dimanche 28 juin 2020

Un goût d'éternité 4e partie : Franz : 1943 (3).


13 Septembre 1993.
Michaël et Stephen regardaient sur l’écran de télévision la séance retransmise en direct de l’ONU
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 par la chaîne CNN. L’assemblée avait été réunie en session extraordinaire par le secrétaire général. Devant le spectacle assez violent ou cocasse donné par ces Homo Sapiens Politicus de la fin du XXe siècle, l’agent temporel ne put s’empêcher d’ironiser une nouvelle fois. 
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- Ah ! Que j’admire l’intelligence de vos contemporains, Stephen ! Ils se tirent par la cravate, s’insultent, se battent, se donnent en spectacle… quelle dignité dans tout cela… quelle édification pour vos enfants ! Vous appelez ces gens-là des êtres civilisés ? Allons donc ! Ne me faites pas rire… prendre…comment dit-on déjà… ah oui… des vessies pour des lanternes. Oui, l’Homo Sapiens ne peut nier son origine animale… je croirais assister à une querelle entre six groupes de chimpanzés au moins… tous plus coléreux les uns que les autres… Il n’y a pas de quoi en être fier.
Vexé, le professeur américain répliqua tout en finissant son pot de pop-corn :
-Ouais… mais c’est toutefois grâce à l’Homo Sapiens que l’Homo Spiritus a fini par voir le jour…CQFD… sans nous, vous seriez encore dans les choux, Michaël !
- Hum… ça va… je n’insiste pas… j’aurais toujours tort à vos yeux…
- Heureusement qu’Aliette est allée faire un tour dans un centre commercial avec Cynthia et Inge… la pauvre petite va se fringuer de neuf avec mon flouze…
-Euh… Vous auriez sans doute voulu que je participe aux frais ?
- Pas qu’un peu ! Dois-je vous rappeler que, maintenant, je dois nourrir deux personnes supplémentaires ? Enfin, quand je dis nourrir pour vous… Mes factures d’électricité crèvent le plafond !
- Vous voulez donc que je vous… rembourse ?
- Un geste de votre part, ce ne serait pas de refus…
- Tenez…
- Qu’est-ce que c’est ?
- Des dollars… en argent… authentiques… dix devraient suffire, non ?
- Montrez… Devil ! Ils datent de 1872… d’où sortent-ils ?
- Eh bien, de la Monnaie américaine…
- Mais… ça vaut un paquet, ça !
- Je pense… selon le cours actuel, vous êtes riche, Stephen.
- Vous les avez volés ?
- Hum… disons empruntés.
- Vous feriez un fameux cambrioleur, mon vieux.
- Vous les acceptez ?
- Je ne serais pas inquiété ?
- Non… Ils sont en ma possession depuis… deux minutes, mais ils proviennent bien de l’an 1872…
- Oui, bon… je ne crache pas dessus.
Sur ce, haussant les épaules, Stephen Möll se préoccupa du contenu de son bol de pop-corn, laissant Michaël ouvrir la porte d’entrée de son pavillon. Aliette, Inge et Cynthia étaient de retour de leurs petites emplettes. Elles avaient acheté trois jeans, cinq T-Shirt, autant de sweat-shirt, deux pulls, deux écharpes, trois paires de chaussures, une robe, trois jupes et ainsi de suite. Bref, de quoi mettre largement à plat le compte bancaire du professeur !

*****

14 Octobre 1993, 52 minutes et 23 secondes avant le déclenchement officiel de la Troisième Guerre mondiale.
Stephen vit apparaître avec horreur un Michaël dans un état de détresse absolu. L’agent temporel était soutenu par une sorte de spectre bleuté. Alors, que terrifié, le professeur reculait, ledit fantôme lui transmit télépathiquement son identité.
- S3, pour vous servir, professeur Möll.
Puis le 3ème Sage expliqua à l’aide d’une succession d’images mentales ce qui était arrivé à son hôte, tout en lui recommandant de le soigner d’une manière tout à fait inhabituelle.
- Comment ? Bégaya l’Américain.
- Plongez-le au cœur d’un réacteur atomique.
- Sans rire ?
- Je suis extrêmement sérieux, jeune homme…
- Oui… évidemment…
- Ou alors, mettez-le dans une cuve de régénération. Il y en a dans votre Institut…
- Euh… ma foi…
- Bon… vous avez moins de quarante minutes, professeur.
Sans que Stephen eût le temps de répliquer, S3 avait déjà disparu pour retourner à son époque, l’an 40 120.

*****

15 Février 1943.
Ce jour-là, le gouvernement de Vichy créait le Service du travail obligatoire, le STO en abrégé, destiné aux classes 1940, 1941 et 1942. Tout naturellement, les jeunes Français allaient essayer d’y réchapper et beaucoup n’allaient avoir d’autre ressource que de se cacher dans le maquis, grossissant ainsi les rangs de la Résistance. 
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Ainsi, le maire de Sainte-Marie-Les-Monts vit se gonfler les rangs de son réseau avec la plus grande satisfaction. Antoine Fargeau fut nommé instructeur de ces bleus. Après tout, n’était-il pas le technicien et le poseur de bombes attitré du groupe ? Mais, hélas pour Gaspard Fontane, les SS renforcèrent leur chasse aux terroristes.
Début avril, sur le front russe, quelque part entre Dniepr et Donetz, une dépêche signée par le Reichsführer Himmler en personne tombait sur le bureau du quartier général des SS. Gustav Zimmermann était désormais affecté en Normandie avec un dénommé Ludwig Hans. Il s’agissait là d’une mutation promotionnelle. En effet, Zimmermann était confirmé au grade de Standartenführer. Il aurait pour tâche redoutable d’éliminer les résistants de la région. Son poste à Caen ne serait donc pas de tout repos. Ce fanatique se voyait ainsi récompensé pour ses efforts à maintenir l’ordre et ce, quels qu’en fussent les moyens… par rapport à l’URSS, la Normandie c’était la planque assurée, le confort, la bonne bouffe et les parties fines.
L’arrivée de Zimmermann inquiéta Gaspard Fontane et son fils. Les deux hommes avaient appris par Londres la sale réputation de cet assassin, de ce monstre tueur d’enfants et de civils. La lutte entre les deux camps s’annonçait âpre, cruelle, sans concession ni pause.
Entre les 19 et 27 mai, l’ex-préfet Jean Moulin, mettant à exécution les instructions données par le général de Gaulle, après de longs mois d’un difficile et dangereux labeur, mettait enfin sur pied le Conseil National de la Résistance, qui regroupait tous les mouvements intérieurs des deux zones, mais aussi les représentants des partis et des syndicats opposés au régime de Vichy.
Au cours de la première séance du CNR présidée par Jean Moulin, de Gaulle fut nommé chef politique de la résistance et le général Giraud commandant en chef de l’armée. 
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Mais, livré aux Allemands à la suite d’une odieuse trahison, Jean Moulin serait arrêté à Caluire le 21 Juin. Ce héros ne parlerait pas sous la torture. Déporté, il mourait dans le train le transférant dans un camp de concentration.
Quelques semaines plus tard, les Alliés débarquaient en Sicile. Déjà, nous étions le 10 juillet 1943. Or, à la fin de ce même mois, le dictateur italien, Mussolini, était mis en minorité par le Grand Conseil fasciste. Renvoyé, son arrestation fut ordonnée par le roi Victor-Emmanuel III. Le Duce fut ensuite remplacé par le maréchal Badoglio.
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Pendant ce temps, vers le milieu de juillet, avait lieu la plus grande bataille de chars de tous les temps à Koursk en URSS. Plus de trois mille tanks s’affrontaient. Un certain Nicolaï Diubinov, jeune lieutenant, y prit part et se couvrit de gloire. Agé de vingt-quatre ans, il allait conserver un souvenir ému de ce fait d’armes et saurait tirer profit, plus tard, de sa présence lors de cette victoire soviétique.  

*****

20 Août 1943. Québec.
Churchill et Roosevelt se rencontraient et mettaient au point le plan Overlord pour le printemps de l’année suivante. 15 heures 30 venaient de sonner à la petite pendulette.il était temps pour le Président américain de recevoir les banquiers Athanocrassos et Rosenberg. Le plus âgé des financiers, après avoir salué le Président, fit part à ce dernier de l’accord intervenu entre tous ses confrères.
- Monsieur le Président, nous sommes prêts, et ce nous signifie toutes les banques du pays mais aussi celles du monde libre, à vous aider financièrement à abattre le nazisme ainsi que toutes les forces de l’Axe. Ne doutez pas de la largesse de nos subsides. Ainsi l’ensemble de vos chercheurs, techniciens et ingénieurs sera à même de mettre au point, de finaliser la construction de nouveaux bombardiers, d’avions à réaction et d’autres armes secrètes. J’ai ouï dire qu’il existait quelque part sur le territoire américain un groupe en train de s’atteler à la construction d’une arme redoutable, en fait de l’arme la plus redoutable jamais envisagée…
Franklin Delano Roosevelt se contenta d’opiner et de répondre assez vaguement.
- Monsieur Rosenberg, je vois que vous êtes assez bien informé. Je vous remercie chaleureusement pour votre aide. Le monde entier vous en sera reconnaissant.
- Monsieur le Président, reprit Joseph Rosenberg, si j’ai réussi à convaincre nombre de mes collègues, c’est parce que je leur ai décrit la tragique situation vécue par mes coreligionnaires en Europe occupée. Le bon droit et la justice doivent triompher. Nous espérons en être un de leurs leviers…
- Oui, avec l’aide de Dieu.
Ainsi donc Albert Einstein, Oppenheimer et consorts allaient bénéficier d’un crédit illimité. De son côté, Otto était déjà financé par Athanocrassos alors qu’il s’attelait à la construction de nouveaux modèles d’avions bombardiers.
A terme, la victoire mécanique des Etats-Unis ne faisait aucun doute pour ceux qui savaient y voir, et Georges anticipait déjà les mirifiques débouchés offerts à sa banque une fois l’Europe libérée. Mais ce n’était pas tout. L’héritier de Rosenberg songeait à implanter des filiales dans les colonies françaises et britanniques. Ainsi, l’Empire Athanocrassos avait déjà de solides fondations, fondations dont tirerait partie Johann van der Zelden quelques décennies plus tard.
Mais en 1943, la banque allemande des Rosenberg était sous le contrôle des nazis, prise en charge par un directeur entièrement à la solde du gouvernement hitlérien. Cependant, après le Deuxième Conflit mondial, Rosenberg et Athanocrassos remettraient la main sur la banque mère localisée à Ravensburg.
Le 26 août 1943, les armées alliées débarquaient dans le sud de l’Italie. Quelques jours plus tard, le 3 septembre plus précisément, un armistice était signé entre le maréchal Badoglio et les forces alliées.
Cependant, les Allemands contrôlaient toujours la plus grande partie de la péninsule. De plus, ils avaient remplacé les Italiens, jugés peu sûrs, dans les départements du Sud-Est de la France ainsi qu’en Yougoslavie.

*****

Pendant ce temps, à Berlin, chez les von Hauerstadt, l’atmosphère était plus qu’électrique. Le fils cadet, Peter, chose incroyable, venait d’obtenir une permission de quatre jours. Vite, il s’était empressé de rejoindre le domicile familial. Le jeune homme si aimable, si poli, si doux, avait bien changé. Les traits durcis, le regard mauvais, il n’était que colère rentrée, insultes et raideur. Il refusa que sa mère l’embrassât lorsqu’il fut accueilli par elle sur le seuil de l’appartement. Ce fut tout juste s’il accepta la poignée de main de son père avant que ce dernier ne se rendît chez son médecin. Lorsqu’il vit le chat Sonntag,
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 qui, curieux, était venu se frotter contre les jambes de la duchesse, il grommela et lança son pied en direction du félin. Heureusement, ce dernier parvint à esquiver le coup.
- Mais… Peter, fit Amélie, qu’est-ce qu’il te prend ? Sonntag est affectueux comme tout…
- Rien à foutre. C’est le chat de Franz. Alors, si tu pouvais me le servir en civet…
- Que dis-tu là, mon Dieu !
- Holà ! Arrête tes simagrées espèce de pétasse !
- Peter… Je ne t’autorise pas à me parler ainsi. Je suis ta mère… tu me dois le respect…
- Pff ! Le respect… mais tu rêves, la vieille…
- Si Karl t’entend, tu peux être certain qu’il va te jeter dehors…
- Ouais, c’est ça… j’en crois pas un mot… faudrait d’abord qu’il en ait un peu plus dans le falzar…
- Mais… que t’arrive-t-il, mon fils ?
- Rien… La porte est toujours ouverte pour mon cher frère, ce fumier, mais pas pour moi ? Hein, j’ai bien compris ?
- Peter… ce n’est pas ce que tu crois… Franz évite Karl… la plupart du temps, il est dans sa chambre en train de rêver ou de potasser des livres de physiques… tous les deux ne se parlent plus.
- A d’autres… à ce que je sache, mon saligaud d’aîné n’est toujours pas déshérité… quant à moi, je ne suis pas en odeur de sainteté… surtout auprès de toi, la traînée…
- Tu m’en veux ? Mais de quoi ?
- D’avoir toujours préféré ce faux-frère, cet hypocrite, à moi… toi et père m’avez laissé presque crever là-bas, dans cet enfer… et dans trois jours, faut que j’y retourne… tiens… la salope, tu veux voir mes blessures ?
Avant que la duchesse n’eût eu le temps de protester, sans pudeur Peter retira sa chemise et montra à sa génitrice la terrible blessure qui marquait d’une profonde cicatrice son épaule droite. Il y manquait un morceau de chair.
- Alors, la greluche, ça t’en bouche un coin…
- Peter, je ne savais pas… je te le jure…
- Ah oui ? Mais tu me prends pour le dernier des cons ! Et les lettres que je vous ai envoyés, que sont-elles devenues ? A la poubelle ? Parce qu’elles n’avaient pas été écrites par ce connard de Franz… pardon… je veux dire… François.
- Peter…Tu te trompes… ce sont justement les lettres de ton aîné qui ont fini aux ordures… sauf la dernière… qui nous prévenait de sa venue… mais comme elle émanait de l’OKW, Karl ne l’a pas détruite.
- Bravo ! Un nouveau bobard… la mère, tu ne manques pas d’imagination dans ta petite tête de piaf…
- Peter, ton père a été mis en demeure de recevoir ton frère…
- Quel foutu mensonge, la vieille… bon… ça veut dire que Franz est ici, alors ?
- Euh… il est sorti… pour une des rares fois où il met le nez dehors… il s’est rendu à la bibliothèque emprunter des revues et des livres… des recueils de poèmes d’après ce qu’il m’a dit…
- Des poèmes… toujours à côté de la plaque… toujours dans son rêve merveilleux où tout n’est que luxe, calme et volupté, c’est cela… ridicule… bon… Ce n’est pas tout, mais j’ai la dalle, la mère. Qu’y-a-t-il à se mettre dans l’estomac ?
- Pas grand-chose… le rationnement…
- Hum… mais encore…
- Des pommes de terre en robe des champs… des fèves et un peu de porc…
- La viande, c’est pour moi. Comme boisson ?
- Il n’y a pas d’alcool ici. Le médecin l’a interdit à ton père… et Franz ne boit pas non plus. Il suit un régime strict à vrai dire…
- Pas de schnaps ? Pas de bière ? Eh, j’ai pas signé pour faire carême, moi… débrouille-toi pour me trouver de quoi réchauffer mon ventre sinon… gare…
- Tu oserais lever la main sur moi, ta mère ?
- Tiens… comme si le fait d’avoir un jour écarté les cuisses pour te trouver en cloques de moi avait été un exploit, la daronne…
- Peter, va dans ta chambre… je ne vais pas dire à ton père que tu n’as fait que m’insulter pendant une heure… ce soir, je te demanderai de faire attention…
- J’crains personne, traînée… personne…
- Mais tu ne veux pas te retrouver à dormir sous les ponts cette nuit, non ?
- Tant que je sais où se trouve le bordel, cela me va, la mère…
Sans rajouter quoi que ce soit, Peter, en sifflotant une chanson leste, emprunta le corridor et choisit sa chambre…celle-ci faisait face à celle de son frère… la soirée promettait d’être mémorable…
Deux ans de guerre avaient détruit Peter. Il était devenu haineux, mauvais, pourri jusqu’à la moelle. A force de fréquenter la lie de la société, les laissés pour compte, les dépravés, cela avait fini par déteindre sur lui… plus souvent qu’à son tour, il s’enivrait, avalant sans la moindre hésitation un litre de schnaps, ou bien, il fumait comme un pompier deux à trois paquets de cigarettes dans la journée, se saoulait aussi avec du laudanum, se piquait avec de la morphine lorsque quelques flacons lui tombaient sous la main… bref, il brûlait la vie par les deux bouts, ne voulant plus se rappeler les atrocités qu’il avait dues commettre là-bas, sur le front russe. Combien de types avait-il descendus ? Combien de civils enterrés ? Combien de femmes violées, égorgées et dépecées avec sadisme ? Toutes ces horreurs perpétrées d’abord la honte et le dégoût au ventre, ensuite sous l’emprise de l’alcool et de stupéfiants… mais tous ces excitants étaient devenus inutiles à la longue… Peter s’était habitué à tous ces forfaits, ses nerfs endormis, son esprit vérolé par la violence ambiante. L’anormalité sauvage était devenue chez lui la normalité, la drogue dont il avait besoin pour continuer à respirer, à vivre… sinon, il se serait effondré…
Bien sûr ni Amélie ni Karl ne pouvaient comprendre cette terrible et fatale évolution… seul Franz, peut-être…
Une heure avant le dîner, Peter était déjà plus que parti non parce qu’il avait bu mais parce qu’il s’était piqué. Sous les effets nocifs de la morphine, il se sentait un dieu… alors, il ne fallait surtout pas lui chercher des poux…

*****

samedi 6 juin 2020

Un goût d'éternité 4e partie : Franz : 1943 (2).


8 Février 1943.
Les Japonais évacuaient Guadalcanal. 
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Mais à Norfolk, le 12 février, avait lieu une entrevue entre deux hommes plus ou moins importants pour le futur déroulement du conflit mondial en cours.
Dans une pièce banalisée, sans chichi, d’un appartement assez ordinaire où le chercheur Albert Einstein était logé, Otto von Möll évoquait avec l’être qu’il admirait le plus sur la terre le fameux projet Manhattan, autrement dit la mise au point de la bombe atomique. 
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Albert et Otto craignaient par-dessus tout que les Allemands devançassent les Alliés dans la recherche de cette arme effroyable. Ils en mesuraient également toutes les conséquences et ce, quel que soit le camp qui posséderait enfin la bombe. 
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Or, en ce mois de février, les Américains se heurtaient à des problèmes pour l’heure insolubles : la fission nucléaire refusait de se faire, malgré les efforts du savant atomiste Leo Szilard. 
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Otto et Albert discutaient donc dans un anglais mâtiné d’expressions germaniques. La guerre en son entier, sur tous les champs de batailles était également abordée.
- Cette fois-ci, il faut en convenir sans se montrer toutefois par trop optimistes, disait l’avionneur. Les Japonais viennent de subir le revers que nous attendions depuis des mois. Grâce à la victoire des troupes américaines, de nos troupes à Guadalcanal, l’Empire nippon sera désormais acculé, contraint à la défensive et, à terme, de reculer.
- Oui, tout à fait, Otto, murmura l’illustre physicien. Mais c’est terrible d’en venir là. Combien d’hommes sont-ils tombés dans cette absurde boucherie ? Combien mourront encore ?
- Je sais. Mais l’Histoire dira que c’est à Guadalcanal que l’Empereur Hiro Hito commença à perdre la guerre du Pacifique. Au fait, j’y ai un ami là-bas, un ami de longue date, qui combat les Japonais. Dieu fasse qu’il s’en soit sorti sain et sauf de cette bataille ! Quant aux nazis, c’est pour eux la débandade en Union soviétique. Stalingrad est tombée le 2 février et la chute de cette ville ô combien symbolique a sonné le glas des rêves hitlériens démesurés.
- Triste victoire en vérité ! Japon et Allemagne ne seront mis à genoux que lorsque les troupes alliées les auront envahis et écrasés sur leur propre territoire. Or, pour parvenir à ce but, mettre fin à cette guerre, nous n’avons plus le choix. Nous devons tout mettre en œuvre pour que nous soyons les premiers à mettre au point la bombe atomique… 
 
- Est-ce à dire que nous devrons l’utiliser ? S’inquiéta Otto avec effroi.
- Non… Nous en ferons une démonstration dans quelque coin reculé du globe. Nous aurons invité les journalistes du monde entier à assister à cette explosion et ces témoins impartiaux rendront compte en toute objectivité de ce qu’ils auront vu. Ainsi, ils dissuaderont nos ennemis actuels de poursuivre cette maudite guerre. En détruisant l’humanité.
- Vous m’en voyez tout à fait soulagé, Albert. La bombe A ne doit être qu’un simple moyen de dissuasion.
- Certes, mais Hitler a des scientifiques de valeur… si ces derniers parviennent à s’approvisionner en eau lourde…
- Dans ce cas, les Américains, aidés ou encadrés par nos ex-compatriotes, nous les transfuges allemands, ne doivent plus ménager leurs efforts dans cette course. Ne sommes-nous pas en cet instant le fer de lance de la Civilisation ?
- La Civilisation ? Mon Dieu, mais de quelle civilisation s’agit-il ? Celle des dieux Thor et Wotan ? Les destructions massives entraînées par la bombe, les imaginez-vous, mon cher ? Des milliers de morts en quelques instants…
- Hélas !
- Je veux croire dans le Président Roosevelt.
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 Il a dit et redit que jamais la bombe ne sera employée contre des êtres humains. Alors, espérons en la peur que provoquera cette arme.
- Cher ami, vous allez sans doute me prendre pour un fou lorsque je vous aurai révélé le fond de ma pensée… la meilleure solution pour en finir avec Hitler, avec les forces de l’Axe, aurait été en fait d’empêcher le dictateur de provoquer la guerre…
- Prévenir plutôt que guérir ?
- En quelque sorte.
- Hum… Donc l’éliminer avant qu’il ne devienne trop dangereux, trop puissant… mais les démocraties occidentales ont prouvé leur impéritie lors de la décennie précédente… ou alors… c’est dément ce que je vais proférer… Hitler n’aurait jamais dû accéder au pouvoir en 1933… cela signifie refaire l’Histoire…
- Oui, Albert…
- Mais comment parvenir à un tel résultat ? En voyageant dans le passé, dans le Temps ? C’est à cela que vous pensez, Otto ?
- Exactement.
- Permettez-moi de vous rappeler que le voyage dans le Temps est théoriquement tout à fait impossible, même s’il paraît envisageable pour qui ne maîtrise pas les défis imposés par les lois de la physique… tout d’abord, il faudrait dépasser la vitesse de la Lumière, qui, vous le savez tout comme moi, est de l’ordre de près de 300 000 kilomètres par seconde… or, cette vitesse demeure constante… mais… Bon… imaginons un cosmonaute… 
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- Continuez, Albert, je vous suis très bien. J’aime assez le mot que vous venez de forger, ce néologisme… je voudrais qu’il ait de l’avenir.
- Le problème est essentiellement lié à la relativité. Le Temps ! Barrière que j’ai essayée de franchir, en vain… ou d’abolir… j’ai pensé aux champs magnétiques… eux seuls auraient pu le vaincre… La seule force assez puissante pour en venir à bout… mais en fait, quelle est véritablement la nature du Temps ? Ce Temps qui ne s’écoule pas à la même vitesse pour un voyageur du cosmos libéré de toute influence terrestre alors que la vitesse de la Lumière, elle, est constante comme je viens déjà de le dire…Quel paradoxe !
- Vos propos sont fascinants, reprit Otto, des plus attentifs.
- Si, un jour, sans doute assez proche, nous parvenons à voguer dans l’espace intersidéral, nous serons alors à même de constater que la Loi de la relativité que j’ai formulée jadis est exacte… ainsi, quand un cosmonaute reviendra à son point de départ, il aura vieilli moins vite que les hommes restés sur terre. Un voyage qui, pour lui, aurait duré deux ans, aurait, en fait duré plus de deux mille ans pour un observateur terrestre, bien sûr, si la vitesse de déplacement du véhicule spatial aurait été suffisante… 
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- De plus en plus passionnant, mon cher ami.
- Je n’ai pas achevé ma démonstration, Otto. Maintenant, prenons le cas le plus élémentaire… le plus à notre portée, ce me semble… une horloge, dans un système en mouvement, ralentit par rapport aux horloges placées à l’extérieur de notre terre et de son environnement immédiat. Les mésons µ, qui, dans un système au repos ont une durée de vie de deux µ leur permettant de parcourir au maximum six cents mètres, peuvent atteindre notre planète lorsqu’ils ont été produits à une altitude de dix kilomètres…
- Je vous suis fort bien. Tout ce que vous dites est d’une clarté éblouissante.
- Donc, Temps et Espace sont intrinsèquement liés. Nous évoluons dans un espace-temps donné.
- Le monde a bel et bien quatre dimensions. Tous les humains n’en ont pas encore pris conscience. Reste à savoir comment maîtriser cet espace-temps.
- Il doit y avoir un moyen. J’en suis persuadé. Je n’ai pas réussi à le trouver car je ne suis pas parvenu à identifier la nature réelle de ce Temps… Son mystère.
- Sans doute parce que le Temps n’est pas du tout ce que l’on pense généralement. Autrement dit, un courant qui coule sans cesse, dans le même sens, du passé vers le futur. Dans la physique quantique, le temps n’existe pas…
- Vous voulez sans doute me fâcher, là, Otto ? Sourit Albert.
- Pas du tout. Ce n’est pas dans mes intentions. Mais revenons à ce courant… on pourrait le remonter comme on remonte le cours d’un fleuve… le tout est de trouver la technologie appropriée… peut-être sauter comme ces poissons remontant le torrent afin de rejoindre le ruisseau qui les a vus naître…
- Sauter… pourquoi pas… mais cela ne résoudrait rien…
- Pour l’instant… quant à cette barrière de la vitesse de la Lumière que nous croyons être infranchissable… Un vaisseau qui la frôlerait, mieux, la dépasserait, brûlerait assurément sa propre énergie. Il ne serait plus alors matière mais… énergie…
- C’est tout à fait cela.
- Il est temps pour moi de vous raconter quelque chose… des événements dont j’ai été témoin. Pas l’unique témoin cependant. Il s’agit là d’un secret de famille, le secret des von Möll.
- Vous m’intriguez grandement, Otto. Je suis tout ouïes.
- Lorsque j’étais encore adolescent, je vivais à Ravensburg, dans la propriété de mon grand-père Rodolphe von Möll… le château familial reçut un jour la visite d’un jeune cousin d’origine et de nationalité américaine. Ce cousin se prénommait Stephen et vivait, selon ses dires, en Californie…
- Stephen… portait-il le même patronyme que le vôtre ? 
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- Oui, mais pas tout à fait… Stephen Möll… il ne faisait pas usage de la particule… tout comme moi… or, je viens de l’abandonner il y a peu. Mais la suite est encore plus… formidable… ledit Stephen a prolongé son séjour parmi nous de longues années. C’était à la veille de la Première Guerre mondiale.
- Ensuite ?
- Hem… plus tard, j’ai effectué des recherches généalogiques quant à l’existence de la branche éventuelle de la famille qui se serait expatriée aux Etats-Unis au XIXe ou au début du XXe siècle.
- Bien entendu, vous n’avez rien trouvé…
- Effectivement, aucun von Möll ne s’était établi aux States avant moi… autre détail troublant… Stephen, mon cousin, ressemblait suffisamment à mon grand-père Rodolphe pour lui être apparenté. Un lien de famille proche… Non pas une ascendance…
- Mais… une descendance ?
- Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, oui !
- Qui était ce mystérieux individu, Otto ? Le savez-vous désormais ?
- Je ne l’ai jamais su… mais j’hypothèque qu’un jour je l’apprendrai. J’en ai l’intime conviction en tout cas. Ceci dit, mon grand-père lui, était au courant, forcément. Sinon, il n’aurait jamais accepté la présence de Stephen Möll chez nous.
- Alors…
- Alors, je me mis à étudier mon parent, à l’observer… Il avait un comportement et un langage étranges parfois… bien sûr, il s’exprimait en anglais et non en allemand dont il ne connaissait que quelques mots… mais son anglais américain était… pollué par des expressions argotiques d’une vulgarité… gênante…
- Ensuite ?
- Avec les années, son étrangeté a fini par m’obséder… comme presque tous les adolescents de ma génération, j’avais lu La Machine à explorer le Temps de H. G. Wells…
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 une histoire absurde apparemment… mais… peut-être l’est-elle moins en réalité… bref, j’ai fini par conclure, une conclusion non étayée scientifiquement, que ce Stephen Möll venait de l’avenir. Il avait une façon bien à lui de rire sur ces objets qui suscitaient notre admiration… Tenez… un jour, il nous a demandé comme ça, au cours d’une conversation dont je ne me rappelle plus la teneur, si nous n’avions pas la… radio… puis il a rectifié le tir en disant TSF…
- En quelle année a eu lieu cette scène ?
- En 1910 ! Il se moquait sans cesse de nos gramophones
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 en disant que le son qui en sortait était aigrelet et que le pavillon déformait les voix. Quant à nos appareils photos, il les trouvait lourds et encombrants, peu pratiques. Il désirait voir des photographies en couleurs et non de ces chromos horribles… Vous voyez le genre…
- C’est tout à fait incroyable ce que vous me révélez là, Otto. Mais prodigieusement intéressant… ainsi, ma théorie sur la barrière constituée par la vitesse de la Lumière serait fausse ?
- Je pense que cela dépend de nombreux facteurs qui nous échappent encore, Albert. Mon cousin Stephen n’était pas venu seul… il était accompagné d’un ami prénommé Michaël… un personnage des plus bizarres. Un jeune homme châtain dont, parfois, les cheveux tiraient vers le blond, aux yeux d’un bleu gris qui avaient l’art de vous scruter et de deviner tous vos secrets… un doux rêveur la plupart du temps… il avait l’air de venir d’ailleurs, mais vraiment de totalement ailleurs. Ainsi, il lui arrivait d’oublier de manger… ou encore, il exécutait des tours de prestidigitation époustouflants… Une seconde, il n’avait rien dans les mains. Et puis, tout à coup, il vous sortait un magnifique bouquet de tulipes ou de roses… ou encore il faisait apparaître des pierres précieuses, des bagues, des bibelots qui, à l’en croire, provenaient d’Ispahan, de Samarkand, de Babylone et ainsi de suite… je me souviens… j’avais réussi à me procurer votre thèse sur la relativité restreinte… je la lisais en tentant d’y comprendre quelque chose.
- Quel âge aviez-vous alors ?
- Douze-treize ans, pas davantage… mon grand-père, qui se piquait de recherches avait acheté cet ouvrage qui trônait sur une étagère dans son laboratoire. Donc, j’étais plongé dans un passage particulièrement ardu, allongé sur le ventre sur le tapis de ma chambre… j’avais beau être précoce, mais là, je me heurtais à un mur tout à fait incompréhensible… alors, tandis que j’étais sur le point de me décourager, Michaël s’est pointé dans la pièce comme s’il savait ce qui était en train de se passer. Il s’est saisi des feuilles de votre thèse, les a lues en deux secondes tout au plus, et, moins d’une minute après, devant le tableau noir, il m’en expliquait le principe essentiel. J’étais encore enfant à l’époque mais je reconnais que c’est grâce à ce jeune homme que j’ai assimilé votre théorie et ce, en moins d’une heure… Michaël avait l’art de rendre intelligent l’être le plus obtus qui soit. Il obligeait n’importe qui à sortir de sa coquille. Ma tante Magda notamment… la mère de ma cousine Johanna… mais je préfère ne pas m’appesantir sur elles deux…
- Compris…
- Lorsque Michaël eut achevé sa démonstration, il se mit à esquisser un sourire et me lança avec ironie que votre théorie était incomplète… Inachevée donc… mais pas seulement. Selon lui, il ne s’agissait que d’une ébauche… toujours d’après ses dires, la suite du raisonnement qui manquait encore pouvait fausser totalement les conclusions que les scientifiques tiraient de votre ouvrage en cette veille de la Première Guerre mondiale. Plus tard, lorsque vous avez émis les principes de la relativité générale, j’ai pensé que vous étiez enfin parvenu au raisonnement final…
- Mais il n’en était rien.
- Oui… vous le reconnaissez vous-même.
- Avec le plus grand regret.
- Pour l’heure, vu nos moyens techniques, nos connaissances actuelles, nous sommes incapables d’accéder à la véritable finalité de votre théorie…
- Ce Michaël viendrait-il d’un futur encore plus lointain que votre pseudo-cousin ?
- Je le crois.
- C’est renversant ! Je pense souvent à reprendre mes recherches dans le domaine de l’électromagnétisme, voyez-vous. Tenez, je ne vous apprends rien en vous disant que nos amis américains sont en train de mettre au point un calculateur électronique, un computeur… oui, je vais me pencher encore sur mes équations… mais une simple opération me prend six mois pour la résoudre…
- Alors, nous n’avons plus à espérer que ces calculateurs soient rapidement fonctionnels et nous aident dans notre recherche théorique…

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1960.
Edgar Pierre Jacobs,
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 dessinateur de la série Blake et Mortimer,
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 était en train d’imaginer le modèle, idéal selon lui, d’une machine à explorer le temps, un engin qu’il baptisait chronoscaphe. S’appuyant sur des expériences astronautiques modernes, il dessinait ce qu’il déclarerait être une cellule plus conforme aux normes d’un engin franchissant le gouffre du temps à la vitesse de la lumière. 
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Ainsi, le véhicule spatio-temporel devait pouvoir rouler, culbuter, être conçu pour supporter les chocs. Le chronoscaphe serait donc de forme sphérique et cette forme lui conférerait des garanties sérieuses de sécurité. Son occupant serait à l’abri… d’autant plus que l’appareil résisterait aux pressions extérieures. Dans les anneaux qui cerclaient la capsule centrale, étaient noyés les circuits dans lesquels circule l’énergie nécessaire au fonctionnement dudit chronoscaphe, déclarerait le dessinateur lors d’une interview.
L’engin temporel ressemblait à un atome… forme parfaitement aboutie…
Cependant, Edgar Pierre Jacobs concevait cette aventure Le piège diabolique davantage comme l’extrapolation romancée de l’expression C’était le bon temps que comme la réalisation d’un engin basé sur la théorie d’Albert Einstein ainsi que le reconnut l’auteur lui-même quelques années plus tard.

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