour le commandant Wu et pour le Vaillant. Une seule conclusion s’impose.

- Laquelle? Siffla le capitaine en mâchouillant nerveusement ses lèvres. Il redoutait ce qu’il allait entendre.

- Il nous faut rejoindre cette époque coûte que coûte et retirer cette inconnue de la préhistoire.

- Amiral, vous ne doutez de rien! Beugla le Cachalot du Système Sol, au bord de l’apoplexie. J’ignorais qu’on pût ainsi voyager dans le temps. Vous voulez nous envoyer tous ad patres!

- Simple manœuvre de routine, fit alors Daniel Lin sur un ton détaché. Je l’ai accomplie des centaines de fois. Le problème reste l’approvisionnement en orona.

- Ah! Souffla le vieux Loup de l’espace soulagé.

- Il existe une station relais à deux unités d’ici, renseigna Fermat, brisant les rêves de tranquillité de Craddock. Elle est gérée par des Castorii.

- Oh! Avec quoi on va les payer? Avec de la poussière d’ailes de papillons? Des coquilles d’escargots? En faisant un numéro d’équilibristes afin d’épater la galerie?

- Mais qui parle de payer, Craddock? S’étonna le vice amiral.

- Bravo, mon colon! Mais je ne suis pas d’accord. Je tiens à ma peau, moi!

- Nous nous passerons de votre accord donc, conclut le daryl androïde.

- Exactement, nous n’en avons pas besoin! Rétorqua Fermat.

Ces dernières paroles jetèrent un froid et Craddock ne put répliquer à tant de toupet, le sifflet coupé.

***************

Un peu plus tard, tandis que le Vaillant voguait cahin caha vers la station relais Castorii, Daniel Lin tentait de convaincre Violetta de sa bonne foi mais aussi de son identité. Boudeuse, l’adolescente donnait de violents coups de pieds à l’échelle de la soute où l’explication avait lieu. Elle refusait d’admettre ce qui était arrivé à son père. Méchamment, elle jeta:

- Papa, on peut dire que tu as trouvé une façon peu originale mais fort agréable de te venger de maman!

- Violetta, tu ignores encore beaucoup de choses, crois-moi.

- Pff! À d’autres!

Un nouveau coup de pied rageur vint faire trembler toute l’échelle métallique.

- Cesse ce jeu stupide, Violetta.

- Moi, je ne le trouve pas stupide.

- Comme tu veux. Mais ne te plains pas ensuite d’avoir mal et de t’être brisée un orteil.

- Que désirais-tu me dire?

- Deux choses: d’abord, je ne suis pas réellement ton père.

- Quel Est-ce mensonge? Maman, elle, ne t’a jamais trompé.

- Laisse moi poursuivre. Deuxièmement, je ne m’appelle pas Daniel Lucien Napoléon Grimaud mais Daniel Lin Wu Grimaud. Wu par mon père, Tchang, Grimaud par ma mère, Catherine. Et je suis né à Sapporo, au Japon, au sein de la Fédération chinoise le 12 avril 2473. Je possède donc la nationalité chinoise.

- Qu’est-ce que ce délire? Serais-tu devenu subitement fou? Le procès sur le Lagrange a conclu à une démence passagère… là, elle s’éternise, non?

- Violetta, je t’assure que j’ai toute ma tête, toute ma logique.

- Dans ce cas, tu es un sosie, un imposteur donc! Mais comment et quand la substitution s’est-elle effectuée? Qu’est-il arrivé au véritable Daniel Lucien Napoléon Grimaud? L’aurais-tu tué?

- Que vas-tu supposer là? Ma grande, la situation est un rien plus complexe. Je suis Daniel Lin mais aussi Daniel Lucien Napoléon.

- Franchement, ton discours devient fumeux.

- Violetta, je te demande de réfléchir à certains détails troublants.

- Hum… Si je pouvais rire…

- Réfléchis, te dis-je! Ton père te permet-il habituellement de t’expliquer librement avec lui? As-tu eu une véritable conversation d’égale à égal avec ce dernier?

- Euh… jamais, lança la jeune fille après un moment.

- Bien. Ensuite, l’as-tu entendu s’exprimer couramment en mandarin, en Mondanien, en helladien et j’en passe?

- J’ai beau fouiller dans ma mémoire, rien de la sorte ne me revient à l’esprit.

- Violetta, je lui ressemble physiquement, je possède ses souvenirs, je sais tout de toi, de Lorenza di Fabbrini, cette Lorenza-ci, mais je ne suis pas lui!

- Ah! Alors qui serais-tu? Un clone du commandant Grimaud? On tombe dans un mauvais holoroman de science fiction, là! D’où viens-tu? Pour qui travailles-tu? Pour quelle autorité ou puissance as-tu trahi?

- Fifille, je n’ai trahi personne et je ne travaille que pour moi-même… pour l’instant du moins. Non, je ne suis pas le clone de Daniel Lucien Napoléon Grimaud. Toutefois, je suis bien un double, mais de mon frère aîné, Daniel Deng, mais il s’agit d’une autre histoire. Voilà pourquoi je tiens à ce que l’on m’appelle par mon double prénom!

- Ton discours est si embrouillé que je n’y comprends rien! Honnêtement, tu cherches à noyer le poisson!

- Mais non, je ne fais preuve d’aucune duplicité. Écoute-moi attentivement. J’appartiens à une autre piste temporelle. Dans cet univers, légèrement différent de ce monde-ci, mon épouse n’est autre que le capitaine Irina Maïakovska.

- Une ennemie! Une Russe!

- Oui, ici, mais pas dans mon Univers. Ailleurs, dans le monde qui m’est familier, tous les Humains sont unis et forment l’Alliance des 1045 Planètes.

- Pff! Quel beau conte! Je ne connais qu’une Galaxie déchirée par les conflits qui divisent la Terre, partagée entre les Napoléonides, les Anglais alliés aux Russes et maintenant sans doute aux Chinois, et les peuples extraterrestres qui veulent bien aider chacune des parties au gré des stratégies et des intérêts mouvants selon les circonstances.

- Je constate que tu es toujours aussi douée pour la géopolitique, ma fille! Mais je viens vraiment d’un temps parallèle.

- Temps parallèle? Ça existe, çà?

- Oh oui, assurément! En fait l’Univers devrait être appelé Pan multivers!

- Euh… laisse-moi emmagasiner toutes ces informations… le vice amiral Fermat qui t’accompagne depuis Sestriss V, lui aussi vient d’une autre dimension? De la même que la tienne?

- Non, mais il sait que le Multivers est une réalité. Maintenant, montre-toi encore plus attentive car mes explications vont devenir techniques.

- Je ne suis pas très douée en physique, tu sais…

- Hélas! En cela tu ne tiens pas de moi. Mais tu n’en ressembles que davantage à ton alter ego.

Avec patience, Daniel Lin expliqua et expliqua encore, se transformant en pédagogue. Cela lui prit quinze longues minutes. Violetta avait oublié sa mauvaise humeur, sa rancune et essayait de comprendre tous les propos abscons du daryl androïde. À la fin, elle n’avait pas tout saisi mais était convaincue car, tout au fond d’elle-même, elle trouvait ce nouveau père éminemment plus sympathique, plus attachant que le précédent.

- Alors, ma grande, m’accordes-tu ton pardon et ta confiance?

- Hum… Tu peux compter dorénavant sur mes modestes talents.

- Ah! Je vois… tu n’as pas hérité du don de télépathie des métamorphes de cette chronoligne…

- Précisément. Mon sang est trop mélangé, sans doute. Et maman me le reproche assez! Mais… au fait, toi par contre, tu es devenu télépathe!

- Effectivement, au contraire de Daniel Lucien Napoléon.

- Euh… Un doute m’assaille. Tu n’as pas usé de ton talent pour me convaincre, au moins?

- Non, sois rassurée, fifille. Nous allons remonter. Occupe-toi de la console environnementale, ainsi tu déchargeras Craddock.

- Je suis à tes ordres, commandant Wu.

- Quel formalisme! Appelle-moi plutôt « mon oncle ».

- Pourquoi?

- Premièrement, je ne suis pas encore habitué à me retrouver dans le rôle de ton père. Deuxièmement, là-bas, dans les pistes temporelles 1721 bis et 1722, malgré l’absence de tout lien de parenté, tu m’appelais ainsi par affection. La première fois que je te vis à bord du Sakharov, tu n’avais pas deux ans…

- Tu me raconteras comment j’étais?

- Oui, Violetta, promis.

Réconciliés, Daniel Lin et l’adolescente regagnèrent donc le niveau supérieur. Mais il restait à la quart de métamorphe à s’habituer à la future présence de Gwenaëlle et à ne pas percevoir cette dernière comme une intruse, une voleuse de mari et une croqueuse d’hommes.

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