jeudi 30 mai 2019

Un goût d'éternité 4e partie : Franz : 1938 (2).


A la fin du printemps 1938, Anna von Wissburg se retrouvait affectée en Normandie, en tant qu’agent de liaison de l’Allemagne nazie. Son travail de sape allait débuter. Munie d’une fausse identité, elle se nommait désormais Carole Lavigne, née au Canada en 1914. Seule sa date de naissance était vraie dans tout cela. Ses papiers lui donnaient comme profession celle d’assistante médicale. 
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Alors que Marc Fontane venait d’achever son internat à Paris, le jeune médecin prit la décision de reprendre le cabinet du vieux docteur Paul. Or, ayant besoin d’une secrétaire assistante médicale, tout naturellement, il embaucha Carole Lavigne, ébloui non pas par son savoir mais par sa beauté. Toutefois, l’espionne accomplirait son travail avec le plus grand professionnalisme, se donnant à ses deux tâches avec un dévouement exemplaire, ne refusant pas les avances de son nouveau patron.
Anna von Wissburg était donc une taupe nazie installée en France afin de servir un mystérieux projet encore à l’état d’ébauche par le Führer. Dans les milieux bien informés, les dignitaires du Reich ne dissimulaient nullement leur volonté de venger le traité de Versailles et de mettre à genoux la France. Le pays devait tomber comme un fruit mûr dans leur escarcelle.
Quant à Franz von Hauerstadt, ô ironie, il fut muté à Vienne juste un mois après le départ de mademoiselle von Wissburg, désormais Carole Lavigne. Ce fut dans cette capitale dotée d’un charme irrésistible que le jeune comte acheva sa première année de service en tant que sous-lieutenant. Bien noté par ses supérieurs, il faisait preuve d’une assiduité digne de tous les compliments, toujours présent, toujours aux ordres du colonel, au contraire de nombre de ses camarades qui préféraient nettement passer le plus grand nombre d’heures dans les tavernes viennoises et les maisons de plaisirs.
Sur le plan de la politique internationale, les choses paraissaient s’envenimer. Hitler revendiquait en effet sur un ton de plus en plus comminatoire la région des Sudètes. Le Premier Ministre britannique, Neville Chamberlain
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 crut bon de s’entremettre. Le 15 septembre 1938, il eut donc une entrevue avec le Führer à Berchtesgaden. L’Europe se retrouvait au bord de la guerre. En France, les pacifistes désespéraient et tous redoutaient le prochain conflit qui paraissait inévitable.
Cependant, Mussolini, fort de son succès en Ethiopie, de son rapprochement avec le dictateur allemand, accepta de servir d’intermédiaire entre l’Angleterre et la France d’un côté, et l’Allemagne nazie de l’autre. Lors de la réunion des Quatre à Munich, Daladier, Mussolini, Chamberlain et Hitler, les deux représentants des démocraties cédèrent sur tous les points. Que n’étaient-ils pas prêts à faire pour sauver la paix ? Evidemment, les Tchèques, pourtant les premiers concernés dans cette histoire, n’avaient pas été conviés à cette entrevue. Ils furent traités comme des moins que rien et durent se soumettre aux volontés de Hitler. 
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Ainsi donc, la Tchécoslovaquie perdait une bonne partie de son territoire. Quant au Président du Conseil Daladier,
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 il se sentait si coupable de lâcheté qu’il s’attendait à être conspué par la foule lors de son retour à Paris. Or, à son grand étonnement, ce ne fut pas ce qui se passa. Au contraire, il reçut une véritable ovation.
Ainsi en allait-il de l’Histoire mouvante des hommes. Mais où se trouvait donc l’honneur là-dedans ? Les conséquences de l’affichage des faiblesses de la Grande-Bretagne et de la France face aux exigences de Hitler n’allaient pas tarder. Staline commençait à négocier secrètement avec l’Allemagne nazie, ne désirant pas subir sur son territoire une guerre à laquelle il n’était pas prêt. En effet, l’Armée rouge était affaiblie par les récentes purges et assez désorganisée. Le Tsar rouge désirait avant tout gagner du temps…
Cependant, à Vienne, Hans Werner qui avait été également affecté dans la capitale autrichienne, entraînait son ami Franz dans les bordels. Mais ces virées ne réjouissaient pas le jeune comte. Fréquenter de tels lieux le révulsait même. Toutefois, cela ne signifiait pas que Franz n’avait aucune aventure et vivait comme un moine. Non, le comte von Hauerstadt avait une maîtresse attitrée, une dénommée Mélisande. Une délicieuse créature qui se laissait courtiser sans penser à mal, enchaînant les amants, sachant se contenter de ce que chaque jour qui passait lui offrait. Loin d’elle de réclamer davantage que des égards, des bouquets de fleurs, des nuits torrides…
Malgré Mélisande, Franz prenait le temps de compléter ses connaissances en physique et en astronomie. Mieux. Il avait demandé à sa mère de lui faire venir son violon. Amélie s’était empressée de satisfaire le désir de son fils préféré.
Hans Werner n’avait pas autant d’argent à sa disposition que son ami le comte. Il claquait toute sa solde en sorties, en beuveries et en parties fines. Toutefois, bon prince, comprenant que Hans Werner était moins fortuné que lui, Franz lui prêtait des petites sommes à fonds perdus, sachant ne jamais réclamer son dû. Le lieutenant lui en était reconnaissant.
- Toi, tu es un ami, un véritable ami.
- Oui, Hans Werner… mais tu devrais faire attention…
- Comment ? A quoi donc ?
- Cela fait deux fois cette semaine que tu as pris ton service en retard… le colonel Fichte l’a remarqué.
- Oui, bon… mais je me suis expliqué avec lui… alors, tu n’as rien à dire.
- Mais je ne te reproche rien…
- Heureusement. Au fait, Mélisande et toi, c’est du sérieux ?
- Pas vraiment…
- Un plan cul ?
- Houlà ! Tu t’exprimes d’une façon…
- Quoi ! Un chat est un chat, Franz… 
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- D’accord… il n’y a rien d’autre que du sexe entre nous deux. Mélisande n’exige pas davantage…
- Même pas quelques cadeaux de valeur ?
- Non, non. Elle se contente de peu…
- Pourtant, elle sait qui tu es… ce que tu pourrais lui offrir…
- Justement… cela lui suffit que je sois fils d’un duc…
- Oui… plus tard, lorsque nous serons affectés ailleurs, elle se vantera d’avoir attrapé un comte dans ses filets… Mais toi, tu n’envisages rien d’autre ?
- Non… et certainement pas le mariage…
- Ben mon vieux… tu es toujours amoureux de cette Anna.
-Je n’irais pas jusque-là. En fait, tomber amoureux, c’est fini pour moi.
- Que tu dis…
- L’avenir me donnera raison, Hans Werner…
- On parie ?
- On parie quoi ? Je te croyais aussi fauché qu’un radis.
- Une bouteille de schnaps… Nous reparlerons de tout ceci dans deux ou trois mois. D’accord ?
-  Hé bien soit…
En riant, les deux amis topèrent. Puis, Franz se pencha sur un compte rendu des plus pointus concernant la possible mise en orbite d’une fusée… en haussant les épaules, Brauchischte abandonna le comte pour rejoindre la cour de la caserne.
Fils aimant, Franz donnait régulièrement de ses nouvelles à sa famille. Mais le père devait se rendre à l’évidence. L’aîné de sa descendance était toujours un nazi convaincu et n’éprouvait aucun remords à se retrouver en Autriche qui, logiquement, faisait désormais partie du Grand Reich.

*****
26 Juillet 1794 ou 8 Thermidor an II.
La réunion conjointe des deux comités de Salut Public et de Sûreté générale du 5 Thermidor n’avait rien donné de positif pour l’Incorruptible qui y assistait pour la première fois depuis six semaines. Atteint dans son amour propre, Robespierre avait pris la décision de gouverner désormais en s’appuyant sur les députés modérés de la Convention. Ce Marais mou et peureux qui avait toujours été du côté d’où soufflait le vent. 
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Mais il était bien trop tard, Fouché ayant achevé son travail de sape.
Pour la dernière fois, Maximilien prit la parole à la Convention. Cependant, son discours ultime s’avéra d’une maladresse notoire car le membre le plus éminent de ce gouvernement d’urgence s’étendit sur sa personne longuement pour ensuite demander une épuration de l’Assemblée elle-même et des comités sans, grave erreur tactique de sa part, nommer les traîtres qu’il accusait.
Tout naturellement, les députés, montés par Joseph Fouché depuis quelques semaines, se croyant faire partie des fausses listes d’accusation, des listes différentes selon les conventionnels à qui elles étaient présentées, s’unirent pour renverser le tyran.
Cependant, tout d’abord, le discours de Robespierre reçut le vote de l’imprimatur. Mais, bien vite, les discussions reprirent et ce vote fut annulé. Mortifié, Maximilien trouva alors refuge au Club des Jacobins où, là, il s’étendit une fois encore sur les avanies dont il était victime.
Les séances de la Convention nationale étaient publiques. Ainsi, Stephen et Michaël, anonymes parmi les anonymes spectateurs des tribunes, avaient assisté à cette séance historique. Il s’en fallut de bien peu pour que l’Américain ne s’élançât pas de sa place et prît la parole à la barre afin de remettre en cause ce qui, pour lui, paraissait être un déni de justice tandis que le refus d’imprimer le discours de Robespierre était décidé. Michaël l’avait retenu avec poigne, lui disant mentalement :
- Cessez donc de vouloir intervenir alors que l’Histoire est en train de prendre un tour déjà inscrit dans les archives.
Le professeur se résigna donc à simplement enregistrer ladite séance grâce à un mini appareillage dissimulé dans un faux bouton de cuivre de sa redingote.
Le même soir, tandis que nos deux Tempsnautes prenaient un dîner rapide à la buvette de l’Assemblée, un repas composé d’un plat de patates bouillies, de deux côtelettes d’agneau et de quelques poires, le tout accompagné d’eau plate, à quelques mètres de là, dans un autre bâtiment, au premier étage, dans la salle de travail du Comité de Salut Public, situé dans le pavillon de l’Egalité, Billaud et Collot-d’Herbois faisaient irruption, les vêtements en désordre. Ils venaient d’être chassés rudement des Jacobins par Robespierre et ses partisans.
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Furieux de l’humiliation ainsi subie, tremblant pour leur vie, ils houspillèrent Saint-Just, isolé, qui était en train de rédiger paisiblement un rapport qu’il devait lire le lendemain à la Convention.
- Allez… Dis-le que tu es en train de rédiger un acte d’accusation contre nous…
- Mais non… pas du tout.
- Tu as des papiers contre nous dans tes poches, s’écria Collot hors de lui.
- Mes poches sont vides.
- Non. Tu mens, sale espion à la solde de Robespierre.  
- Je vous dis que je n’ai rien sur moi. Tout est là sur cette table.
- Menteur ! Nous allons te fouiller.
Alors, le visage blême, Antoine vida ses poches afin de montrer à ses deux collègues qu’effectivement, il ne cachait aucun papier compromettant les concernant.
Cet incident devait avoir des conséquences fatales quelques heures plus tard.
- D’accord. Tu n’as rien. Mais tu n’as pas achevé ta rédaction, fit Billaud.
- C’est exact. Mais j’ai déjà envoyé les premières pages au secrétariat afin qu’elles soient recopiées.
-  Alors, dans ce cas, promets-nous de soumettre tout ton discours à notre approbation lorsque tu l’auras terminé, reprit Collot d’un tour âpre.
- Je verrais.
- Non. Tu dois t’engager.
- Entendu.
Sur cette promesse, les deux Conventionnels se retirèrent. Comme si de rien n’était, Antoine se remit au travail. Deux heures plus tard, le jeune député rejoignait ses collègues dans la salle de délibérations. Ce qui suivit fut encore plus houleux que l’incident précédent.
Ce ne fut qu’au petit jour que Saint-Just quitta le pavillon de Flore, désormais baptisé pavillon de l’Egalité. Cependant, les heures s’écoulaient et personne ne venait apporter une copie du discours promis à Billaud, Collot, Barère et Carnot. Vers midi seulement, un huissier se présenta porteur de ce mot : l’injustice a fermé mon cœur ; je vais l’ouvrir tout entier à la Convention nationale.
Alors, s’estimant trahi, les quatre membres du gouvernement se précipitèrent à leur tour à l’Assemblée tandis que Saint-Just venait à peine d’y pénétrer, vêtu d’un habit chamois et d’un gilet blanc. A ses côtés, se tenait Robespierre qui avait fait des frais de toilette, sa perruque impeccablement poudrée et son habit bleu nankin inauguré lors de la Fête de l’Être Suprême sur le dos. 
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Peu après midi, le jeune député monta une dernière fois à la tribune de la Convention et débuta son ultime discours, discours qu’il ne put terminer. Aussitôt le silence se fit et Antoine prit la parole.
- Je ne suis d’aucune faction. Je les combattrai toutes.
Il fut interrompu par l’arrivée de Billaud-Varenne qui reçut une salve d’applaudissements.
Nullement troublé, le jeune homme reprit :
- Vos Comités de sûreté générale et de salut public m’avaient chargé de vous faire un rapport sur les causes de la commotion sensible qu’avait éprouvée l’opinion publique dans ces derniers temps. La confiance des deux Comités m’honorait ; mais quelqu’un cette nuit a flétri mon cœur et je ne veux parler qu’à vous. J’en appelle à vous de l’obligation que quelques-uns semblaient m’imposer de m’exprimer contre ma pensée. On a voulu répandre que le gouvernement était divisé : il ne l’est pas ; une altération politique, que je vais vous rendre a seulement eu lieu.
A cet instant précis, Tallien l’interrompit. Un nouveau courage l’animait car il venait juste d’apprendre que sa maîtresse Thereza
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 devait comparaître dès le lendemain devant le Tribunal révolutionnaire. Or, avec la loi du 22 Prairial, la procédure d’accusation et la sentence étaient accélérées. Il suffisait de voter soit la relaxe soit la peine de mort et, basta ! C’en était fini du condamné. Aussitôt, il montait sur l’échafaud. 
- Hier un membre du gouvernement s’en est isolé et a prononcé un discours en son nom particulier ; aujourd’hui, un autre fait la même chose… je demande que le rideau soit entièrement déchiré !
Alors, Billaud-Varenne bondit et enchaîna.
- Je m’étonne de voir Saint-Just à la tribune après ce qui s’est passé. Il avait promis aux deux Comités de leur soumettre son discours avant de le lire à la Convention et même de le supprimer s’il leur semblait dangereux.
Alors que Le Bas, l’ami d’Antoine, tentait à son tour d’intervenir, on ne lui permit pas de prendre la parole. Collot d’Herbois qui présidait la séance s’y opposait, faisant s’exprimer tous les députés hostiles à Robespierre. Excédé, à bout, ce dernier jeta un instant :
- Président d’assassins, je demande la parole.
Le brouhaha général dura cinq longues heures. Toujours immobile à la tribune, transformé en statue de la fierté mais comprenant surtout qu’il n’y avait plus rien à tenter, Saint-Just s’était enfermé dans le silence. Rien ne sortait de cette confusion lorsque, enfin, un obscur Conventionnel, député de l’Aveyron, siégeant à la Montagne, Louchet, lança :
- Je demande le décret d’accusation contre Robespierre.
Après un moment de stupéfaction, la Convention le vota. Puis ce furent Couthon et Saint-Just qui furent à leur tour décrétés d’accusation. Il en alla de même pour le frère cadet de Maximilien, Augustin, et Philippe Le Bas.
Plus pâle qu’à l’accoutumée, Robespierre dit amèrement :
- La République, elle est perdue car les brigands triomphent !
Ensuite, les cinq hommes furent conduits dans des prisons différentes. Les événements de cette nuit mouvementée des 9 et 10 Thermidor an II devaient s’enchaîner, conduits par la déesse de la Fatalité.

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9 Novembre 1938. La sinistre et célèbre Nuit de Cristal. 
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Les nazis brisaient les devantures et dévastaient les magasins juifs alors que les arrestations et les internements s’intensifiaient dans tout le pays. Tout cela en signe de représailles pour l’assassinat à Paris d’Ernst von Rat, conseiller d’ambassade allemand par le Juif polonais Herschel Grynspan. Puis, trente mille Israélites seraient déportés à Dachau, Buchenwald et Saschsen-Hausen. Evidemment, les autorités étaient entièrement partie prenante dans ces persécutions. Elles encouragèrent également le départ de nombreux coreligionnaires vers l’étranger, allant jusqu’à en expulser par milliers.
Pendant ce temps, aux Etats-Unis, Georges Athanocrassos invitait Otto von Möll à passer le week-end dans sa propriété privée sur les bords du Missouri, un bungalow préfabriqué, surélevé, peint en rouge, avec un garage pouvant accueillir quatre grosses cylindrées. Mitoyens au pavillon tape-à-l’œil, il y avait un court de tennis, un terrain de golf et un jardin à la pelouse magnifiquement entretenue.
Otto fut tout sourire avec Renate, paraissant avoir oublié l’affront qu’elle lui avait fait subir une décennie plus tôt. Le scientifique et avionneur avait eu le bon goût de ne point amener avec lui ses deux fils, les laissant aux bons soins de la nouvelle gouvernante, une certaine Dolores. Par contre, il cajola les trois enfants du couple, deux fillettes de neuf et six ans et un garçonnet de deux ans, allant même jusqu’à leur offrir des bonbons et des jouets.

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